À l’étude

Le pouvoir antidouleur des caresses

Une caresse d’un être cher fait du bien quand on est triste, mais aussi quand on a mal. Des chercheurs ont découvert que l’aspect antidouleur du toucher est bel et bien réel.

Le constat

Quand un homme touche sa conjointe alors qu’elle souffre, sa douleur est moins grande, ont mesuré des chercheurs américains, français et israéliens. « Nous avions déjà démontré que pour avoir un effet analgésique, le toucher devait être accompagné d’une synchronisation des rythmes respiratoire et cardiaque des deux personnes, a expliqué le psychologue Pavel Goldstein, de l’Université du Colorado, auteur principal de l’étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academies of Science. Cette fois-ci, nous avons observé les ondes du cerveau des deux personnes. Elles se synchronisent aussi, même quand les cobayes ne se regardent pas dans les yeux. Alors il semble vraiment que ce soit un phénomène physique et non psychologique. »

La genèse

Pavel Goldstein a eu l’idée de cette étude en constatant que son bébé, qui venait de naître, cessait de pleurer quand lui ou sa femme le prenait dans leurs bras. « Je me suis dit : “Wow, c’est vraiment un effet très fort”, dit le psychologue israélien, qui enseigne aux universités du Colorado et de Haïfa. Le chercheur en moi s’est tout de suite demandé si c’était dû à l’immaturité du cerveau des bébés, si c’était une question d’odeur ou de regard, ou encore de contact peau à peau. J’ai décidé d’en avoir le cœur net. »

Ce que révèle l’étude

Plus les ondes des cerveaux des 35 couples qui ont participé à l’étude étaient synchronisées, plus la douleur disparaissait. La douleur prenait la forme d’une chaleur de courte durée appliquée sur le bras gauche des femmes. Leur conjoint leur prenait la main droite dans la moitié des expériences, et se tenait à côté d’elles sans les toucher pour l’autre moitié. « Ça veut dire qu’on peut utiliser ce phénomène pour aider pour les douleurs faibles, même chez les adultes, dit M. Goldstein. Les adultes trouvent parfois que c’est puéril de réclamer la présence de son conjoint à la clinique, par exemple pour une prise de sang. Mais l’effet est bien réel. »

Et maintenant ?

Le psychologue de l’Université du Colorado veut maintenant vérifier si les hommes sont aussi sensibles à l’aspect analgésique du toucher de leur conjointe, et si un ami ou un parent proche peut faire l’affaire. « Il serait aussi intéressant de savoir si l’intensité du phénomène change avec l’âge. Évidemment, il nous reste encore des choses à comprendre en ce qui concerne le mécanisme physique qui est en cause. Mais je crois qu’on peut commencer à appliquer ces connaissances dans la clinique. »

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