COVID-19

Le Québec contre-attaque

Dans l’ombre des vaccins prometteurs mis au point par Medicago et IMV, plusieurs autres entreprises pharmaceutiques et de biotechnologie se sont mobilisées rapidement au Québec pour combattre la COVID-19. Survol.

Dès la mi-mars, l’entreprise montréalaise Laurent Pharmaceuticals a décidé de se lancer dans la lutte contre la COVID-19 avec son produit LAU-7b. Depuis la fin de 2018, ce médicament fait l’objet d’un essai clinique de phase 2 chez des personnes atteintes de la fibrose kystique au Canada, aux États-Unis et en Australie. Cette étude, financée en partie par la Fondation américaine de la fibrose kystique et Investissement Québec, évalue si un traitement de six mois permet de maîtriser une inflammation pulmonaire pour prévenir des complications. « On a fait le parallèle lorsqu’on a vu ce qui se produisait avec la COVID-19 », souligne Radu Pislariu.

Pour le président-directeur général de cette PME fondée en 2012 à partir de travaux réalisés à l’Université McGill, le potentiel du LAU-7b dépasse celui de freiner la cascade inflammatoire chez les individus infectés par le coronavirus. Selon diverses études précliniques, le fenrétinide, l’ingrédient actif du médicament, peut aussi agir comme antiviral. Des tests in vitro réalisés pour la PME auraient montré une puissance comparable à celle du remdésivir contre le virus SRAS-CoV-2, affirme Radu Pislariu.

Laurent Pharmaceuticals a donc lancé en parallèle un autre essai clinique de phase 2 avec le LAU-7b, cette fois pour un traitement de 14 jours chez des patients hospitalisés en raison de la COVID-19. Cette étude a obtenu le feu vert de Santé Canada en mai et de son équivalent américain, la Food and Drug Administration, en août. Six hôpitaux québécois participent déjà au projet.

Front commun contre la COVID-19

« Dès le mois de mars, le secteur des sciences de la vie a répondu de façon rapide, efficace et engagée », assure Nadia Dubé, directrice du développement des affaires au Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM). Son organisation a lancé le 17 mars un appel de solutions pour lutter contre la COVID-19 et a reçu près de 200 propositions du secteur biopharmaceutique. Elles ont été regroupées puis analysées avec celles soumises dans le même objectif à d’autres organismes comme Génome Québec, l’Institut MEDTEQ, IVADO ou Prompt. Hormis cinq projets dévoilés en mai dernier et estimés à 3 millions de dollars, l’ensemble des projets retenus pour recevoir les 10 millions accordés par le gouvernement du Québec n’a pas encore été annoncé.

Sans argent des gouvernements pour leur projet lié à la COVID-19, la dizaine d’employés de Laurent Pharmaceuticals ont dû redoubler d’efforts avec des ressources restreintes. « On avait un pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein, illustre Radu Pislariu. On levait de l’argent auprès de nos investisseurs en même temps qu’on démarrait le projet, et on a raté la première vague. » La PME a tout de même pu compter dans ses démarches sur des partenaires locaux, comme les entreprises Vantage BioTrials, Spectrum Pharma et Corealis Pharma, ainsi que sur l’Université McGill et l’Université Laval.

« Ce qui nous différencie dans notre manière de réagir à la COVID-19, c’est la collaboration, qui est propre à l’écosystème des sciences de la vie montréalais et québécois. On a cette longue tradition de faire travailler ensemble des gens qui ne collaborent pas nécessairement dans d’autres juridictions. »

— Frank Béraud, PDG de Montréal In Vivo

« On ne peut pas juste se fier à ce que les compagnies étrangères vont nous promettre », souligne Nadia Dubé. Elle insiste sur l’importance de poursuivre localement le développement de médicaments, de vaccins, d’outils de traçage ou de tests pour lutter contre la COVID-19, même une fois que les gouvernements ont jeté leur dévolu sur un projet ou un produit. « Le premier vaccin qui aura l’approbation des autorités réglementaires en santé ne sera pas nécessairement le plus efficace. Il faudra continuer », donne-t-elle en exemple.

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