Mauvaise conduite

Quelle innovation technologique sportive devrait-on appliquer à un autre sport ?

Chaque semaine, les journalistes des sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Miguel Bujold

Je vais tricher un peu. Le changement que j’aimerais voir au football n’existe dans aucun autre sport, à ce que je sache. Ce que je souhaiterais, c’est que l’arbitre en chef soit bien assis dans un studio de télévision avec plusieurs téléviseurs devant lui afin de pouvoir voir tous les jeux sous plusieurs angles différents. Cette personne pourrait prendre les décisions importantes lorsqu’il y aurait un jeu controversé ou une mauvaise pénalité en ayant pour le faire tous les outils à sa disposition. Il y aurait également un officiel chargé de l’action sur le terrain, mais l’arbitre en chef pourrait infirmer toute décision inexacte, et le plus rapidement possible, ce qui améliorerait le rythme du match au bout du compte. Moins il y aura de possibilités d’erreurs, mieux ce sera, tant pour les équipes que pour les partisans. Et l’exactitude et l’intégrité sont encore plus importantes maintenant qu’il y a des milliards de dollars qui se parient légalement chaque saison sur les matchs de la NFL et du football en général.

Richard Labbé

La NFL est une ligue brillante pour une foule de raisons, en premier pour celle-ci : les journalistes qui se rendent dans les stades pour les entraînements en semaine se voient remettre une petite feuille imprimée sur du papier blanc, souvent 8 1/2 sur 14, sur laquelle les équipes inscrivent leur liste des joueurs blessés, avec tous les détails. N’est-ce pas une formidable avancée technologique ? Je crois que oui, et la LNH devrait s’en inspirer. Les « hauts du corps » et les « bas du corps », ça commence à bien faire.

Guillaume Lefrançois

C’est probablement une question de temps, avec l’utilisation de puces électroniques sur les joueurs de la LNH qui va en augmentant. Mais la statistique de la distance totale parcourue, que l’on voit au soccer et au tennis, serait aussi très intéressante au hockey, particulièrement pour les défenseurs. On verrait encore mieux quels défenseurs appuient l’attaque, car on aurait une autre façon de le mesurer. Certains défenseurs se portent souvent en attaque, mais n’ont pas nécessairement une grande production offensive. D’autres, comme Shea Weber, ont toujours obtenu une bonne production sans nécessairement traverser la patinoire avec la rondelle. Cette statistique donnerait un outil supplémentaire pour analyser l’impact d’un joueur au-delà des buts et des passes.

Jean-François Téotonio

Aux Jeux olympiques de Tokyo, on a diffusé pour la première fois le battement de cœur des archers participant à l’épreuve de tir à l’arc individuel. Je ne peux m’arrêter d’y penser depuis. Le rythme cardiaque des athlètes était mesuré à distance par des caméras placées sur le terrain de jeu. Par exemple, le pouls du Sud-Coréen Oh Jin-hyek se situait dans les 80 battements par minute (bpm) lors de son premier match à Tokyo, un des rythmes cardiaques les plus bas de la compétition. Mais lors de son barrage contre l’Indien Atanu Das au deuxième tour, qu’il a perdu, son cœur a atteint les 143 bpm, signe que le stress l’a finalement atteint. Imaginez que cette information soit divulguée pour un releveur lors de la neuvième manche d’un match de baseball, alors qu’il fait face à un compte complet ? Ou pour un joueur de soccer qui s’apprête à prendre un tir de penalty crucial ? Ou pour un gardien de but au hockey qui doit protéger l’avance de son équipe devant un adversaire qui a retiré son portier dans les derniers instants d’un match ? Est-ce que Carey Price est aussi calme qu’il en a l’air ? Comment Novak Djokovic fait-il pour retrouver sa contenance après avoir brisé sa raquette ? Quelle est la différence de niveau de stress d’un athlète entre le début et la fin de sa compétition ? Il nous faut exporter cette innovation le plus rapidement possible.

Jean-François Tremblay

Je ne sais pas si ça entre exactement dans la question de la semaine, mais je plonge quand même. C’est sans doute mon passé de producteur télé à RDS qui parle, mais rien, et je dis rien, ne peut battre le Manning Cast pour les matchs du lundi soir dans la NFL. Un format télé est-il une évolution technologique ? On va dire que oui pour la cause. Pour rappel, le format est simple : Eli et Peyton Manning discutent entre eux ou avec un invité, en temps réel, en mortaise, pendant que le match se déroule dans l’écran juste à côté. J’aimerais voir ce concept utilisé au Québec, parce que c’est du pur génie, mais j’ai une crainte. La crainte que ce soit en réalité « la tempête parfaite », c’est-à-dire un sport avec plusieurs arrêts qui s’y prête, jumelé aux coanimateurs idéaux. Donc que ce concept génial serait, ni plus ni moins, impossible à reproduire. Mais je me permets de rêver quand même, et j’utilise mon ricochet vers les producteurs de télé sportive du Québec : pensez-y.

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