cas dans les transports en commun

Appel à la vigilance

Fièvre, toux, difficultés respiratoires, douleurs thoraciques : les autorités de la santé publique demandent à tous ceux qui ont fréquenté les mêmes lignes de métro et d’autobus qu’une Longueuilloise atteinte de la COVID-19 de rester à l’affût des symptômes de la maladie. Si le risque de contracter le virus demeure « très faible » au Québec, Montréal continue de se préparer à l’éventualité que le nombre de cas se multiplie comme, notamment, en Italie, où tout le pays est en quarantaine. 

COVID-19 

Une Québécoise infectée a pris les transports en commun

Une citoyenne de Longueuil atteinte de la COVID-19 a pris les transports en commun le 24 février et le 6 mars. Même si le risque de contracter la maladie à coronavirus est « très faible », les autorités de santé publique demandent à tous ceux qui ont fréquenté les mêmes lignes de transport aux mêmes moments de surveiller leurs symptômes de fièvre, de toux ou de difficultés respiratoires.

La patiente, qui a contracté la maladie sur un navire de croisière, a pris la ligne jaune en direction de la station Berri-UQAM, puis la ligne orange jusqu’à la station Champ-de-Mars. Elle a aussi emprunté la ligne d’autobus 88 à partir de la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke en direction du boulevard Mountainview. Il s’agit de l’une des lignes d’autobus les plus fréquentées sur la Rive-Sud.

La patiente était symptomatique lorsqu’elle a pris les transports publics. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la COVID-19 semble davantage se transmettre lorsque les patients ont des symptômes. Le virus serait toutefois moins contagieux que celui de l’influenza.

Selon la directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, les personnes qui ont emprunté ces trajets doivent surveiller l’apparition de symptômes durant une période de 14 jours après une possible contamination. Or, dans le cas du 24 février, cette période est expirée.

« On pourrait encore avoir des gens qui sont symptomatiques, donc on trouvait quand même important de parler du trajet du 24 février », a-t-elle souligné. « Ce que l’on sait, c’est que l’autobus du 24 février était davantage bondé que celui du 6 mars, donc il y a peut-être plus de personnes qui ont pu être exposées à cette date-là », a-t-elle ajouté.

Si les usagers des transports en commun ont des symptômes, ils devraient d’abord et avant tout appeler le 811, insistent les autorités de santé publique.

« C’est important que les gens ne paniquent pas, on ne le répétera jamais assez. » 

— La Dre Mylène Drouin

« Le risque demeure faible et l’on ne veut surtout pas que ces gens-là se présentent dans les urgences ou les cliniques s’ils sont complètement asymptomatiques. Ce que l’on veut, c’est qu’ils soient vigilants et que s’ils ont de la fièvre, de la toux, des difficultés respiratoires ou des douleurs thoraciques, qu’ils appellent Info-Santé. Info-Santé a tout en main pour identifier les trajets à risque et diriger ces personnes-là vers les bons services », dit-elle.

Des nettoyages plus fréquents

Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) procédera à de plus fréquents nettoyages de son équipement, a annoncé hier Alicia Lymburner, porte-parole de l’organisation. « Depuis janvier, on suit la situation de près. On se dit prêts à toute éventualité et nous sommes ouverts à revoir nos processus si la situation s’y prête », a-t-elle indiqué à La Presse.

En temps normal, les autobus sont désinfectés tous les 10 000 kilomètres, alors que ceux-ci font entre 50 000 et 70 000 kilomètres par année. Maintenant, les autobus pourraient être lavés en profondeur plusieurs fois par semaine, selon la porte-parole.

Bien que la Direction de la santé publique n’ait pas proposé de mesure allant en ce sens, Mme Lymburner a précisé que la mesure a été prise pour rassurer le public qui emprunte ses services.

Des passagers sans crainte

La nouvelle n’a visiblement pas ébranlé les passagers de la ligne 88 du RTL.

« Ça ne me fait pas grand-chose, a déclaré Luc Carrier, client du réseau rencontré dans la queue pour prendre le bus mardi après-midi. Je l’ai pris la semaine passée. Je n’ai pas de symptômes, je ne suis pas malade, et je suis les règles de sécurité, je me lave les mains », a-t-il ajouté.

Luc Carrier emprunte le trajet deux fois par semaine, et n’a pas l’intention de changer d’habitude si d’autres cas qui y sont reliés se déclarent. « Je prends quand même un minimum de précautions, mais il ne faut pas capoter là-dessus. »

Idem pour Lise Bernier, une autre passagère qui patientait dans la file. « Je me dis que me laver les mains, me protéger le visage, faire attention à ne pas me mettre les doigts dans la bouche devrait être assez. Ma fille travaille au CHUM, et elle m’a dit de faire toutes les mêmes choses que dans le cas d’une grippe normale », a-t-elle expliqué.

Même les deux chauffeurs de la ligne 88 avec qui La Presse a discuté n’ont pas fait de cas de la COVID-19. « Personnellement, ça ne m’inquiète pas plus que ça », a dit l’un d’entre eux, sans vouloir se nommer.

« Il y a eu le SRAS, la grippe aviaire, le H1N1, et quand ces grippes ont éclaté, c’était la folie furieuse, mais finalement, ça s’est avéré un pétard mouillé. Pour ce qui est du coronavirus, j’ai remarqué que les gens qui décédaient à la suite de cette maladie-là sont des personnes âgées et des personnes déjà malades. Rendu là, ça ne risque pas de me toucher », a ajouté l’homme dans la quarantaine.

Pas de nouveaux cas

Mardi, le Québec ne recensait aucun nouveau cas de COVID-19. Le nombre de personnes « sous investigation » a cependant bondi de 25 à 91 entre lundi et mardi.

Cette hausse n’est probablement pas étrangère à l’ouverture d’une première clinique de dépistage dans les anciennes urgences de l’Hôtel-Dieu à Montréal (voir autre onglet). Selon la Santé publique, une vingtaine de personnes se sont rendues à cette clinique, lundi, et 18, mardi, entre 8 h et midi. Rappelons qu’une seconde clinique de dépistage ouvrira ses portes aujourd’hui à Beauport, dans la région de Québec, puis une troisième, le 16 mars, à Longueuil. 

Le décompte est donc toujours à quatre cas « confirmés » et un cas « probable ».

La citoyenne de Longueuil est le quatrième cas recensé au Québec. Le cinquième cas, déclaré lundi soir, est toujours en attente d’une confirmation officielle. Il concerne une personne qui a voyagé en Irlande et qui est revenue au pays le 5 mars. Cette personne est en isolement chez elle, tout comme les membres de son entourage. Les personnes qui étaient à bord du même vol en provenance de Dublin ont été identifiées par la Santé publique.

En date d’hier, 465 analyses menées au Québec se sont avérées négatives.

À l’échelle nationale, le gouvernement canadien recense 79 cas confirmés, dont 36 en Ontario et 32 en Colombie-Britannique.

COVID-19

Montréal en mode « alerte », l’armée en renfort aux États-Unis

Alors que Montréal passait en mode « alerte » mardi, la COVID-19 continuait de se frayer un chemin dans de nouveaux pays sur divers continents, incluant le Panamá, la Mongolie, la Turquie et le Burkina Faso. Le premier ministre Justin Trudeau devrait annoncer ce mercredi des mesures pour aider les travailleurs et les entreprises touchés par le virus. Au sud de la frontière, le gouverneur de l’État de New York a décidé d’envoyer l’armée dans une petite ville victime de l’épidémie.

Montréal se prépare

Le Centre de sécurité civile de Montréal est passé en mode « alerte » mardi. La mairesse Valérie Plante précise qu’il s’agit de « mesures internes » pour assurer à la population la continuité des services de la Ville. Cette « veille » a pour but principal la coordination des consignes et des communications entre la Santé publique, la direction générale de la Ville et la Sécurité civile, a précisé une porte-parole de la Ville de Montréal. Si la situation empire, la ville passera du mode « alerte » au mode « intervention ». La mairesse souligne que même si « la situation à Montréal est sous contrôle, la propagation mondiale du virus évolue très rapidement ». Ce mode « alerte » signifie notamment que l’Organisation de la sécurité civile de l’agglomération de Montréal (OSCAM) prépare et déploie un plan afin d’assurer la continuité des services de la Ville aux Montréalais si la situation devait se dégrader.

Possible cas dans un collège de la métropole

Un lycéen du Collège international Marie de France, à Montréal, « est suspecté » d’être atteint de la COVID-19, a fait savoir l’institution mardi soir. Les classes de la seconde à la terminale (des jeunes de 15 à 17 ans) seront fermées ce mercredi. Le collège attend toujours une confirmation du test médical de l’élève avant de prendre une décision sur l’arrêt des cours pour une plus longue durée. Si l’évaluation est négative, les cours reprendraient dès le lendemain, a-t-on expliqué par communiqué. « Dans le cas d’une confirmation de la contamination de cet élève, la mesure de fermeture des classes de lycée sera maintenue 14 jours. La continuité pédagogique sera assurée tout au long de la fermeture », a-t-on indiqué. Le Collège international Marie de France est situé dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et accueille près de 2000 élèves. Il fait partie d’un réseau international d’écoles basé sur le cursus français.

Des annonces du fédéral

Le gouvernement Trudeau dévoilera ce mercredi des mesures visant à donner un coup de main aux travailleurs et aux entreprises touchés par la COVID-19. Selon les signaux qui ont été envoyés jusqu’à présent par différents ministres, le programme pourrait s’adresser aux travailleurs qui auraient à s’absenter du travail ainsi qu’aux entreprises qui en encaisseraient potentiellement les impacts (voir autre texte en écran 5). Le milieu de la santé, également, devrait en bénéficier. D’autres mesures pourraient aussi s’ajouter dans le budget fédéral, qui ne sera vraisemblablement pas déposé avant la fin du mois de mars. La ministre du Travail, Filomena Tassi, dit notamment vouloir éviter qu’une personne se sente forcée d’aller au boulot. « Nous voulons nous assurer que les travailleurs sentent qu’ils sont protégés, et qu’ils ne sont pas placés dans une situation où ils se sentent contraints d’aller travailler pour mettre de la nourriture sur la table », a-t-elle soutenu en point de presse après la réunion hebdomadaire du Cabinet.

Un ministre en isolement

Un deuxième élu des Communes s’est placé en isolement. « J’avais un rhume de cerveau persistant depuis quelques jours, alors par mesure préventive, j’ai consulté un médecin. On m’a recommandé un test de dépistage de la COVID-19 », a écrit sur Twitter le ministre des Ressources naturelles, Seamus O’Regan, mardi. « À ma connaissance, je n’ai pas été en contact avec une personne infectée, mais on m’a dit de demeurer en isolement en attendant les résultats. Je me sens bien. Mais je travaillerai de la maison », a ajouté le Terre-Neuvien, qui était au parlement cette semaine. L’un de ses collègues de caucus, Anthony Housefather, a annoncé lundi qu’il s’isolait à son domicile de Montréal après avoir été informé qu’il avait participé, il y a plus d’une semaine, à un événement où se trouvait une personne infectée par le nouveau coronavirus, à Washington. L’élu disait cependant se sentir « bien ».

Des soldats en renfort dans l’État de New York

Le gouverneur de l’État de New York a annoncé mardi avoir pris la mesure inédite de déployer des soldats de la Garde nationale américaine à New Rochelle, dans la banlieue nord de New York, épicentre de l’épidémie de COVID-19 dans cet État. Le gouverneur Andrew Cuomo a expliqué que les soldats de la Garde nationale – en nombre non précisé – seraient envoyés dans « une zone de confinement » de 1,6 km de rayon, au sein de cette ville de 80 000 habitants. Ils seront chargés de « ravitailler les habitants et de nettoyer les écoles », a-t-il indiqué. Selon des chiffres tweetés mardi par M. Cuomo, le comté de Westchester, dont New Rochelle fait partie, compte désormais 108 cas confirmés de COVID-19, sur un total de 176 dans l’État de New York. Le nombre de cas d’infection aux États-Unis a par ailleurs grimpé à 1025 mardi soir, et le nombre de morts a atteint 28, selon les statistiques diffusées par l’Université Johns Hopkins.

Les liaisons aériennes avec l’Italie coupées

Air Canada a annoncé l’annulation de tous ses vols vers l’Italie, au moins jusqu’au 1er mai. Le dernier vol vers Rome est parti dans la soirée du 10 mars de Toronto, et le dernier retour vers Montréal aura lieu le 11 mars. « En raison des règles imposées par le gouvernement italien et des préoccupations relatives à la santé et à la sécurité, Air Canada va suspendre son service entre le Canada et l’Italie », indique le transporteur dans une déclaration envoyée par courriel. La compagnie aérienne irlandaise Ryanair et les britanniques EasyJet et British Airways ont aussi annoncé la suspension de tous leurs vols vers et depuis l’Italie jusqu’au début d’avril.

Ailleurs dans le monde

Au total, plus de 119 108 cas de contamination, dont plus de 38 000 hors de Chine, ont été recensés dans 115 pays et territoires, selon les chiffres de l’Université Johns Hopkins. Sans compter que, effet collatéral de la COVID-19, « les écoles sont fermées dans 15 pays, affectant 363 millions » de jeunes, s’est alarmée l’UNESCO. La Grèce a annoncé à son tour mardi que tous les établissements scolaires garderaient leurs portes closes, tout comme en Italie et en République tchèque, tandis qu’une série d’universités américaines généralisaient les cours en ligne. La Turquie a annoncé mercredi avoir enregistré son premier cas de test positif au nouveau coronavirus, un homme ayant récemment voyagé en Europe dont l’état de santé est « bon », selon le ministre de la Santé. Peuplée de plus de 80 millions d’habitants, la Turquie est un pays très touristique qui a accueilli en 2019 quelque 50 millions de visiteurs.

— Avec La Presse canadienne, l’Associated Press et l’Agence France-Presse

L’Italie au temps de la quarantaine

La COVID-19 avait fait 631 morts en Italie en date de mardi soir, dont un triste record de 168 en 24 heures. La Slovénie et l’Autriche ont fermé mardi leur frontière avec l’Italie, tandis qu’Air Canada cesse ses vols en provenance et à destination de ce pays jusqu’au 1er mai. Coup de fil à des Québécois qui se trouvent là-bas.

« Dans la ville, depuis quelques jours, les gens s’éloignent quand ils ont à se croiser. »

Nathalie Jean, une Québécoise qui vit à Milan depuis 35 ans, va normalement au travail à vélo. Mais là, elle a décidé de marcher. « Ce n’est vraiment pas le temps de tomber à vélo et de devoir aller à l’hôpital. »

À son avis, l’Italie est exemplaire jusqu’ici dans sa gestion de la crise et elle applaudit à la fermeture des écoles, des restaurants et des bars à partir de 18 h ainsi qu’à l’obligation de ne se déplacer que par stricte nécessité. « Si tu dois aller travailler ou aller à l’hôpital, ça va. Si tu veux aller au yoga, non, ça ne va pas. J’ai des amis qui se sont fait demander où ils allaient par les policiers. »

Mme Jean dénonce la mollesse des autres pays européens, « qui connaîtront sûrement la même courbe exponentielle que l’Italie ».

« Dès qu’on a eu 100 cas, le gouvernement a réagi. La France en est à 1600 et elle ne fait rien. Il faudrait une loi à l’échelle européenne en cette matière. »

Elle-même fera « son devoir de citoyenne » et travaillera de la maison à partir de maintenant. Et elle fera, peut-être, des provisions. 

« Mes amis, surtout ceux qui ont des enfants, se sont constitué de grosses réserves, et ils me sermonnent parce que je ne l’ai pas fait. »

— Nathalie Jean, Québécoise vivant à Milan 

Solidarité

Ginette Caron, une Québécoise installée à Milan depuis 1980 et qui travaille en design graphique, voit le bon côté des choses.

« La ville est propre, sans pollution, sans touristes. On sent une solidarité particulière entre les gens, aussi. Ce n’est pas mauvais d’apprendre une nouvelle façon de vivre, de travailler de chez soi. Il y a du positif dans tout cela. »

Dans son quartier, où se trouvent un lycée et une université, les cafés et restos sont habituellement bondés d’étudiants. Là, c’est tout tranquille.

Ellie Barbe, qui habite à Arezzo (en Toscane, à 40 minutes de Florence), dit avoir fait quelques provisions supplémentaires, « des légumes congelés, de la viande, des fruits… »

Non parce qu’elle craint les pénuries, mais parce que comme tant d’autres, elle juge plus sage de limiter ses déplacements à l’épicerie.

À l’instar des autres Québécoises interrogées, Mme  Barbe trouve judicieuses les précautions prises par le gouvernement italien. « Autour de moi, on les accueille bien et les Italiens sont même plutôt fâchés contre leur employeur s’il rechigne sur le télétravail », dit-elle.

« On ne sent pas de panique, mais il y a une certaine nervosité dans l’air. » 

— Ellie Barbe, Québécoise vivant à Arezzo, en Toscane

« Les informations qu’on reçoit sont souvent contradictoires, mais les gens se disent que si tant de mesures sont prises, c’est sans doute que ça doit être grave pour vrai », poursuit-elle. 

L’Italie a été plutôt prise de court, et si elle ne s’inquiète pas pour elle-même, Mme Barbe se préoccupe des parents de son conjoint, qui sont âgés. « J’espère que les gouvernements canadien et québécois, qui ont eu le temps de voir venir la crise, se sont bien préparés. »

Nathalie Jean espère aussi que son pays d’origine sera en bonne partie épargné. « Franchement, au Canada, on ne vous souhaite pas cela. »

Cliniques spécialisées

Dans les coulisses du dépistage

Pour faire face à la pandémie et réduire le risque de propagation, Québec met en place trois cliniques spécialisées dans la détection de la COVID-19, dont quatre cas sont confirmés dans la province à ce jour. À Montréal, l’ancienne salle des urgences de l’Hôtel-Dieu a été reconvertie en clinique de dépistage. La Presse a visité cet établissement, où l’hygiène et la salubrité sont prises très au sérieux pour réduire les risques de propagation.

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