Retour sur les campus à l’automne

Les universités entrent dans « une autre période de transition »

Les étudiants universitaires pourront en théorie retourner en personne sur les campus à l’automne, mais à la vue des cours qui leur sont déjà proposés, certains d’entre eux craignent que leur trimestre ne se déroule encore en grande partie à distance. L’annonce du premier ministre d’un retour en classe a semé une certaine confusion.

François Legault a expliqué mardi que si l’objectif de vacciner complètement 75 % des personnes de 12 ans et plus est atteint à la fin août, « tous les étudiants dans les cégeps et universités vont pouvoir revenir en personne pour la rentrée ».

La veille, Jeanne Perreault avait consulté les cours qui lui sont offerts dans le cadre de son programme de baccalauréat en droit à l’UQAM. La totalité de ses choix – pour la plupart des cours obligatoires – est pour l’instant à distance.

« C’est déprimant, je viens de faire trois sessions universitaires en ligne, j’avais hâte de commencer enfin en présentiel. Je ne comprends pas pourquoi l’UQAM a annoncé ses cours juste avant l’annonce du premier ministre. Il y a de la confusion », dit Jeanne Perreault.

Le président du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM, Michel Lacroix, indique qu’il y a eu jusqu’ici de nombreuses discussions et un processus administratif complexe pour « déterminer lesquels, parmi les quelque 3500 cours de la session d’automne, pourraient se donner en pleine présence ».

« Et voilà que tout cela semble remis en question par le gouvernement », dit Michel Lacroix.

De 60 % à 100 % ?

À l’UQAM, on confirme que l’organisation des cours a été établie ce printemps « en tenant compte des directives du ministère de l’Enseignement supérieur et des consignes sanitaires en vigueur ». À la fin avril, la ministre Danielle McCann estimait que, l’automne prochain, les cégeps et universités seraient, en moyenne, occupés à 60 % de leur capacité prépandémie.

Plusieurs universités contactées par La Presse disent maintenant attendre des directives précises de la part du ministère de l’Enseignement supérieur. C’est notamment le cas de l’Université Laval, qui se disait jusqu’à tout récemment guidée par un « optimisme prudent » qui l’amenait à offrir « un maximum d’activités en présence, tout en conservant une vaste offre de formation à distance ».

« Nous vivons en ce moment une autre période de transition », a écrit mercredi l’Université Laval dans un message envoyé à sa communauté.

Une étudiante de cette université, qui a demandé à ne pas être nommée, a constaté récemment que dans son programme de sciences du langage, seuls les stages seront en présence à l’automne, ainsi que deux ou trois autres cours d’un autre département. La planification d’automne lui semblait bien avancée, elle ne sait maintenant plus à quoi s’attendre.

Une rentrée « très différente »

L’Université de Montréal estime que la rentrée automnale sera « très différente de celle de l’an passé », tandis qu’à l’Université Concordia, on indique que même avant l’annonce du premier ministre, on prévoyait augmenter les activités en présence sur le campus.

On ajoute toutefois que « certaines choses » dépendront de la situation à Montréal, des directives de la Santé publique et du ministère de l’Enseignement supérieur, notamment en matière de distanciation à l’intérieur. La réalité urbaine de l’université sera aussi à prendre en compte.

« Deux de nos bâtiments d’enseignement au centre-ville comptent respectivement 14 et 15 étages », rappelle la porte-parole de l’Université de Montréal, Vannina Maestracci.

À l’Union étudiante du Québec, on dit qu’on suivra attentivement la suite des choses, mais on craint que ce retour puisse être à géométrie variable selon les universités.

« On pense que vu que l’annonce a été faite en mai, les universités pourront se préparer à avoir une rentrée en août sur les campus », ajoute néanmoins son président, Samuel Poitras. Les étudiants, dit-il, seront au rendez-vous.

Centres de réadaptation

De jeunes Inuits injustement traités à Montréal

Au terme d’une enquête qu’elle a elle-même déclenchée, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) conclut que de jeunes Inuits transférés à Montréal par la DPJ du Nunavik n’ont pas accès à l’école et n’ont pas le droit de s’exprimer dans leur langue.

Ce traitement tient essentiellement à des normes bureaucratiques qui pénalisent ces jeunes arrachés de leur milieu, notamment une application mécanique des règles de la loi 101.

« Les gens concernés connaissent le problème », déplore Suzanne Arpin, vice-présidente de la CDPDJ, en entrevue avec La Presse. « Ils ont baissé les bras, je pense. Tous les acteurs ont baissé les bras, un en arrière de l’autre. »

Ces Inuits sont des jeunes pris en charge par la DPJ du Nunavik. Ils sont transférés à Montréal parce qu’il n’y a pas assez de places de réadaptation dans le Grand Nord. « La DPJ du Nunavik fait affaire avec le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île et achète des places », précise Mme Arpin, responsable du mandat jeunesse.

« Tout le monde baisse les bras »

Combien cela représente-t-il d’enfants par année ? La Commission n’a pas été en mesure de le savoir. « Il n’y a personne qui a les chiffres exacts. Ce n’est pas clair. »

Mais elle a vite constaté que ces enfants ne sont pas scolarisés à Montréal et à Dorval où ils peuvent passer plusieurs mois.

Au Nunavik, les Inuits étudient en inuktitut jusqu’à la troisième année du primaire avant de passer à l’anglais. Mais pour étudier en anglais à l’extérieur de leur territoire, ils doivent demander une dérogation en vertu de la Charte de la langue française.

« C’est là que ça se corse, souligne Suzanne Arpin. C’est tellement complexe à obtenir que tout le monde baisse les bras et personne n’obtient les documents pour les enfants.

« Quand un jeune qui arrive à Montréal en centre de réadaptation n’a pas de cours qui lui sont offerts parce qu’il y a des lourdeurs administratives, ça fait un enfant qui n’est pas scolarisé et qui va probablement décrocher. »

Au Nunavik, « pour donner un chiffre un peu épeurant », le taux de diplomation est de 26 %, dit-elle.

Recommandations

La Commission recommande donc au gouvernement de trouver une solution simple et rapide pour permettre à ces jeunes d’étudier.

« Cette situation n’est pas acceptable, dénonce Mme Arpin. On a vu pendant la pandémie toutes les actions qui ont été prises pour que les jeunes aillent à l’école. Et là, on a des jeunes qui sont en centre de réadaptation, un peu privés de leur liberté, et en plus, ils ne peuvent pas se scolariser. »

La CDPDJ recommande aussi que ces enfants puissent avoir le droit de parler inuktitut entre eux, ce qui n’est pas le cas. Les intervenants, ne parlant pas la langue, invoquent le principe de la sécurité pour l’interdire.

« Un jeune qui est à des milliers de kilomètres de chez lui, qui n’est pas sur son territoire, qui n’a pas la même nourriture que d’habitude, s’il ne peut pas parler avec un jeune qui parle la même langue, il ne lui reste pas grand-chose. On recommande donc au gouvernement d’émettre une directive très claire pour que cesse ce genre d’interdit. »

L’idéal serait que le Nunavik se dote d’un nombre de places suffisant pour héberger ces jeunes sur son territoire. « C’est ça, la solution », croit Mme Arpin. Mais la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik estime que la construction de nouvelles places va prendre jusqu’à 10 ans.

Ville de Montréal

Les ingénieurs municipaux annoncent une grève

Les ingénieurs de la Ville de Montréal s’apprêtent à déclencher une grève, le 31 mai, pour protester contre le manque de volonté de l’administration municipale pour renforcer l’expertise interne en génie, dénoncent leurs représentants.

Le Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal (SPSPEM) soutient que « la Ville continue d’affaiblir son expertise en ingénierie en refusant d’embaucher des professionnels d’expérience », selon sa présidente, Marie-Eve Dufour.

« L’expertise interne est essentielle, elle permet de garder le contrôle sur la qualité des travaux effectués et constitue un rempart contre la collusion et la corruption. Manifestement, ce n’est pas une priorité pour l’administration municipale actuelle et cela ouvre toutes grandes les portes aux firmes de génie externes, et aux conditions qui ont mené à la collusion », ajoute-t-elle dans un communiqué transmis à La Presse.

Le SPSPEM demande l’intervention de la mairesse Valérie Plante pour « corriger les erreurs du passé ».

Les 530 professionnels affiliés au SPSPEM ont massivement voté en faveur d’une grève, le mercredi 28 avril. Il s’agit en majorité d’ingénieurs, mais le syndicat compte aussi parmi ses membres quelques arpenteurs-géomètres, chimistes et médecins vétérinaires.

Ils sont sans convention collective depuis trois ans.

Enfants maltraités

L’ex-pasteur Mario Monette écope de cinq ans de prison

Après avoir plaidé coupables à de nombreux chefs d’accusation de voies de fait armées, de menaces et de séquestration à l’endroit de leurs enfants, l’ancien pasteur Mario Monette et sa femme, Carole Van Houtte Monette, ont pris le chemin de la prison pour respectivement cinq et quatre ans d’emprisonnement.

Mario Monette, qui a été pasteur à l’Église biblique baptiste métropolitaine Sud, sur la Rive-Sud de Montréal, pendant plusieurs décennies, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement par le juge Marc-Antoine Carette. Les abus physiques et quasi quotidiens étaient infligés à six de leurs huit enfants lorsque ceux-ci étaient entre autres indisciplinés, turbulents ou impolis. Ils se faisaient notamment régulièrement frapper avec des bâtons.

Un des jeunes a aussi été séquestré dans le garage familial pendant de nombreuses semaines.

La force utilisée par les deux adultes, la répétition et le nombre de coups portés sur les enfants ont été soulignés à grands traits par le juge Carette pour expliquer la gravité des faits reprochés. Parmi les exemples mentionnés, il y a celui d’une des filles du couple, alors âgée d’environ 13 ans, qui aurait reçu 150 coups de bâton parce qu’elle avait vu un garçon en cachette.

« Les mesures de corrections physiques illégales sont non seulement très nombreuses et étalées sur une période infractionnelle de 25 ans, mais également érigées en système pour punir plusieurs enfants », a expliqué le juge au palais de justice de Longueuil.

« Un scintillement de regrets »

Quant à Carole Van Houtte Monette, elle a écopé de quatre ans d’emprisonnement. Contrairement à son mari, le tribunal a retenu qu’elle avait des « remords sincères » quant à certains gestes qu’elle avait faits. Mais pour l’ancien pasteur, le juge Carette a indiqué qu’il n’avait « qu’effleuré un début de prise de conscience » et qu’il ne présentait « qu’un scintillement de regrets ».

Le ministère public réclamait une peine de 10 ans de pénitencier contre Mario Monette et de 4 à 6 ans pour Carole Van Houtte Monette. De son côté, la défense demandait 2 ans de détention dans la collectivité pour les accusés de près de 70 ans, notamment parce que les risques de récidive sont faibles et qu’ils n’ont aucun antécédent judiciaire.

Pour expliquer sa décision plus sévère que celle proposée par la défense, le tribunal a affirmé qu’en matière de maltraitance et d’abus physiques commis à l’égard des enfants, il doit « accorder une attention particulière aux objectifs de dénonciation et de dissuasion ».

« La protection des enfants est un des principes fondamentaux de notre société. Les enfants sont parmi les êtres les plus vulnérables et ils dépendent entièrement de leurs parents pour survivre », a ajouté le juge Carette.

« Atroce »

Bien des proches des accusés étaient présents au palais de justice pour entendre les peines. À la sortie de la salle d’audience, un des fils du couple, Micaël Monette, était visiblement bouleversé par les évènements. Il s’est dit « satisfait » par la décision du tribunal, en ajoutant que ça lui faisait « énormément » de bien d’avoir été cru par le juge. « Il y a eu une reconnaissance des faits, ce que j’aurais d’abord souhaité de mes parents… Mais à la place, c’est un juge qui aura pesé les faits pour arriver à une conclusion évidente. »

En ce qui concerne son enfance, Micaël Monette a cherché ses mots pendant de longues secondes. « Ç’a été atroce, ç’a été atroce, a-t-il confié aux médias en pleurant. Un enfer ! »

Multiplication des grèves dans le milieu scolaire

L’ensemble des enseignants de la province représentés par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) se sont entendus dans les dernières semaines avec Québec sur le renouvellement de leurs conventions collectives. Dans ce contexte, bien des parents ont été surpris d’apprendre qu’une nouvelle grève touchait mercredi le milieu de l’éducation et poussait les écoles à fermer pour quelques heures ou la journée entière. Il s’agissait d’une grève des 10 000 professionnels de l’éducation de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui exerçait ainsi la deuxième journée de grève d’un mandat de cinq obtenu auprès de ses membres. Depuis mercredi jusqu’à vendredi, une grève est également observée dans les cégeps par 6300 employés de soutien syndiqués à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). La semaine prochaine, ce sont les 35 000 membres de la CSN du personnel de soutien dans les centres de services scolaires francophones et les commissions scolaires anglophones qui seront en grève à compter de midi le 26 mai jusqu’à la même heure le 27 mai.

— Marie-Eve Morasse, La Presse

Un haut gradé du SPVM a fait l’objet d’une destitution déguisée, conclut le tribunal

Le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Bernard Lamothe, a bel et bien fait l’objet d’une destitution déguisée, a conclu mercredi la Cour du Québec, qui ajoute toutefois qu’elle ne peut forcer la Ville de Montréal à le réintégrer à son poste, comme il le réclame. M. Lamothe a fait l’objet d’allégations criminelles et a été suspendu en mars 2017, dans la foulée de la crise qui a secoué les affaires internes du SPVM. M. Lamothe a été blanchi et a ensuite fait l’objet d’un processus disciplinaire qui n’a débouché sur rien. Le directeur du SPVM, Sylvain Caron, et la Ville de Montréal ont fait des démarches pour lui trouver une nouvelle affectation en dehors du SPVM. L’une de celles-ci était à l’Unité permanente anticorruption, mais M. Lamothe l’a refusée, considérant qu’il n’aurait géré aucun employé et n’aurait eu aucun pouvoir de décision. À la suite de ce refus, en mars 2020, la Ville de Montréal a suspendu sans traitement M. Lamothe, qui s’est alors adressé à la Cour du Québec. « Le Tribunal ne peut pas faire de la gestion et forcer le SPVM à évincer un des quatre directeurs adjoints en poste pour le remplacer par monsieur Lamothe », a-t-elle cependant statué mercredi.

— Daniel Renaud, La Presse

L’Ombudsman de Montréal s’intéresse au manque de toilettes dans les parcs

L’Ombudsman de Montréal s’intéresse au manque de toilettes dans les parcs de la métropole, à la suite de nombreuses plaintes de résidants relayées par les médias au cours des derniers jours. Il pourrait être pertinent, « mais surtout aidant », pour les résidants faisant face à ce problème de communiquer avec le bureau de l’Ombudsman, a fait savoir mercredi une responsable de l’organisme, Lucie Legault. Dimanche, La Presse a rapporté les déboires d’un résidant du quartier Hochelaga-Maisonneuve dont le terrain est utilisé comme toilette par de nombreux usagers du parc Lalancette, voisin de chez lui, à cause de la fermeture des installations sanitaires dans le parc. Après la publication de cet article, nous avons reçu plusieurs dizaines de messages de la part de personnes aux prises avec le même problème, concernant divers parcs de la ville où les toilettes sont absentes ou insuffisantes. Mardi, lors de l’assemblée du conseil municipal, la mairesse Valérie Plante a assuré que les Montréalais auraient accès à des « parcs propres et à des toilettes ouvertes » durant l’été. Elle a souligné qu’elle aimerait pouvoir ouvrir toutes les installations sanitaires permanentes des parcs, mais que les règles sanitaires à suivre sont « très exigeantes ». — Isabelle Ducas, La Presse

Réforme de la loi 101

De jeunes souverainistes contestent l’« insuffisance des mesures »

De jeunes souverainistes contestent l’« insuffisance des mesures » pour protéger le français dans la nouvelle réforme de la loi 101 du gouvernement Legault. Ils manifesteront vendredi dans les rues de Montréal pour faire entendre leurs revendications. « Il n’y a rien à nos yeux qui est assez concret dans ce projet de loi pour faire perdurer la langue française. On voit beaucoup d’exceptions ou de discrétions laissées à l’entreprise. Ça manque de pragmatisme », fustige la co-porte-parole du Mouvement des jeunes souverainistes (MJS), Charlotte Massue. Elle affirme que tous les ordres de gouvernement doivent « prendre leurs responsabilités » pour affirmer « la langue unique » du Québec. L’organisme, qui est ouvertement souverainiste, se dit toutefois « transpartisan » et entend participer au débat public sur l’application du projet de loi sans parti pris politique. Pour l’heure, plus d’une centaine de participants ont fait savoir leur intérêt en vue de la manifestation, qui commencera vers 17 h vendredi, devant la statue de Sir Georges-Étienne Cartier. C’est le deuxième rassemblement en quelques mois que le MJS organise ; en novembre, le groupe avait aussi manifesté à Montréal pour réclamer plus d’efforts en « francisation » du gouvernement.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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