COVID-19

Tous les indicateurs en hausse

Après la hausse des cas, celle des hospitalisations et des décès. Le nombre de personnes hospitalisées et de celles succombant à la COVID-19 ne cesse de croître, deux semaines après le début d’une troisième vague alimentée par les variants.

Davantage de patients

Le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, avait soutenu en entrevue avec La Presse mardi dernier qu’il ne fallait pas paniquer face à la hausse des cas de COVID-19 provoquée par les variants. « Même si j’ai 2000 cas au Québec, mais qu’on n’a pas d’hospitalisations ou de décès de façon importante, on peut vivre avec. »

En quelques jours, le bilan s’est toutefois assombri. Pour la première fois depuis 10 semaines, le nombre de personnes hospitalisées a augmenté au cours de la dernière semaine. Lundi, on dénombrait 503 personnes dans les hôpitaux en raison de la COVID-19, soit 26 de plus en une semaine. Cette hausse de 5,5 % représente la première augmentation hebdomadaire depuis la mi-janvier, alors que les hôpitaux québécois atteignaient le sommet de la deuxième vague.

« Le nombre d’hospitalisations a augmenté parce qu’il y a un plus grand nombre de nouveaux cas d’infection », affirme le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il ajoute que les variants provoquent dans une proportion accrue des symptômes sévères chez les personnes infectées, ce qui entraîne une hausse des hospitalisations.

Augmentation des décès

La dernière semaine a aussi été marquée par la première hausse des décès depuis la fin de janvier. Le Québec a déploré 46 morts en raison de la COVID-19 depuis sept jours, contre 37 la semaine précédente. Les deux tiers de ces décès sont survenus dans le Grand Montréal, dont 16 dans l’île.

La Capitale-Nationale aussi a été éprouvée, avec sept morts depuis une semaine. « Ça fait une semaine qu’il y a eu l’éclosion à Québec. On risque donc d’avoir beaucoup plus de décès à Québec dans les prochaines semaines », soutient Roxane Borgès Da Silva, experte en santé publique et professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

À noter, la plupart des décès sont survenus chez des personnes qui provenaient de leur domicile. Depuis une semaine, on déplore seulement deux décès en CHSLD et sept en RPA, deux milieux ayant été vaccinés en premier.

Hausse de 33 % du nombre des cas

Pour la deuxième semaine de suite, le nombre des cas a augmenté au Québec. La province a ainsi rapporté un peu plus de 8100 cas depuis sept jours, soit 33 % de plus que la semaine précédente. La hausse se fait surtout sentir hors du Grand Montréal. La région de Québec a rapporté 1620 cas depuis une semaine, contre 604 la semaine précédente. Durant la même période, le nombre de cas a doublé dans Chaudière-Appalaches. L’Outaouais affiche quant à lui une hausse de 71 %.

À Montréal aussi, on observe des signes inquiétants : on note une hausse de 15 % des cas depuis une semaine dans l’île. « Il y a beaucoup de variants, donc ce qui arrive dans la région de Québec pourrait se passer à Montréal très rapidement, surtout avec le week-end de Pâques », déclare Maude Laberge, professeure à l’Université Laval et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec.

Benoit Barbeau abonde dans le même sens. « Montréal devrait très rapidement subir les mêmes restrictions que Québec. Le gouvernement devrait opter pour une approche préventive et éviter que la situation de Québec se répète à Montréal, ce qui pourrait entraîner de sérieux problèmes dans le réseau de santé montréalais », dit-il. Le premier ministre, François Legault, fera le point sur la pandémie ce mardi à 17 h lors d’une conférence de presse à Montréal.

Plus de la moitié des cas sont des variants

Le nombre des cas dus à un variant a rapidement augmenté au cours de la dernière semaine. Les variants représentent désormais 56 % des nouveaux cas, contre 42 % il y a une semaine. C’est surtout le variant britannique B117 qui se fait sentir, représentant 90 % des variants séquencés. Les 10 % restants sont pour l’essentiel des cas de variant sud-africain, implanté en Abitibi-Témiscamingue. On recense également 12 cas de variant nigérian et 2 cas de variant brésilien. « Celui du Royaume-Uni est très bien ancré au Québec et va continuer à nous menacer par sa transmission accrue et son association à des cas plus sévères. Les deux autres variants, bien que moins présents au Québec, doivent aussi être surveillés très attentivement, car ils sont déjà source d’inquiétude dans les provinces de l’Ouest », soutient M. Barbeau.

Les jeunes alimentent la troisième vague

Les données par tranches d’âge montrent que le début de cette troisième vague est particulièrement alimenté par les jeunes de 20 à 29 ans. Ce groupe a vu le nombre de cas doubler en deux semaines à peine. Les 30 à 69 ans ne sont pas en reste, affichant des hausses de 50 % à 66 % durant la même période. « Il serait recommandé d’augmenter les restrictions sur le plan des établissements scolaires montréalais et, en fait, d’envisager très prochainement le retour possible de l’enseignement en ligne », affirme M. Barbeau. Mme Laberge ajoute que la hausse des cas chez les jeunes dans la vingtaine s’explique possiblement par une moins grande adhésion aux mesures en place. Seule bonne nouvelle : les cas semblent stables pour le moment chez les 70 ans et plus. Groupe de la population le plus à risque, celui-ci a été priorisé dans la vaccination et environ les trois quarts ont reçu leur première dose.

Sommet de tests

À noter, Québec a effectué tout près de 250 000 prélèvements au cours de la dernière semaine, un nouveau sommet depuis le début de la pandémie. Cela représente une moyenne quotidienne de 35 500 tests. Malgré la hausse du nombre de tests, le taux de positivité a légèrement augmenté, pour s’établir à 3,2 %. Cela reste néanmoins en deçà du seuil des 5 % qu’il ne faut pas dépasser, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Christian Dubé appelle à fermer sans délai les lieux fautifs

Faisant valoir le besoin d’intervenir avec force dans le contexte des variants de la COVID-19, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, exhorte les directions régionales à ne pas hésiter à ordonner la fermeture d’un lieu qui ne respecte pas les consignes. Il appelle les directions régionales de santé publique à utiliser « sans délai » leurs pouvoirs pour ordonner la fermeture d’un lieu si elles estiment avoir « de bonnes raisons de croire » que les mesures ou les protocoles relativement à la COVID-19 ne sont pas appliqués. Pour l’utilisation de ces pouvoirs, il n’est « pas nécessaire d’attendre que [leur] enquête épidémiologique soit complétée », affirme le ministre dans une lettre envoyée lundi aux directrices et directeurs de santé publique. Dans la lettre transmise à La Presse Canadienne par la direction régionale de santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, M. Dubé tient à rappeler que cette pandémie constitue une « menace réelle à la santé de la population » au sens de la Loi sur la santé publique.

— La Presse Canadienne

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