Musée des Hospitalières

La grande histoire du mont Royal

À l’occasion du bicentenaire de naissance du concepteur du parc du Mont-Royal, Frederick Law Olmsted, le Musée des hospitalières présente l’exposition Notre montagne. Mémoires du mont Royal. Une expo qui met l’accent sur les batailles citoyennes menées pour préserver l’intégrité du parc.

Le mont Royal est un parc où il fait bon se promener en tout temps. C’est aussi une œuvre d’art, un marqueur de l’histoire de la métropole québécoise et le symbole de l’harmonie sociale qui se construit dans la ville. L’histoire de la « montagne » (qui est en fait une colline !), c’est aussi celle des visions que les Montréalais ont eues de cet espace vert depuis son aménagement en parc. Des visions différentes selon qu’on était francophone ou anglophone, riche ou pauvre, et selon les époques.

« La montagne a toujours été un lieu de débat », dit Jean-François Leclerc, muséologue, historien et ex-directeur du Centre d’histoire de Montréal, qui signe le commissariat de l’exposition.

L’exposition est un survol touffu de l’épopée du mont Royal, en commençant par la longue période qui a précédé la colonisation française jusqu’à nos jours en passant par les expropriations qui ont permis de créer le parc. C’est la mode des parcs publics aux États-Unis, en Angleterre et en France qui a sauvé l’îlot de verdure de 190 hectares que le paysagiste américain Frederick Law Olmsted (1822-1903) a aménagé en partie, ce qui a abouti à l’ouverture du parc en 1876. Et ce, grâce à un investissement de 1 million de dollars de la part de la Ville pour l’acquisition des terrains et leur réaménagement. Une somme colossale à l’époque.

La montagne des Montréalais est devenue lieu de promenade, mais aussi thème de recherche scientifique, notamment sur la préservation des arbres, des plantes et des animaux. Et ce, depuis le début. Olmsted tenait à ce que le lieu ait réellement l’allure d’une montagne. « Il a fait réparer les dommages causés par l’agriculture et les coupes à blanc et il a créé un paysage qui faisait que, plus on montait, plus on avait l’impression de découvrir un paysage de haute montagne, dit Jean-François Leclerc. Avec des pins et des falaises escarpées. »

Le mont Royal aura été une œuvre collective en évolution. Des panneaux rappellent les luttes que des citoyens ont menées pour empêcher les promoteurs d’en grignoter de grandes superficies. Des actions parfois couronnées de succès, mais aussi parfois vaines. Les amis de la nature n’ont eu de cesse de protéger ce refuge qui s’est toujours frotté aux nécessités de sa fréquentation. Tour à tour, on a voulu donner accès aux carrioles puis au funiculaire, au tramway et enfin à la voiture.

« Chaque fois, cela a créé des débats énormes », dit le commissaire. En 1895, un projet de construction d’une voie de tramway vers le sommet a été suggéré. Mais un groupe de femmes anglophones regroupées au sein de la Parks Protective Association a fait dérailler le projet après avoir publié une lettre ouverte dans La Presse et fait circuler une pétition qui a récolté 20 000 signatures.

« Ce mouvement va avoir un impact fantastique pour préserver le mont Royal, dit Jean-François Leclerc. Il mériterait d’avoir une plaque commémorative quelque part ! Car un peu plus tard, des citoyens vont s’allier et ce sont eux qui vont former éventuellement Héritage Montréal et Sauvons Montréal. »

Le commissaire a fait des recherches et il estime que l’histoire moderne du mont Royal est unique. « La montagne est un symbole de la ville, c’est vrai, c’est une icône, mais elle incarne aussi la société montréalaise, ses tensions, ses divergences, ses débats, dit-il. Montréal, c’est une ville pacifique, mais c’est aussi une ville où il y a beaucoup d’énergie et bien des batailles ! Le mont Royal nous a toujours rassemblés, mais aussi divisés ! »

L’exposition est organisée au Musée des hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, car la cité des hospitalières fondée par Jeanne Mance fait partie de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, explique Paul Labonne, directeur général du musée. Bonne visite !

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