Le Canadien

Jeff Gorton et la gestion du dossier Monahan

Vancouver — Le début de saison du Canadien dépasse les attentes de l’écrasante majorité des amateurs et des observateurs. Ils ont d’ailleurs été plusieurs à se gratter la tête quand Joel Edmundson, au tournoi de golf du Tricolore en septembre, a dit le plus sérieusement du monde que l’équipe visait les séries.

Le CH n’y serait pas si elles commençaient aujourd’hui, mais à quatre points de l’objectif, au début de décembre, il est nettement plus compétitif que prévu.

« On a gagné quelques matchs de plus que ce à quoi les gens s’attendaient », reconnaît Jeff Gorton, en entrevue avec La Presse.

« Mais ça n’a rien changé vraiment à notre plan. On prend notre temps avec nos jeunes », s’est empressé d’ajouter le vice-président exécutif des opérations hockey.

C’est un Gorton relativement prudent qui s’est livré à La Presse pendant une trentaine de minutes, dimanche soir, dans un hôtel du centre-ville. On peut le comprendre. L’équipe était attendue par plusieurs dans la « course » pour obtenir le premier choix au prochain repêchage et mettre la main sur l’incandescent Connor Bedard. Ou sur un des formidables prix de consolation attendus en début de premier tour.

Sauf que le CH excède les très faibles attentes, en raison de différents joueurs.

Sean Monahan vient haut dans cette liste. La gestion de son dossier sera particulièrement éclairante quant à la vision de Gorton et de Kent Hughes. S’ils pensent à court et à moyen terme, sur un horizon d’environ trois ans, offrir un nouveau contrat à Monahan tombe sous le sens. S’ils pensent à très long terme, échanger le numéro 91 devient l’option de préférence, une option qui s’imposera aussi si Monahan préfère poursuivre sa carrière ailleurs l’an prochain.

« On n’a pas eu beaucoup de discussions. On le laisse jouer, il joue très bien. Il est en santé et il nous aide à gagner. Ces décisions se régleront par elles-mêmes. C’est la première semaine de décembre, on n’a pas à se décider dès maintenant. Je n’exclus pas qu’on aimerait le ravoir. »

— Jeff Gorton, vice-président exécutif des opérations hockey du Canadien

Gorton l’admet : Monahan excède les attentes que l’équipe avait quand les Flames de Calgary l’ont carrément donné au Canadien, ajoutant un choix de 1er tour en guise de remerciement. Il comptait 16 points en 24 matchs et jouait près de 18 minutes par rencontre (avant le match de lundi).

« Il a subi tellement de blessures, c’est dur de revenir après ça, et surtout de jouer aussi bien. Je suis assurément surpris. Il fait plein de petits jeux, il est intelligent défensivement, excellent aux mises en jeu. Son apport dépasse les buts marqués. En plus, c’est un bon gars, donc c’est très utile de l’avoir avec nous. »

Parlant de blessures, il faudra aussi voir si celle qu’il a subie lundi à Vancouver est sérieuse. Il a quitté le match en milieu de deuxième période. L’équipe n’a pas précisé la cause, mais jeudi, à Calgary, il portait une botte protectrice.

À plus d’une reprise pendant l’entretien, Gorton rappellera que le CH n’a disputé que 24 matchs. Pas encore le tiers de la saison. D’où sa grande prudence.

« On veut voir jouer notre équipe davantage, et on veut voir Sean davantage. De toute façon, très peu de gens décident en décembre ce qu’ils feront en mars. »

Un trio qui fait tourner les têtes

Monahan fait partie des facteurs de succès, mais en novembre, la véritable locomotive a été le trio de Cole Caufield, Nick Suzuki et Kirby Dach. Le triumvirat offensif a totalisé 16 buts en 13 matchs pendant le mois. L’avenir à long terme de Suzuki est réglé ; il porte le « C » et son entente est valide jusqu’en 2030. Pour les deux autres, ce n’est pas aussi clair.

Côté contrat, c’est réglé pour Dach, qui écoule la première année d’une entente de quatre ans. Mais à quelle position ? Rappelons qu’il est un centre naturel, qu’il a passé le camp à cette position et que le plan était qu’il pilote un des deux trios intermédiaires. Son éclosion à l’aile de Suzuki n’était pas prévue.

« Comme organisation, on le voit encore au centre », assure Gorton.

Son avenir à la position dépend-il de ce qui adviendra de Monahan, justement ?

« Sean a montré que sa meilleure position est le centre. Je pense que tu n’as jamais trop de centres. On verra. Si le trio de Suzuki demeure le trio de confiance de Martin, on verra si Dach à l’aile deviendra une solution plus permanente. »

Et Caufield ? Pas de débat avec lui, c’est un ailier. Mais il écoule la dernière année de son contrat de recrue et avec 58 points (36 buts, 22 aides) en 62 matchs depuis l’arrivée de St-Louis derrière le banc, il est en voie de faire sauter la banque.

Or, si on se fie à l’historique de Gorton chez les Rangers, Caufield pourrait devoir attendre la fin de la saison avant que le tout soit réglé. En six ans comme DG des Rangers, Gorton a signé une seule prolongation de contrat d’un joueur d’impact en cours de saison. C’était Chris Kreider, en février 2020, mais le rapide ailier était alors à quatre mois de l’autonomie complète.

« Il fallait l’échanger s’il ne signait pas un nouveau contrat, souligne Gorton. Mais de façon générale, c’est plus intelligent de régler les contrats en été, quand les gars n’ont pas la tête ailleurs. Mais je n’exclus pas un contrat. Je suis ouvert à tout. On n’a pas une règle rigide.

« On n’est pas très avancés. Ça bouge lentement et c’est voulu. Cole se plaît ici, il veut rester et on reconnaît à quel point il joue bien. Quand on décidera d’aller de l’avant, j’ai bon espoir que ça se règle rapidement. »

Et Slafkovsky ?

Parlant de jeunes, le benjamin du groupe, Juraj Slafkovsky, affronte des adultes pour la deuxième année de suite. L’an dernier, il jouait en première division finlandaise, en plus de participer aux Jeux olympiques et au Championnat du monde sénior.

Dans les circonstances, il serait donc étonnant que le Tricolore le libère afin de lui permettre de participer au Championnat du monde junior, contre des joueurs de 18 et 19 ans, pendant les Fêtes. Mais par acquit de conscience, il fallait poser la question à Gorton.

« On n’a rien décidé encore, assure le VP. On a dit à la fédération slovaque qu’on va le regarder aller et qu’on décidera au dernier moment. En ce moment, on prévoit qu’il reste avec nous. Donc on leur a dit de planifier sans lui et qu’on les appellerait si ça change. Il joue assez bien, on voit le progrès. Mais ça peut changer. Souvent, les équipes n’aiment pas faire de changement de dernière minute, mais pour un gars comme lui, j’imagine qu’ils s’arrangeraient ! »

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