Vaccin Pfizer et BioNTech

Le Canada recevra 249 000 doses dès la semaine prochaine

Ottawa — Le Canada obtiendra une première livraison de quelque 249 000 doses du vaccin produit par Pfizer et BioNTech à partir de la semaine prochaine, ouvrant ainsi immédiatement la voie à une campagne de vaccination auprès des personnes les plus à risque à l’échelle du pays, a annoncé lundi le premier ministre Justin Trudeau.

Le vaccin en question doit être approuvé cette semaine par Santé Canada et par la Food and Drug Administration aux États-Unis. Les doses à venir seront distribuées aux provinces au prorata de leur population, a précisé le premier ministre.

Au Québec, la vaccination contre la COVID-19 commencera dès le lundi 14 décembre. Les résidants de CHSLD de Montréal et de Québec seront les premières personnes à recevoir des doses, a précisé le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé. Il a indiqué que quatre boîtes du vaccin – ce qui représente 4000 doses – sont attendues la semaine prochaine.

Le lancement de la campagne de vaccination est certes conditionnel à l’homologation des produits par Santé Canada. « Le Québec est prêt à vacciner dès que l’on recevra la première dose », assure M. Dubé.

Entre le 21 décembre et le 4 janvier, 57 boîtes de vaccins de plus seront reçues, selon M. Dubé. De 22 000 à 28 000 personnes supplémentaires pourront donc être vaccinées.

Une vingtaine de sites de vaccination ont été déterminés pour l’ensemble des régions du Québec. Il y en aura quatre à Montréal et deux en Montérégie.

Groupes prioritaires de vaccination

Voici l’ordre retenu par Québec, qui estime qu’il pourra vacciner 650 000 personnes au cours des trois premiers mois de 2021.

Rang 1  Résidants en CHSLD (40 000 personnes)

Rang 2  Travailleurs de la santé, en contact direct avec les patients (325 000 personnes)

Rang 3  Personnes vivant en résidence privée pour aînés (136 000 personnes)

Rang 4 Résidants des communautés isolées et éloignées (dont les communautés autochtones), mais aussi où les services de soins sont limités (46 000 personnes)

Rang 5 Personnes de 80 ans et plus (418 000 personnes)

Rang 6 Personnes âgées de 70 à 79 ans (778 000 personnes)

Rang 7 Personnes âgées de 60 à 69 ans (1 158 000 personnes)

Rang 8 Personnes adultes âgées de moins de 60 ans avec facteur de risque (1 027 000 personnes)

Rang 9 Travailleurs essentiels de moins de 60 ans (ND)

Rang 10 Reste de la population adulte âgée de moins de 60 ans (3,4 millions de personnes)

Rang 11  Jeunes

Rang 12 Femmes enceintes

Également lundi, la société Moderna a fait savoir qu’elle pourrait livrer les premières doses de son vaccin au Canada d’ici la fin de décembre s’il est également homologué par Santé Canada au cours des prochains jours.

Dans le cas de ces deux vaccins, une personne doit en recevoir deux doses pour qu’ils soient efficaces. Entre 21 et 28 jours doivent s’écouler entre celles-ci. Cinq autres types de vaccins pourraient arriver au pays dès le deuxième trimestre de 2021.

En tout, le Canada a acheté 76 millions de doses du vaccin de Pfizer et BioNTech tandis qu’il a sécurisé 40 millions de doses du vaccin de Moderna. Les premières études révèlent des taux d’efficacité de 95 % et 94 % respectivement.

Selon le ministre Christian Dubé, Québec devrait recevoir 1,3 million de doses de vaccins de Pfizer et de Moderna dans les trois premiers mois de 2021. « On pourrait vacciner à peu près 650 000 personnes », a-t-il noté.

« Un développement positif »

En conférence de presse à Ottawa, lundi, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que tout vaccin approuvé au Canada « sera sûr et sécuritaire ».

« Cette nouvelle signifie que nous pourrons prendre de l’avance dans notre plan de vaccination. C’est un développement positif pour pouvoir protéger les Canadiens le plus tôt possible », a affirmé M. Trudeau.

Au départ, le gouvernement Trudeau s’était limité à dire que le Canada recevrait six millions de doses de ces deux vaccins durant le premier trimestre de 2021 pour ne pas donner de faux espoirs aux Canadiens.

« Je sais que c’est quelque chose que les Canadiens attendaient avec impatience et donc je suis très content de pouvoir l’annoncer aujourd’hui parce qu’on a enfin un grand degré de certitude que cela va fonctionner pour la semaine prochaine. »

— Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Évidemment, on parle d’une mobilisation extrêmement complexe, donc c’est une bonne chose qu’on commence avec moins de doses pour pouvoir être prêts à vacciner le plus de gens le plus rapidement possible une fois que les doses commencent à arriver par dizaines de milliers et même centaines de milliers par semaine », a-t-il ajouté.

Malgré cette bonne nouvelle, M. Trudeau a exhorté les Canadiens à redoubler d’efforts pour respecter les directives sanitaires alors que le nombre de cas d’infections à la COVID-19 explose dans plusieurs provinces, notamment au Québec, en Ontario, en Alberta et au Manitoba.

« L’annonce d’aujourd’hui nous donne l’assurance qu’il y a de la lumière au bout du tunnel, mais nous avons encore du travail à faire pour nous assurer que ces vaccins et les fournitures connexes continuent d’être livrés et administrés », a pour sa part affirmé la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, qui était présente à la conférence de presse.

Le major-général Dany Fortin, qui est le vice-président de la logistique et des opérations à l’Agence de la santé publique du Canada et chef de la distribution de vaccins au pays, a indiqué que les vaccins pourront être administrés rapidement, « un jour ou deux » après la réception.

Québec est prêt, assure Dubé

Le ministre assure que le Québec est prêt à vacciner massivement la population. Déjà, la province vaccine 250 000 personnes par semaine contre la grippe. M. Dubé espère toutefois que les Québécois n’auront pas « un faux sentiment de sécurité » avec l’arrivée du vaccin qui « ne guérit pas les malades » de la COVID-19. Il invite la population à poursuivre ses efforts jusqu’à ce qu’on se rende à la vaccination.

Les résidants de CHSLD, les travailleurs de la santé, les personnes vivant en résidence privée pour aînés et les personnes vivant dans des communautés reculées seront les premiers vaccinés pour la COVID-19. Le ministère de la Santé a présenté lundi après-midi les recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec sur l’ordre de priorité pour la campagne de vaccination à venir.

Les rangs de priorité présentés par Québec respectent ceux présentés la semaine dernière par Ottawa. L’objectif : prévenir les maladies graves et les décès et maintenir le fonctionnement du système de santé. En tout, Québec vise une couverture vaccinale de 70 %.

Les critères de priorité les plus importants sont, dans l’ordre, l’âge, l’existence de maladies chroniques, la profession et le milieu de vie dans lequel la personne évolue.

Statistiques à l’appui, le ministère de la Santé a expliqué que les gens de plus de 80 ans sont vraiment plus à risque de mourir de la COVID-19. Mais que ces gens aient une maladie chronique ou non, leur taux de décès est similaire. L’âge est donc le facteur le plus important aux yeux du Comité sur l’immunisation du Québec pour être mis en priorité pour le vaccin.

Défi logistique

Les vaccins produits par BioNtech-Pfizer et Moderna sont tous deux de type ARN messagers et doivent être conservés dans le froid. Celui de Pfizer doit être conservé à - 70 °C contre - 20 °C pour celui de Moderna. Un défi logistique est en vue. Notamment parce que le personnel devra manipuler de la glace sèche dans le cas du vaccin de Pfizer.

Aucun effet secondaire majeur n’a été constaté avec ces deux vaccins. Dans le cas de celui de Pfizer, 60 % des gens ont éprouvé de la fatigue et 50 %, des maux de tête. Ces effets secondaires n’inquiètent pas Québec.

La dernière campagne de vaccination majeure au Québec remonte à 2009, quand le Québec avait fait face à la grippe H1N1. Cette année-là, 4,3 millions de Québécois avaient été vaccinés en huit semaines. Cette fois-ci, Québec ne prépare pas une vaccination massive, mais bien une campagne ciblée.

Parti conservateur

O’Toole se dissocie de la pétition anti-vaccin de Sloan

Le leader de l’opposition n’est « pas d’accord » avec la pétition que parraine l’élu conservateur Derek Sloan dans laquelle la vaccination est comparée à une « expérimentation humaine ». Sans préciser quels éléments de la pétition le dérangent, il a argué que le manque de clarté du gouvernement Trudeau concernant le plan de distribution du vaccin contribue à « l’hésitation face à la vaccination » et que le silence libéral « ajoute au manque de confiance » de certains face au vaccin contre la COVID-19. Le chef O’Toole, dont la formation réclame depuis plus de deux semaines un accès rapide aux vaccins, a plaidé que ceux-ci étaient « importants », et il a réitéré que sa famille et lui avaient bien l’intention de se faire vacciner dès que leur tour viendra en fonction de la liste de priorité. Il n’a toutefois pas voulu dire s’il avait eu une discussion avec Derek Sloan, élu de l’aile droite sociale du Parti conservateur qui s’était présenté à la direction de la formation. Le député ontarien n’est pas l’instigateur de la pétition signée près de 29 000 fois en date du 7 décembre, mais il a accepté de la parrainer.

— Mélanie Marquis, La Presse

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