Des costumes et des médailles !

Il y a beaucoup du travail de Mathieu Caron sur la glace aux Jeux olympiques de Pékin. Le designer québécois signe la création des costumes de 22 athlètes de patinage artistique provenant de 6 pays.

« J’ai déjà des médailles ! lance-t-il. Il y a la médaille de bronze du Japonais Shoma Uno et celles de l’épreuve par équipe, une médaille d’argent pour les États-Unis et celle de bronze pour le Japon ! »

Mathieu Caron habille de nombreux patineurs. Il y a les Japonais Shoma Uno, Tim Koleto, Riku Miura et Ryuichi Kihara, les Américains Madison Chock, Evan Bates, Vincent Zhou (qui a dû se retirer pour cause de COVID-19) et Alysa Liu, les Canadiens Keegan Messing, Kirsten Moore-Towers, Michael Marinaro, Vanessa James, Eric Radford, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, ainsi que les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. Sans compter des patineurs de l’Espagne et de l’Arménie.

« Depuis juillet, on travaille sur la conception des costumes. Il y a eu les rencontres, les discussions, les dessins, les choix de tissus, les tests pour arriver à ce moment final, sur la glace à Pékin. Même si je suis à distance, c’est intense ! Ce qui me rend heureux, c’est que l’on contribue à leur rêve olympique, c’est magique ! »

Devant son téléviseur, il est toujours très nerveux. « Pendant leur performance, je patine dans mon salon, c’est beaucoup d’émotion ! », confie le créateur et président de Feeling Mathieu Caron, en entrevue.

Une médaille qui donne des ailes

Le rêve olympique, Mathieu Caron l’a vécu en 2018 avec la médaille d’or des Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir aux Jeux de PyeongChang, une performance qui a marqué l’histoire olympique. C’est lui qui était derrière la création de leurs costumes, dont la magnifique robe rouge.

« Cette médaille nous a donné des ailes, leur performance a été incroyable », dit-il. Elle lui a ouvert de nombreuses portes ; il s’est occupé de la direction artistique des costumes de l’émission de télévision Battle of the Blades sur CBC durant deux ans, il a travaillé en collaboration avec Mattel à la conception de la Barbie Tessa Virtue et son travail a été remarqué par les athlètes et les chorégraphes internationaux qui lui ont confié la création de leurs costumes.

« Après 2018, mon entreprise est passée de 7 à 13 employés. Nous avons déménagé, et j’ai lancé une plateforme virtuelle où il est désormais possible de créer sa tenue de patinage artistique, ce qui nous permet d’exporter le savoir-faire partout dans le monde. »

— Mathieu Caron

Son amour pour le design de vêtements lui vient de ses grands-mères. « Quand j’étais enfant, ça me passionnait de les voir dans leur salle de couture. » Plus jeune, Mathieu Caron devient danseur professionnel et fait ensuite des études en design de mode au collège LaSalle. Il commence à créer ses costumes de danse, puis ceux de ses amis, et plus tard, il a des demandes pour des costumes de patinage artistique.

Étroite collaboration

Le créateur habille aujourd’hui les plus grands patineurs du monde. Mais qu’est-ce qu’un beau costume ?

« Un costume doit soutenir la performance. Il ne doit pas prendre toute la place, déranger ou nuire. Il doit correspondre au style de la chorégraphie, aux personnalités des patineurs tout en respectant leur morphologie, explique le créateur. Il y a des patineurs qui aiment les costumes plus sobres, et d’autres qui ont besoin que ça brille, comme les Japonais. Les cristaux, ça fait partie de l’ADN du patinage artistique. C’est du ballet sur glace, c’est une performance très athlétique, mais il y a aussi le côté artistique. »

Mathieu Caron travaille en étroite collaboration avec les athlètes, entraîneurs et chorégraphes, puis il crée sur mesure les costumes qui peuvent prendre jusqu’à 120 heures de travail, ce qui est le cas du costume futuriste de l’Américaine Madison Chock.

« Je suis inspiré par la mode, j’aime les costumes épurés avec une coupe qui laisse la place au corps et au mouvement. »

— Mathieu Caron

Certains costumes ont été créés à distance. « Ça se fait sur Zoom. On prend toutes les mesures, on a parfois des essayages virtuels, puis on envoie le costume. Il peut y avoir des petits ajustements, mais très souvent, ça fonctionne très bien. » Il a rencontré une seule fois en 2018 le champion japonais Shoma Uno et depuis ce temps, il lui envoie ses différents costumes par la poste.

Les athlètes canadiens sont passés par son atelier, tout comme certains Américains et Français qui s’entraînent à Montréal. Il y a même des relations amicales qui se sont tissées au fil des années. « À force de travailler ensemble, certains sont devenus des amis », souligne le créateur.

Mathieu Caron connaît en détail les horaires de passage des athlètes qu’il habille et sera au rendez-vous ces prochains jours, fébrile, devant sa télévision.

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