« Petite
victoire »
au 400 m
Toronto — Aurélie Rivard a poussé un soupir de soulagement après sa finale du 400 m libre aux Essais paralympiques de Toronto, mercredi soir.
Même si son chrono était encore loin de son record mondial qui lui avait valu l’or aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, la nageuse a vécu comme une « petite victoire » sa prestation au Centre sportif panaméricain. Elle a franchi la distance en 4 min 33,64 s, à un peu moins de 10 s de sa référence planétaire.
« Pour être bien honnête, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant ma course », a expliqué Rivard après avoir reçu sa carte d’embarquement « en attente » pour les Jeux de Paris, qui seront ses quatrièmes (la sélection officielle ne sera dévoilée que dimanche).
« Ma relation avec le 400 a été tellement rocambolesque depuis Tokyo que j’espérais beaucoup. Je doutais beaucoup aussi. Ce temps est de loin le plus rapide que j’ai réussi à faire depuis Tokyo. Je suis extrêmement satisfaite de ça et de l’exécution. Maintenant, tout ce qui reste à faire est d’ajouter la vitesse pour me rapprocher le plus possible de mon record du monde pour Paris. »
Depuis son abandon dramatique en pleine finale aux Championnats du monde de 2022 au Portugal, l’athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu appréhende l’épreuve de huit longueurs. Des secouristes s’étaient précipités pour lui installer un masque d’oxygène.
« J’ai eu une grosse crise de panique, a-t-elle rappelé. Personne ne me l’a dit, je ne l’ai pas nommé non plus sur le coup, mais avec le recul, c’était ça. J’ai perdu toute sensation dans mes bras, dans mes yeux. Je pensais que j’allais mourir. »
À la réflexion, la représentante du Club de natation région de Québec estime avoir subi a posteriori les conséquences de l’année pandémique. L’isolement, les longueurs quasi en solo et l’ambiance lourde dans la capitale japonaise ont fini par l’user sur le plan psychologique.
« J’ai dû réorienter mon entraînement, revoir ma relation avec le sport, essayer de repartir à zéro, surtout avec le 400 m. Je ressentais un peu comme un effet de syndrome post-traumatique. Ça me fait plaisir d’être capable de retrouver le confort et la sécurité dans la course. »
Aux derniers Championnats du monde de 2023, la native de Saint-Jean-sur-Richelieu a même rayé son nom de la finale de l’épreuve qui lui a valu deux titres paralympiques, en 2016 et en 2021.
« Si on recule d’un an, mon but était de terminer le 400 m. Juste le faire. Ç’a été très, très difficile d’essayer de retrouver mes aises dans la course, petit pas par petit pas. Après avoir été à l’aise dans l’eau, la coche de plus a été d’avoir des objectifs de performance. Il y a un monde entre 2023 et 2024. »
— Aurélie Rivard
« Je ne comprenais pas comment dans un sport que je pratique depuis 20 ans, pour une course que je fais depuis 16 ans, j’ai quand même réussi à me convaincre que je n’étais pas capable de la terminer », a poursuivi la gagnante de 10 médailles paralympiques. « J’ai eu plein de choses à changer. Il y a des choses qu’on ne nous enseigne pas nécessairement avant de devenir des athlètes. Il y a des choses qu’on apprend avec l’expérience. »
Après la « petite victoire » de mercredi soir et un chrono qui l’installe au premier rang des bilans mondiaux de 2024, Aurélie Rivard (catégorie S10) envisage maintenant Paris avec plus de sérénité. Une autre médaille d’or au 400 serait la bienvenue pour celle qui a perdu sa première de 2016 dans le vol de sa voiture l’automne dernier à Montréal.
Sabrina Duchesne (catégorie S7) a pratiquement assuré sa place pour ses troisièmes Jeux paralympiques grâce à un chrono de 5 min 24,68 s, à quatre secondes de son record personnel.
« On se rapproche de mon meilleur temps que j’ai fait à Tokyo, c’est encourageant pour la suite à Paris », a indiqué la nageuse du Rouge et Or de l’Université Laval.
« J’ai eu beaucoup de blessures et de maladies dans la dernière année, mais là, j’ai eu un bon deux mois d’entraînement avant les Essais », s’est réjouie l’athlète de 23 ans. Son but est d’abaisser son record personnel l’été prochain dans la Ville Lumière.
Kylie Masse est de retour
Kylie Masse est de retour. Après une rare année difficile, la quadruple médaillée olympique s’est rétablie comme prétendante au podium pour les Jeux de Paris en remportant le 100 m dos en 57,94 s, mercredi, aux Essais canadiens de Toronto. « Je suis très contente, a réagi la dossiste ontarienne de 28 ans, à moins de trois dixièmes de son record national. Ça fait trois ans que je n’ai pas été en mesure faire 57 s. Alors ça fait du bien de réussir ça et d’aligner deux performances constantes. » À Paris, elle sera accompagnée de l’Albertaine Ingrid Wilm, deuxième en 59,31 s, un chrono sous le standard de qualification olympique.