Application Seesaw

Entrer dans la classe de son enfant

Voir les travaux de son enfant à l’école, ses bricolages, ses exposés oraux, ses progrès en lecture et en écriture, tout ça en temps réel, c’est ce que propose Seesaw. Cette application américaine est utilisée dans plusieurs classes du Québec, au grand bonheur des enseignants et des parents.

Brigitte Léonard utilise Seesaw depuis deux ans. L’enseignante de quatrième année au Campus primaire Mont-Tremblant a une « classe branchée ». Elle utilise donc abondamment les technologies avec ses élèves. Elle ne tarit pas d’éloges pour cette application, si bien qu’elle en est devenue une ambassadrice au Québec.

« La grosse force de Seesaw, c’est le contact avec la famille, résume Mme Léonard. Les parents me disent qu’ils n’ont jamais été autant au courant de ce que fait leur enfant à l’école depuis qu’ils utilisent Seesaw. »

Le concept est simple : l’enseignant crée un compte pour chaque élève de son groupe, puis il publie des photos des travaux faits en classe, des vidéos des activités ou des messages. Les parents ont un accès limité au profil de leur enfant et ils ont accès en tout temps au contenu.

Conseillère pédagogique à la commission scolaire des Découvreurs, Claudine Perreault forme les enseignants sur l’utilisation de l’application. Elle croit que Seesaw permet une meilleure transition de la garderie à l’école primaire.

« Quand on va chercher notre enfant à la garderie, on sait ce qu’il a mangé et combien de fois il est allé aux toilettes. Quand il arrive à la maternelle, tout d’un coup, on ne sait plus rien et on n’a pas la possibilité de questionner le professeur. »

— Claudine Perreault

Selon Mme Perreault, Seesaw change ce rapport. Les parents peuvent commenter les publications en ligne et discuter des activités faites en classe avec leur enfant une fois à la maison.

Autre atout selon la spécialiste : l’application peut être utilisée sur le téléphone, la tablette et l’ordinateur, et elle est gratuite.

Lourde tâche pour les enseignants ?

Alimenter plusieurs comptes, plusieurs fois par jour ou par semaine, peut sembler contraignant pour les enseignants. Brigitte Léonard soutient le contraire. La professeure apprend à ses élèves, en début d’année scolaire, comment ajouter leurs propres photos, des textes et comment enregistrer leur voix sur leur compte. Elle peut autoriser le contenu avant la publication.

Le parent reçoit une notification, comme avec Facebook, chaque fois qu’une nouvelle entrée est faite dans le compte de son enfant. Pour ne pas être dérangé au bureau, il peut régler l’application afin de recevoir un avis une fois par jour ou par semaine, précise Mme Perreault.

Dans sa classe de Mont-Tremblant, Brigitte Léonard avoue que quelques parents n’ont pas de téléphone intelligent, de tablette ou d’ordinateur à la maison. Ils ne peuvent donc pas suivre le profil de leur enfant.

« Pour ces élèves, c’est plus difficile, admet-elle. Mais on trouve d’autres façons de les inclure. »

En anglais seulement

Selon Claudine Perreault, le principal défaut de Seesaw est la langue. L’application n’est pas offerte en français. La conseillère pédagogique affirme cependant que l’usage de l’anglais n’est pas une barrière à son utilisation.

« Il y a beaucoup d’images et d’icônes qui sont faciles à reconnaître, explique-t-elle. Ça permet aussi d’apprendre des mots en anglais. »

Autre point négatif, les données publiées sur Seesaw sont emmagasinées sur des serveurs hébergés à l’extérieur du pays. Selon la Loi québécoise sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, le contenu publié par les écoles devrait être hébergé au Canada ou dans un pays dont les règles de protection des renseignements personnels sont similaires.

Selon Nicolas Vermeys, professeur agrégé à la faculté de droit de l’Université de Montréal, il est important d’avoir le consentement des parents avant de publier du contenu sur Seesaw. L’avocat conseille également de ne pas publier le nom des enfants ou des renseignements personnels dans l’application.

D’ailleurs, plusieurs enseignants ne publient pas le visage des enfants sur Seesaw et utilisent des noms fictifs ou des avatars afin de contourner ce problème.

Seesaw en chiffres

Lancée en 2015

Utilisée dans 50 pays dans le monde, dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et la France

Utilisée dans 200 000 classes de 25 000 écoles, dont le quart se trouvent aux États-Unis

D’AUTRES APPLICATIONS DE CLASSE

Class Dojo

Lancée en 2011, cette application permet, tout comme Seesaw, de publier des photos et des vidéos de classe aux parents. La grande différence ? Class Dojo propose également d’évaluer le comportement de chaque élève en classe à l’aide de points. Un aspect négatif, selon Claudine Perreault. « Je ne recommande pas cette fonction aux enseignants, affirme la conseillère. Les parents n’ont pas besoin de savoir en temps réel que leur enfant a perdu deux points parce qu’il a été irrespectueux avec un ami. C’est une gestion qui doit se faire à l’école. » Selon le site de Class Dojo, l’application est utilisée dans 180 pays et dans 90 % des écoles primaires et secondaires des États-Unis.

D’autres applications de classe

Challenge U

Cette application a été conçue au Québec en 2011. Elle s’adresse à des élèves plus vieux, soit ceux de la fin du primaire et du début du secondaire. L’application permet aux enseignants de créer en ligne des exercices, des projets de classe et des examens, puis de les faire partager avec les élèves. Selon le président de Challenge U, Nicolas Arsenault, l’application compte 140 000  utilisateurs, surtout au Québec.  Challenge U offre aussi aux adultes de terminer leur secondaire en ligne.

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