Opinion : Pannes en Californie

Un argument de plus pour les exportations d’hydroélectricité

En plus des incendies de forêt qui ont alimenté la chronique durant tout l’été, la Californie a aussi été aux prises avec des pannes d’électricité récurrentes, en raison des chaleurs excessives et de la forte demande en électricité suscitée par les besoins en climatisation. Une situation de déséquilibre offre-demande qui aurait été plus facile à gérer si la Californie avait été plus étroitement liée aux réseaux électriques de son voisinage.

Ces événements fournissent un argument de plus pour Hydro-Québec dans l’opposition menée par certains dans le cadre de son contrat au Massachusetts : une meilleure intégration des réseaux électriques des États et territoires, chacun opérant encore trop en silo, renforce la fiabilité d’alimentation au plus grand bénéfice des clients desservis.

Mieux intégrer les réseaux d’électricité

Rappelons qu’Hydro est en processus d’approbation pour la construction d’une ligne de transport reliant le Québec et le Massachusetts via le Maine pour la livraison de plus de 9,45 térawattheures d’électricité du Québec à partir de 2022 pour une période de 20 ans (projet New England Clean Energy Connect).

La société d’État, fortement touchée par la pandémie en raison de la perte de revenus (dans son cas, du côté commercial et industriel), mise en partie sur ses marchés d’exportation pour renflouer son bilan financier.

Comme une partie des profits d’Hydro-Québec est versée chaque année dans les coffres du gouvernement du Québec par l’entremise d’un dividende, le contrat du Massachusetts, avec des revenus estimés à 10 milliards, vient à point nommé pour amoindrir ces pertes financières.

Grâce à ce contrat, l’hydroélectricité québécoise permettra une meilleure fiabilité d’approvisionnement pour le Massachusetts : l’entente prévoit en effet que cet État disposera de livraisons hivernales garanties de plus de 1000 MW, à toute heure, en remplacement d’une énergie plus polluante (gaz/mazout).

Contrairement au soleil et au vent, qui peuvent produire de l’électricité uniquement lorsque ces ressources sont disponibles, l’hydroélectricité québécoise, en raison de ses vastes réservoirs, peut être mise en route rapidement, et en continu.

Mais ce n’est pas tout : le maillage des réseaux électriques est aussi une solution à la crise climatique. Pour favoriser la pénétration des énergies renouvelables, l’intégration accrue des réseaux électriques est devenue une nécessité.

Il faut en effet multiplier les possibilités que les ressources renouvelables disponibles sur un territoire soient partagées auprès d’un plus vaste bassin de consommateurs.

Une étude récente de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal* le confirme : elle démontre combien une intégration plus étroite, en matière de planification et de coordination, des réseaux électriques dans un plus vaste ensemble régional transfrontalier est la voie à suivre si on veut faciliter la décarbonation des réseaux électriques, chacun tirant profit de la disponibilité des énergies propres des autres.

À preuve, dans le cadre de ce contrat, l’ajout de ce lien entre le Québec et l’État du Massachusetts grâce à une nouvelle ligne de transport permettrait d’éviter l'équivalent des émissions de CO2 de quelque 700 000 véhicules à essence.

Une opposition locale bien organisée

Malgré cela, Hydro-Québec fait face dans ce dossier au même enjeu qui touche tous les promoteurs de projets « en ligne droite », comme les lignes de transport d’électricité : un refus d’instinct d’une partie de la population, préoccupée de conserver une nature « vierge », préservée de toute intervention humaine.

Hydro doit aussi affronter le lobby bien organisé de l’industrie du gaz, alliée à certains groupes environnementaux.

Cette opposition porte, comme dans ses projets d’exportation antérieurs, sur ses liens avec la communauté autochtone ; la question du mercure dans les réservoirs ; la sécurité d’approvisionnement.

Mais, bien objectivement, l’offre d’Hydro est attrayante pour tout le monde, sur le plan économique et environnemental : grande disponibilité et caractère propre et renouvelable de la ressource au Québec ; bas prix de cette énergie ; et maillage accru des réseaux électriques du nord-est du continent nord-américain, permettant le remplacement d’énergies fossiles en faveur d’énergies renouvelables.

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