Mon clin d'œil

Une remise d’Oscars sans extraits de films, c’est comme du pop-corn sans film.

Réplique : Maîtrise en enseignement au préscolaire et au primaire

Où est le raccourci ?

En réponse au texte de Nathalie Morel sur la maîtrise en enseignement au préscolaire et au primaire, « Non aux raccourcis »*, publié le 24 avril

Chère Mme Morel, avec tout le respect que je vous dois, j’ai beaucoup de difficulté à trouver où se trouve le raccourci dans ce que vous dénoncez dans votre texte. D’abord, il faut rappeler que le modèle de maîtrise proposé ne remet nullement en cause l’existence et la pertinence de l’actuel baccalauréat de quatre ans. Il propose une voie alternative à des diplômés issus de départements disciplinaires (justement) des sciences sociales qui détiennent déjà un baccalauréat dans leur discipline (français, littérature, mathématiques, histoire, philosophie, biologie, physique, etc.) et qui souhaiteraient devenir enseignants.

Le programme proposé est de second cycle et comporte 60 crédits (les maîtrises comportent habituellement 45 crédits).

À terme, ces nouveaux enseignants, dont vous semblez remettre la compétence en doute, auront un bagage de trois années universitaires de premier cycle et trois années de second cycle, ce qui fait six ans d’études universitaires.

En outre, le programme proposé est constitué de 47 crédits visant précisément à développer les compétences qui vous tiennent à cœur et de 13 crédits de formation pratiques. Les 47 crédits de formation théorique sont constitués de cours en français, mathématiques, univers social, arts plastiques, sciences et technologie, éthique et culture religieuse, et sont complétés par des cours essentiels à la formation qui portent sur l’éducation préscolaire, l’évaluation des apprentissages, la gestion de classe, la prise en charge des difficultés scolaires et les fondements d’une école inclusive. À cela s’ajoutent 13 crédits de formation pratique dont 11 sont répartis en trois stages et 2 sont consacrés à un travail d’intégration interdisciplinaire.

Je me questionne donc pour savoir où est le raccourci dans tout cela ? Et je me demande aussi si ce n’est pas vous qui faites des raccourcis. Vous faites référence au bien-fondé du rapport du Comité d’agrément des programmes de formation (CAPFE) qui n’a pas été rendu public.

Vous semblez accorder de grandes vertus à ses conclusions que nous ne connaissons pourtant pas, qui peuvent être discutables et qui, je le rappelle, n’ont pas valeur d’évangile.

Le CAPFE et un organisme consultatif et c’est le ministre qui dispose du pouvoir légal de désigner les programmes menant à une autorisation d’enseigner. Je rappelle également que le Conseil supérieur de l’éducation a recommandé il y a plus de 10 ans la création d’une voie de formation complémentaire en tous points similaire à celle proposée par l’Université de Montréal. À moins que vous doutiez de la neutralité, du sérieux et de la rigueur du Conseil supérieur de l’éducation, cet avis devrait peut-être mériter notre attention.

Vous pouvez être en désaccord avec la décision du ministre et c’est votre droit le plus strict. Personnellement, et bien que je ne me sente pas d’affinités particulières avec M. Roberge, j’estime qu’il a cherché l’intérêt du Québec en s’élevant au-dessus des doxas des facultés d’éducation et du cumul conservateur des intérêts corporatistes.

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