Pénurie de main-d’œuvre

Opération séduction chez les jeunes

Selon le site d’emplois Génie-inc, il y aurait actuellement plus de 3000 postes en génie à pourvoir aux quatre coins du Québec. Même si certains refusent de parler de pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur, différentes initiatives sont déjà mises en place, notamment de généreuses bourses d’études gouvernementales, afin d’attirer encore plus de jeunes (et davantage de femmes) vers la profession. Survol.

Kathy Baig, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), juge que ce chiffre doit être nuancé. Elle préfère donc parler de « rareté » plutôt que de « pénurie de main-d’œuvre ».

« Nos études socio-économiques indiquent que le secteur du génie saura répondre à la demande, mais avec un léger déficit. »

– Kathy Baig, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

La présidente de l’OIQ reconnaît toutefois que la demande d’ingénieurs s’est fortement accentuée en marge de l’électrification des transports, du virage numérique et de la sécurité informatique. Il en est de même pour les projets d’infrastructures gouvernementaux, où les ingénieurs civils sont demandés. Les besoins iront inévitablement en augmentant, soutient Kathy Baig.

À cet égard, la profession souhaite attirer plus de femmes (elles ne représentent que 15 % des 65 000 membres de l’OIQ). « Il faut également reconnaître les acquis des nouveaux arrivants, ajoute Mme Baig. Les entreprises ont un rôle à jouer là-dedans. Nous avons fait passer les délais pour l’obtention du permis de pratique de 18 à 6 mois, sans niveler par le bas. »

Les 3000 postes à pourvoir sont en très grande majorité des emplois d’ingénieurs, mais ils comprennent également des techniciens et autres dessinateurs qui travaillent dans le secteur du génie, précise Souad Mallouh, directrice Acquisition de talents au Groupe Velan Media.

Cette entreprise montréalaise possède cinq plateformes d’affichage de postes (dont Génie-inc) et fait du recrutement pour les entreprises. Génie-inc se présente comme le premier site d’emplois au Québec pour les ingénieurs et les professionnels du génie.

Plus de professeurs

Dans les écoles de génie, les inscriptions se maintiennent. Mais on souhaite évidemment les augmenter. « On constate que les emplois conventionnels se font remplacer par les emplois spécialisés. Les besoins en génie sont là », explique Pierre Baptiste, directeur des affaires académiques et de l’expérience étudiante par intérim à Polytechnique Montréal.

« Mais il faut plus de professeurs et plus de techniciens pour former plus d’ingénieurs. Et il faut plus d’espace. Nous avons actuellement un déficit d’espace de 20 000 m2 », affirme le directeur de Polytechnique Montréal qui, bon an, mal an, recrute entre 1000 et 1200 nouveaux étudiants, dont près de 75 % arrivent du cégep.

Disant que les offres d’emploi lui sont moins familières, Pierre Baptiste note toutefois une hausse marquée dans la recherche de stagiaires.

« En informatique, en aérospatiale ou dans le génie chimique, les augmentations vont de 70 % à 100 %. Même dans le secteur minier, on parle d’une hausse de 20 % en matière de stagiaires recherchés. »

– Pierre Baptiste, directeur de Polytechnique Montréal

Généreuses bourses

Le gouvernement prend acte de la situation et rendra accessibles dès l’automne prochain les bourses Perspective Québec. Ces bourses visent à augmenter le nombre de personnes qualifiées dans les professions en déficit de main-d’œuvre priorisées par le gouvernement (dont le génie), dans les services publics essentiels, ainsi que dans les domaines stratégiques pour l’économie. Les cégépiens et les étudiants peuvent s’en prévaloir.

Par exemple, pour chaque trimestre réussi, un étudiant ou une étudiante en génie touchera 2500 $. Pour une formation complète (huit trimestres sur quatre ans), un étudiant pourra décrocher jusqu’à 20 000 $ de bourses.

Lisez l'article « Québec investit dans le génie »

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