Opinion

Les services de garde en milieu scolaire ont besoin d’amour !

Les services de garde en milieu scolaire souffrent et le milieu ne sait plus sur quelle ficelle tirer pour faire retentir la sonnette d’alarme.

On a fait grand cas, en cette rentrée scolaire, de la pénurie d’enseignantes et d’enseignants, mais celle touchant le personnel éducateur en garde scolaire est aussi grave. Selon un sondage interne, à deux semaines de la rentrée, il manquait quelque 5000 éducatrices et éducateurs pour pourvoir tous les postes. Cela représente le quart des effectifs !

Pour éviter les ruptures de services, les écoles ont des options limitées. Soit elles mobilisent d’autres membres du personnel scolaire, soit elles embauchent massivement des personnes non qualifiées, ou alors elles dépassent le ratio d'un éducateur pour 20 élèves prévu dans la règlementation. Dans les faits, elles doivent bien souvent faire un peu tout ça à la fois.

Le résultat net, c’est l’érosion de la qualité éducative des services de garde en milieu scolaire.

Ce que nous nous expliquons mal, c’est l’indifférence toute relative du ministère de l’Éducation et, dans une certaine mesure, du grand public, aux difficultés de la garde scolaire. Comme si ce service n’était pas perçu comme important. Pourtant, plus de 60 % des élèves du primaire fréquentent le service de garde et, souvent, ils y passent autant d’heures qu’en classe.

Un peu de pédagogie s’impose, alors, pour tenter de replacer les perceptions.

D’abord, il y a longtemps que les services de garde en milieu scolaire ne sont plus – ne devraient plus être – qu’un « parking d’enfants ». Ce sont des services éducatifs qui poursuivent des objectifs de développement global des élèves et ils font partie de leur milieu de vie. C’est écrit noir sur blanc dans la règlementation.

En garde scolaire, l’apprentissage se fait par le jeu, mais c’est de l’apprentissage quand même. Apprendre à socialiser. Apprendre à développer ses habiletés physiques. Apprendre à développer ses habiletés langagières.

Le service de garde, c’est aussi apprendre à vivre des réussites. Pour les élèves qui ont de la difficulté en classe, au service de garde, ils se retrouvent soudain à égalité avec les autres. Cela peut en sauver plusieurs du décrochage.

Enfin, le service de garde, c’est aussi le seul service qui suivra l’élève tout au long de son parcours, de la maternelle à la sixième année. Les éducatrices et éducateurs sont des adultes signifiants pour l’enfant. Cette relation de proximité fait que c’est souvent au service de garde que l’on identifie une situation problématique chez un enfant, un comportement qui change, etc. Les élèves auront aussi, souvent, plus de facilité à se confier à leur éducatrice.

Le service de garde, c’est un filet de protection important.

Autrefois, les enfants se retrouvaient entre eux pour jouer après l’école, sous le regard bienveillant des mères qui restaient à la maison. C’était la norme. Aujourd’hui, la norme, c’est deux parents qui travaillent à l’extérieur.

L’enfant qui ne fréquente pas le service de garde se retrouve bien souvent chez lui avec un écran pour seule compagnie.

Depuis des années, nous déplorons le manque de vision pour la garde scolaire. Le ministère de l’Éducation doit faire plus ! Il doit reconnaître formellement que les services de garde en milieu scolaire sont des services importants pour le développement global de l’enfant. Il doit s’engager pour la qualité des services en adoptant un véritable cadre de référence doté de mesures de suivi et d’indicateurs de qualité. Il doit mettre à profit l’expertise unique des éducatrices et leur offrir des horaires de travail décents.

Le système scolaire craque de partout. Le prochain gouvernement aura-t-il le courage de faire une vraie réflexion sur son avenir, ou se contentera-t-il, comme trop souvent dans le passé, d’une opération de patchage ?

Faire l’économie de ces réflexions, c’est se condamner à revivre la même chose année après année.

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