REER

Réévaluer sa stratégie au mitan de la vie

Cotiser à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est un automatisme pour bien des gens. Mais arrivé au mitan de la vie, on peut avoir besoin de tout réévaluer pour regarder avec plus de précision où on en est et où on s’en va.

Nathalie Guilbault n’a pas de régime de retraite de son employeur de l’industrie pharmaceutique : elle a donc toujours épargné pour sa retraite. « J’avais de l’argent investi à différents endroits, mais je n’avais pas de plan ni d’objectif clair pour ma retraite, dit-elle. Lorsqu’on est jeune, on ne pense pas concrètement à sa retraite. »

Puis elle a eu 50 ans et, peu de temps après, son père est mort. « Il gérait les finances, dans son couple, et ma mère n’avait même pas idée de combien d’argent elle avait lorsqu’elle s’est retrouvée seule. Cela m’a fait réaliser que moi non plus, je ne savais pas exactement ce que j’avais. J’ai voulu le savoir et regarder si j’étais sur la bonne voie pour la retraite et, au besoin, réajuster le tir. »

Cette prise de conscience arrive rarement avant 50 ans, remarque Manon Létourneau, planificatrice financière, conseillère principale en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale.

« Avant, il y a souvent l’achat de la maison et l’arrivée des enfants. C’est après que les questionnements sur la retraite arrivent, ou lorsque la personne vit un évènement qui a un grand impact sur sa situation financière, comme un divorce ou une mort. »

– Manon Létourneau, planificatrice financière, conseillère principale en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale

Regarder les pires et les meilleurs scénarios

Quel serait le moment idéal pour prendre votre retraite ? C’est la question que Manon Létourneau a posée à Nathalie Guilbault, qui est sa cliente depuis des années. « Elle m’a dit l’âge visé, puis on a regardé son coût de vie actuel et celui projeté à la retraite. Il y a la règle du 70 % du salaire, mais pour quelqu’un qui aime voyager comme Nathalie, ça risque d’être plutôt 100 %. »

Nathalie a finalement rapatrié tout son argent à la même place et elle épargne davantage pour atteindre son scénario optimal à la retraite.

« Mais ça ne l’empêche pas de manger son steak le vendredi soir, précise sa conseillère. Elle a bougé à temps. Bien des gens procrastinent parce qu’ils ont peur de regarder leur situation en face, puis les années passent et ça devient de plus en plus difficile de se réajuster. »

Et le risque ?

Si beaucoup pensent que lorsqu’on approche de la retraite, il faut revoir sa tolérance au risque, Nathalie Guilbault a plutôt décidé de garder le cap, sous la recommandation de sa conseillère.

« J’ai tendance à penser que si, à l’approche de la retraite, vous devez réajuster votre tolérance au risque, c’est parce qu’elle n’a pas été bien évaluée au départ. »

– Manon Létourneau, planificatrice financière, conseillère principale en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale

L’important, c’est de toujours être capable de bien dormir la nuit, d’après la conseillère. « La personne n’encaissera pas tout d’un coup en tombant à la retraite pour placer son argent sous son matelas, illustre-t-elle. Certains disent qu’ils ont peur parce qu’ils n’auront pas le temps de se refaire s’ils perdent tout. Mais on n’est pas au casino ! »

Si le passé n’est pas garant de l’avenir, la planificatrice financière remarque que sur un horizon de placement de 10 à 15 ans, on peut tout de même s’attendre à des rendements semblables. « Même en approchant de la retraite, précise-t-elle, il est important que le portefeuille continue d’avoir du rendement pour pouvoir atteindre ses objectifs. »

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