Société

Fenêtres sur le quotidien d’enfants du Centre-Sud

Ils ont beau avoir grandi devant les téléphones cellulaires de leurs parents – qui les photographient continuellement –, de nombreux enfants n’ont jamais utilisé un… appareil photo. Treize jeunes de l’école primaire Jean-Baptiste-Meilleur, située rue Fullum à Montréal, ont eu la chance d’être initiés à la photographie et à l’histoire du Centre-Sud. « L’idée, c’était de voir leur quotidien avec un œil nouveau », résume Kiran Ambwani, la photographe qui les a accompagnés. Le résultat ? La chouette exposition Accueil dans mon quartier, à l’affiche à l’Écomusée du fier monde jusqu’au 1er mars. Explications en cinq points.

Pour contrer le décrochage

De septembre à décembre, les 13 participants ont eu droit à une dizaine d’ateliers, au cours desquels ils ont notamment arpenté leur quartier, appareil photo à la main. Tous fréquentent une classe dite « DGA », pour difficultés graves d’apprentissage. « Ils sont dans un contexte où ils sont plus à risque de décrocher », indique Martine Ashby, une art-thérapeute qui a participé au projet. Leurs œuvres, des fenêtres percutantes laissant voir six de leurs photos retravaillées avec des matériaux d’arts mixtes, témoignent pourtant de leurs coups de cœur et de leur sensibilité.

La vie en rose

Arame Coulibaly, 11 ans, aime particulièrement sa photo d’une fleur baignée de lumière. « Elle est vraiment belle, c’est la vie en rose ! », dit-elle en entrevue avec La Presse, lors du vernissage de l’exposition. Avant de participer au projet, la jeune fille ne savait pas « que les ruelles avaient tellement de jolies fleurs ». Ses clichés témoignent d’un talent rare pour la composition – il faut dire qu’elle a déjà des comptes Instagram et TikTok.

Couleurs et agitation

Luka Groulx-Michaud, 12 ans, est particulièrement fier de ses photos de la lune et de feuilles colorées. Il présente également le portrait retouché d’un petit chien. « Je lui ai dessiné un pantalon, un chapeau, des lunettes, une bague et un piercing », précise-t-il, une lueur espiègle dans le regard. « Ce que j’ai appris sur le quartier, c’est qu’il y a beaucoup de couleurs fades, mais surtout plein de couleurs vives et beaucoup d’agitation », témoigne-t-il dans un texte présenté au musée.

Ange et voiture

Quant à Westteyms Escobar Turicos, 12 ans, il a assemblé des photos d’ange peint, de voiture pimpante et de natures mortes énigmatiques. Au fil des ateliers, il a été étonné d’apprendre que son école avait déjà pris feu. Pas la peine d’appeler les pompiers : c’était en 1924…

Pour s’enraciner avant de se projeter

« On a proposé un projet d’art-thérapie pour favoriser la cohésion du groupe, la projection de soi dans le futur, et aider les jeunes à s’enraciner le mieux possible, explique Martine Ashby. L’objectif était de renforcer l’estime de soi, en leur donnant une expérience de réussite. » À voir les mines fières des enfants lors du lancement, c’est mission accomplie. « J’ai grandi en Inde, observe Kiran Ambwani, et on ne faisait pas des activités le fun comme ça à l’école ! »

Ce projet a été fait en collaboration avec le programme Opération Bonne Mine de la Société Saint-Vincent de Paul de Montréal.

L’exposition Accueil dans mon quartier est présentée à l’Écomusée du fier monde de Montréal jusqu’au 1 mars. Activité « cherche et trouve » présentée tous les jours ; art-thérapie le 1 mars. Activité « cherche et trouve » présentée tous les jours ; art-thérapie le 1 mars sur inscription. mars sur inscription.

Consultez le site de l’Écomusée : 

https://ecomusee.qc.ca/evenement/accueil-dans-mon-quartier/

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