Le chiffre du jour

1 070 500

En février, le Québec dénombrait 1 070 500 emplois chez les petites entreprises de 1 à 19 salariés, en hausse de 0,91 % par rapport au mois précédent. Il s’agit de la plus forte progression au Canada. A contrario, l’Ontario a reculé de 0,29 %. Ces données proviennent d’un nouvel indicateur mensuel de l’emploi au sein des petites entreprises du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni commandité par Intuit, dont c’est la première parution.

Un Paillard dans la région montréalaise

Un commerce croissant. La boulangerie artisanale Paillard inaugurera le 4 avril à Saint-Hubert sa première succursale dans la région montréalaise. Jusqu’à présent, l’entreprise s’était cantonnée dans la région de la Capitale-Nationale, avec des boutiques dans le Vieux-Québec, à Cap-Rouge et à Neufchâtel. Fondée par Yves Simard, la première boulangerie Paillard avait ouvert ses portes en 2006 dans le cœur du Vieux-Québec. L’entreprise est maintenant présidée par Christelle Philippon, elle-même boulangère.

Reprenons où nous en étions

Le repreneuriat reprend du poil de la bête. Deux initiatives, ici, dans ce mouvement qui veut soutenir le transfert des entreprises et leur pérennité. Dans le cadre du Sommet du repreneuriat 2023, tenu à la fin de mars, le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) a annoncé la création de l’Observatoire du repreneuriat et du transfert d’entreprise du Québec (ORTEQ). Il se concentrera sur le développement de connaissances scientifiques et la diffusion d’intelligence d’affaires sur le transfert d’entreprise. Le professeur Marc Duhamel, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, également chercheur à l’Institut de recherche sur les PME, sera son tout premier directeur scientifique. Seconde initiative : le CTEQ et la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL) ont signé un partenariat stratégique pour favoriser les rapprochements entre les chefs d’entreprise québécois et les Premières Nations. Les deux organismes travailleront conjointement à la mise en place d’un nouveau Service en transfert d’entreprise destiné aux Premières Nations (STEPN). Ce service se consacrera notamment à l’accompagnement et au soutien de projets de repreneuriat impliquant des membres des Premières Nations.

À propos de canapés et de divans

Quelques mots sur les canapés, divans et autres sofas. Azélie Pilon et Marie-Pier Bélanger, fondatrices du média web La Pièce, voué au design intérieur, ont lancé le 1er avril (sauf poisson peu probable) une nouvelle revue imprimée de belle tenue intitulée Canapé. En dépit de son nom, Canapé est destinée aux tables de salon, informent-elles. Alors que les médias imprimés disparaissent les uns après les autres, les fondatrices espèrent que la revue, qui paraîtra deux fois par année, trouvera ensuite une place dans la bibliothèque. « Nous avons voulu créer un produit qui puisse demeurer un outil de référence qui saura traverser le temps, par l’exploration de thématiques pertinentes et intemporelles », ont-elles indiqué dans leur communiqué. La plateforme La Pièce a été fondée en 2016. Autre dossier : Cozey, fabricant et distributeur de canapés commandés en ligne et livrés en boîtes à domicile, lance pour sa part une première collection de canapés extérieurs modulaires. Grâce à son système d’assemblage sans outils en instance de brevet, les utilisateurs de la gamme Mistral pourront rapidement démonter leurs divans pour les remiser dans de petits espaces pendant l’hiver, fait valoir Frédéric Aubé, PDG et fondateur de Cozey. L’entreprise montréalaise avait lancé le premier divan en boîte au Canada en juin 2020.

Univers PME

Une caisse-outre de vin français conçue au Québec... pour des Californiens

Wedge combine le vin rouge, le gin et le ginger ale. Entre autres.

Le petit bureau de design montréalais vient de concevoir une caisse-outre (le véritable terme pour vinier) pour une entreprise californienne qui voulait importer un vin français aux États-Unis.

Une caisse-outre-mer, donc.

L’objectif : un design d’une telle qualité qu’il ferait contrepoids à la mauvaise réputation des vins en boîte.

« On s’est dit : il faut que ça soit un objet qui pourrait se retrouver dans la boutique du MoMA, le musée d’art moderne de New York », explique Justin Lortie, directeur du design et fondateur de Wedge. « On a créé le nom, la marque, élaboré la stratégie et réalisé l’ensemble du design. »

Wedge a suggéré la marque Ami Ami, inspirée de l’amitié des deux cofondateurs, qui dégageait en même temps une idée de convivialité sympathique, sans prétention œnologique.

La caisse-outre de 1,5 litre (les viniers traditionnels contiennent jusqu’à quatre litres) ne ressemble en rien à la version cartonnée d’une étiquette de bouteille.

Présenté en versions pour vin blanc et vin rouge, l’emballage montre la marque Ami Ami en larges caractères noirs, au-dessus d’un empilement de demi-cercles colorés, comme des coupes sans leurs pieds.

« Des couleurs qui sont super vibrantes, c’est très optimiste comme design », commente le designer.

Le graphisme est inspiré du travail du peintre italien Depero pour l’apéritif Campari dans les années d’avant-guerre (celle de 1939).

« On a travaillé avec un illustrateur local, Mathieu Dionne, pour développer deux petits personnages, qui sont au centre de l’univers de ce vin-là. Car au final, le monde du vin n’est pas un monde si sérieux. »

Surtout auprès des jeunes générations, qui sont moins intimidées par la mystique des grands crus, souligne-t-il.

Étonnamment, ce sont les Californiens qui ont contacté la firme montréalaise pour lui confier ce mandat, qui constituait en fait l’acte de naissance de leur entreprise.

Il faut dire que le jeune cabinet montréalais s’était rapidement fait une singulière réputation.

Gin et Canada Dry

Wedge a été fondée en 2016 par le jeune graphiste Justin Lortie, qui s’était notamment fait les dents chez Sid Lee et Paprika, et la directrice de création Sara Di Domenico.

Ce n’est pas que Wedge se spécialise dans les boissons, mais la petite entreprise montréalaise s’est fait rapidement connaître avec le design singulier de la bouteille du gin québécois Menaud. « On a fait la bouteille sur mesure, on a inventé la marque avec eux de A à Z », décrit Justin Lortie.

La forme épurée de la bouteille vert forêt, son bouchon d’aspect bois et le dépouillement de son étiquette ont attiré l’attention des publications spécialisées. Et celle de nouveaux clients.

La pandémie est alors survenue et, en propulsant le télétravail, elle a aussi effacé les frontières.

« Vu qu’on était une entreprise de services, on s’est mis à avoir des téléphones d’un peu partout dans le monde. Quelqu’un nous a appelés de Singapour, on a fait des contrats à Copenhague. C’est fou, on était des gens de Montréal ! Les gens voyaient notre travail sur l’internet, et ils n’étaient plus limités par la géographie. »

Wedge a créé l’image de marque de la gamme de lotions solaires Vacation, établie en Floride. La chaîne de librairies Indigo lui a confié la conception d’une collection de 25 œuvres littéraires emblématiques, dont les illustrations de couverture ont été réalisées par des artistes canadiens.

« C’est fou, quand Canada Dry nous a écrit, je ne le croyais pas ! »

Difficile à croire, en effet : l’entreprise leur a demandé de faire une proposition pour la refonte de son logo.

Plus incroyable encore : ils ont obtenu le contrat. La nouvelle identité visuelle a été lancée en septembre 2022 sur le marché canadien.

« On a gagné un compte comme ça contre de super grosses agences », souligne Justin Lortie.

Wedge ne compte pourtant qu’une quinzaine d’employés.

« En agence, souvent, les compagnies ont des gens qui font du développement d’affaires. On n’a jamais eu quelqu’un comme ça chez nous. »

Nul besoin : « Notre travail parle de lui-même. »

Mise en boîte

C’est cette réputation en ligne qui a incité Woody Hambrecht, lui-même issu d’une famille de vignerons, à contacter Wedge, il y a un peu plus d’un an, pour concevoir une caisse-outre.

« La première chose que j’ai dite, c’est qu’il faut que l’objet soit plus petit, relate Justin Lortie. On a trouvé des manufacturiers en France et on leur a donné les proportions. »

La boîte d’une contenance de 1,5 litre est à peine plus grosse qu’un dictionnaire.

« Sur une tablette de mon meuble, il faut que ça soit aussi beau qu’un objet de design. »

Les vins blanc et rouge Ami Ami sont conditionnés et mis en boîte en France et importés en Californie.

« On est en vente partout aux États-Unis en ce moment. Ça fait quelques semaines qu’on a lancé le site web, informe Justin. On est en train de voir pour le vendre en grande surface au travers des États-Unis. Depuis quelques mois, on est en relation avec la SAQ pour l’importer. »

Ce « on » à répétition fait dresser l’oreille : « On est partenaires, révèle-t-il. Je pense que ça fait vraiment partie de ma philosophie avec Wedge. Quand on pense à faire une croissance durable pour notre entreprise, il s’agit aussi de s’investir dans les projets auxquels je crois. »

Justin Lortie donne l’entrevue téléphonique depuis New York, où il prépare l’installation d’une antenne de Wedge. Il a tenté l’aventure à Los Angeles, mais n’a pas obtenu le succès espéré. Il croit que le marché new-yorkais a plus d’atomes crochus avec la sensibilité montréalaise. « On va l’essayer et on va laisser émerger la magie. »

Il se laisse guider par l’intuition et la confiance. « Je crois beaucoup en l’univers, dans ces moments-là », lance-t-il en rigolant.

Car les débouchés ne se font pas qu’avec le vin.

— Marc Tison, La Presse

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