Nova Bus

Terminus (temporaire)

Le constructeur de Saint-Eustache a fermé ses usines mardi, comme le demandait le gouvernement Legault. Pour les machines, ça va. Ce sont les gens qui préoccupent son directeur général Martin Larose.

« Je vais avoir vieilli de deux ans, cette année ! », a lancé Martin Larose, mi-blagueur, mi-sérieux.

Comme le constate le vice-président et directeur général de Nova Bus, le temps se contracte, en période de crise.

Il est en poste depuis moins de trois ans. Sa courbe d’apprentissage vient de prendre une déclivité qui n’est pas sans évoquer celle de la propagation de la COVID-19.

Car les surprises s’accumulent plus vite que les précautions. « On était à prévoir une fermeture imminente, mais ça s’est fait plus vite que prévu avec l’annonce du gouvernement. »

Se conformant aux directives de lundi, Nova Bus a fermé mardi ses deux usines de Saint-Eustache et de Saint-François-du-Lac.

Près de 700 employés d’usine sont mis à pied.

« On est justement en train de déterminer quelle portion de ces employés pourrait continuer à l’extérieur de l’usine, depuis la maison. On essaie de bien communiquer les choses et les marches à suivre pour les jours à venir », a précisé Martin Larose au début de l’après-midi, au milieu de ce branle-bas.

Branle-bas d’autant plus mouvementé que la plupart des gestionnaires et employés de bureau, dont Martin Larose lui-même, travaillaient déjà de leur domicile.

En effet, depuis deux semaines, une cellule de gestion de crise avait été mise sur pied.

« On avait fait énormément de préparation », a expliqué Emmanuelle Toussaint, vice-présidente, des affaires juridiques et publiques chez Nova Bus, lors de la même conversation. « On a évalué différents scénarios pour être prêts et ne pas être pris par surprise par les différentes décisions. »

Ce qui ne les a pas empêchés d’être pris de court avec leur usine de Plattsburgh, dans l’État de New York.

Le mercredi 18 mars, le gouvernement de l’État a décrété que 50 % des employés devaient travailler à partir de la maison. Le lendemain, la proportion passait à 75 %. Et le vendredi, ce taux était porté à 100 %. L’usine de Plattsburgh a donc été fermée dès lundi.

« Ça veut dire que trois fois, on refait nos plans au complet », a indiqué Martin Larose.

« Ce qui ajoute du stress, c’est l’imprévisibilité de la situation, la vitesse à laquelle les choses se développent. »

Comment bien fermer

La fermeture des usines de Nova Bus n’est pas techniquement complexe, assure le directeur général.

« Les gens retournent chez eux, on arrête les opérations. Mais il y a tout ce qu’il y a autour : les plans de compensation, les plans de communication, comment tout faire ça en dedans de 24 heures. »

— Martin Larose

Une autre couche de complexité s’ajoute avec la coordination du travail à la maison de près de 400 employés. À distance, ils pourront poursuivre la préparation des mises en chantier, le développement de nouveaux produits, l’amélioration des processus…

« Les projets pour nos nouveaux produits continuent. C’est ce qu’on protège à tout prix, parce que c’est le futur de l’entreprise. Mais si la crise dure plusieurs mois, tout va être remis en question. Parce que le coût va devenir insoutenable. »

Loin des yeux et du cœur

« Ce que je trouve le plus difficile, présentement, c’est de gérer tout ça sans être capable d’avoir de contacts humains », a confié Martin Larose.

Les gestionnaires sont formés à gérer les crises. « On est capables de sentir le pouls de l’équipe et de prendre des décisions basées sur le feedback qu’on reçoit avec le contact humain. Mais le faire à distance, ce n’est pas facile. »

Il garde confiance, en dépit des difficultés. Quand la crise sera surmontée, il ne prévoit pas de difficultés particulières à rouvrir ses usines, dans la mesure où les fournisseurs pourront suivre le rythme.

Nova Bus remettra alors sa production d’autobus en train – façon de parler.

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