COVID-19

Voir la crise comme une occasion

WhatsApp, Instagram, Uber, Slack, Square et Airbnb. Autant d’entreprises mises au monde pendant la dernière grande crise, il y a une dizaine d’années. Exactement le type d’entreprises que Robert Frances essaie de repérer ces temps-ci pour y investir.

Robert Frances est le fondateur et grand patron du Groupe financier PEAK, entreprise montréalaise qui se présente comme le premier courtier indépendant au pays avec 11 milliards d’actifs sous administration, 1500 conseillers et plus de 150 000 clients-investisseurs.

Par l’entremise de PEAK Capital Partners, maison-mère du Groupe financier PEAK, l’entrepreneur montréalais et ange financier de 55 ans a récemment investi dans les jeunes pousses québécoises Diagram et LANDR. Il aimerait investir dans d’autres entreprises émergentes.

« La crise actuelle est l’occasion de regarder ce qui s’est passé depuis deux, trois ans pour faire la passerelle vers ce qui va se passer », dit celui qui a fondé le Groupe financier PEAK il y a une trentaine d’années.

« Il y a des phénomènes de transformation de notre économie qui n’ont pas été causés par la COVID-19, mais qui seront accélérés par la crise. »

Robert Frances donne en exemple le commerce de détail, secteur qui a eu sa part de difficultés dans les dernières années. Son attention se porte vers des industries qui ont « commencé à décoller ». « Tout ce qui est lié aux services de livraison, à l’intelligence artificielle, aux technologies et au secteur pharmaceutique. On verra une continuation pour permettre la création d’une grande occasion », dit-il.

ll garde aussi un œil sur le divertissement en ligne, l’enseignement à distance et ce qu’il appelle « l’industrie de la retraite et tout ce qui touche les aînés ». « C’est quelque chose qui va continuer de prendre de l’ampleur. Ça va s’accélérer. »

Leçons d’histoire

Robert Frances insiste sur des éléments d’histoire pour justifier sa vision des choses.

« Lorsqu’on regarde les grandes guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, ainsi que la crise financière de 2007-2010, ces périodes se sont aussi avérées des occasions. »

— Robert Frances

Le fait qu’on traverse actuellement une crise nous empêche peut-être de bien nous rendre compte de ce qui se passe, croit-il. « Regardons la création de richesse qui a suivi au sortir de la dernière crise, il y a 12 ans. WhatsApp, Instagram, Uber, Slack, Square et Airbnb ont toutes été mises au monde pendant la crise financière de 2007 à 2010. »

Selon lui, les entreprises qui réussissent à se transformer pour profiter de ce qui se passe dans le moment sortiront gagnantes. « Le commerce en ligne et la cybersécurité sont des occasions à saisir pour les entreprises. C’est ça, la beauté d’une crise, qu’on ne voit pas toujours quand on est plongé dedans. »

Il faut suivre de près les entreprises qui procèdent à des ajustements, dit-il. Un bon exemple, selon lui, est Airbnb. « Cette entreprise doit relever de gros défis en ce moment, car les gens ne vont pas louer des condos ou des appartements. Airbnb effectue un pivot pour tenter d’offrir des expériences aux personnes. On peut aujourd’hui avoir un chef de renom pour donner un cours de cuisine. Est-ce que ça va fonctionner ? On verra. »

Le résidant de Mont-Royal se souvient qu’à ses débuts dans le secteur financier, au tournant des années 90, l’économie canadienne traversait une récession. « J’avais 25 ans. Je ne me rendais pas compte de l’ampleur de la récession. En rétrospective, des occasions énormes ont été créées durant cette récession. Et je regarde toutes les crises de la même façon depuis : il faut en profiter quand elles surviennent afin de s’assurer qu’on regarde les aspects positifs de ce qui se passe. C’est ce qu’on a fait en 1992 au moment de fonder PEAK. »

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