Voyage Québec

Le visage humain du projet Humaniti

Le projet Humaniti comprend un hôtel de 193 chambres et suites, 314 unités de location à long terme, 158 condos, un spa, un gym à la fine pointe, un restaurant gastronomique, une boulangerie et un supermarché Avril, entre autres. Dès juin, on pourra découvrir cette « communauté verticale évoluée » pour des vacances chez soi.

Un mois avant l’ouverture, Marie-Michèle Thibault et Mathieu Larochelle, respectivement directrice du marketing et directeur général de l’hôtel Humaniti, nous montrent le centre du « H ». Ce « trait » passerelle de 12 étages, qui relie la tour de condos à l’édifice où se trouvent le supermarché, les bureaux et la terrasse avec piscine, constitue l’hôtel.

L’audacieux design du complexe est signé Lemay + Escobar. Au neuvième étage se trouve le spa dessiné par l’architecte Jean-Pierre Viau et l’entrée de l’« Hyper Gym » sur deux niveaux, équipé de superbes appareils hydrauliques en bois NOHrD.

Les chambres, situées entre le 10e et le 19étage, ont un design épuré, dans les tons de jaune et de sarcelle. On peut y admirer une image poétique de la photographe Éliane Excoffier. Propriété du groupe immobilier Cogir (et de la FTQ), membre de la collection d’hôtels indépendants Autograph, de Marriott, Humaniti fait une belle place aux artistes québécois, avec, entre autres, la sculpture Anima de Marc Séguin, au cœur de la cour intérieure qui s’étend de l’avenue Viger à la rue De La Gauchetière.

Avec sa volonté de mêler clients d’hôtel, locataires et propriétaires de condo dans les espaces communs, Humaniti se targue d’être une « communauté verticale évoluée ». Sur le plan de l’accueil, on vise également une approche humaine redéfinie. Les « artisans » de l’expérience client seront polyvalents et s’occuperont d’accompagner chaque visiteur du début à la fin.

« C’est un concept qui, en plus d’être personnalisé, cadre parfaitement avec l’environnement sécuritaire qui est devenu une nécessité en temps de COVID-19. Les clients n’ont affaire qu’à une seule personne pendant leur séjour, avec le contact cellulaire d’un ou d’une collègue qui prend la relève quand l’employé termine son quart de travail, naturellement », explique Mathieu Larochelle.

Ouvrir en pandémie

Le directeur général et la directrice du marketing ont participé à l’ouverture d’un très grand nombre d’établissements en Amérique du Nord. Pour ces deux professionnels de l’hôtellerie, qui ont travaillé ensemble à plusieurs reprises depuis 2004, Humaniti est à la fois un virage à 180 degrés de leurs occupations plus récentes – surtout dans le cas de Marie-Michèle Thibault, qui tenait un poste sur mesure de gestionnaire de comptes marketing pour toutes les Amériques, chez Marriott International – et un retour aux sources qui fait du bien.

« J’ai beaucoup moins d’employés que d’habitude, alors je suis pas mal hands on pour ce projet. Dans mon poste précédent, je conseillais. Je pouvais travailler sur une quinzaine d’ouvertures d’hôtels en parallèle. Mais il n’y avait aucun de ces projets que je développais moi-même et que je menais jusqu’au bout. En tant que personne créative, j’aime voir les choses prendre vie. Quand on crée une marque et que le résultat final est livré sur son bureau, c’est comme Noël. »

En temps « normal », aussi, l’équipe marketing d’un projet du calibre de l’Humaniti se tournerait vers le national et l’international pour développer sa clientèle. L’hôtel serait plein dès son ouverture. « Mais là, on ne peut même pas viser l’Ontario comme marché », déclare Mme Thibault.

« Toutes nos actions du moment sont donc orientées vers la clientèle locale et on s’attend, comme les autres hôtels de la métropole, à pouvoir remplir à peut-être 20-25 %, cet été, alors que le taux d’occupation actuel des hôtels de Montréal tourne autour de 15 %. L’offre de départ sera clairement un staycation mieux-être pour les Québécois, que l’on invitera à découvrir nos nombreux services. »

— Marie-Michèle Thibault, directrice du marketing

Gastronomie en barquettes

Parmi ces services de l’Humaniti, il y a le restaurant H3, une table gastronomique pilotée par le chef Jean-Sébastien Giguère, du groupe Cogir Restaurants (comprenant aussi le Coureur des bois et la Cabane du Coureur, sur la Rive-Sud). Ouvert en formule à emporter depuis janvier, l’établissement fonctionne lui aussi à effectifs très réduits.

« J’ai un sous-chef exécutif, un chef de cuisine, un chef pâtissier à temps partiel, un sommelier et une directrice, confirme M. Giguère. On a ouvert pour servir la clientèle des tours et du quartier et pour que je puisse conserver les piliers autour de moi, en cette période où la main-d’œuvre en restauration est rare. Les commandes augmentent de semaine en semaine. Mais H3 est le genre de resto auquel on va pour le service, pour l’ambiance, pour l’expérience. Les barquettes en carton ne lui rendent pas justice. »

Le chef, qui a participé à l’ouverture de la Cabane Au pied de cochon, de la Brasserie T, du 1909 Taverne Moderne et de la Cabane du Coureur, entre autres, avoue qu’un lancement en pleine pandémie n’est pas particulièrement motivant. « C’est difficile. Dans ma tête, le H3 n’est pas ouvert pour vrai. Mais à terme, ce sera une grosse machine. Une fois que tout sera loué, vendu et habité, avec un hôtel qui roule, il y aura environ 1000 personnes dans ces tours-là. C’est du monde au pied carré ! »

Un retour à la « normale » ?

Qu’arrivera-t-il lorsque les gens recommenceront à voyager ? Les efforts de l’Humaniti et des autres hôtels québécois pour attirer la clientèle locale seront-ils redirigés vers l’extérieur ? Les Québécois auront-ils toujours envie de s’offrir des petites vacances à la maison ?

« Ça va dépendre du positionnement et de l’identité de l’hôtel, croit Marie-Michèle Thibault, qui donne en exemple les hôtels Germain, très appréciés des Québécois. Humaniti, par ses efforts pour intégrer l’art, la gastronomie, les marques de chez nous, va vouloir continuer de séduire les clients locaux.

« Et le propriétaire, Cogir, est une entreprise québécoise créée en 1995, reprise par le fils du fondateur. Les gens d’ici sont donc très intéressés par ce projet qui est particulièrement novateur. Des complexes à usage mixte comme celui-ci, il n’y en a pas beaucoup dans le monde. Les grandes chaînes d’hôtel internationales qui arrivent avec des concepts cookie cutter peuvent irriter les gens de l’endroit. Mais notre projet passe mieux sur le plan de l’intégration, vu notre collaboration avec les marques québécoises. »

L’hôtel Humaniti doit ouvrir dans la première semaine de juin. Les réservations sont ouvertes, avec une offre de départ de 269 $ la nuit.

Autres hôtels à venir

Un complexe hôtelier multi-enseignes Hilton doit ouvrir ses portes en septembre 2021. Les unités d’hébergement sont réparties sous l’enseigne Hampton (156 chambres) et Homewood Suites (97 chambres). Toutes les chambres et suites du Homewood sont équipées d’une cuisine complète et de laveuse et sécheuse, pour les longs séjours. Situé aux portes du Quarier chinois, à l’angle de l’avenue Viger et du boulevard Saint-Laurent, le complexe hébergera le restaurant Tiramisu, piloté par Dan Pham, du groupe Lucky Belly (Red Tiger, Blossom, Kamehameha Snack-Bar, etc.).

« Notre échéancier de départ prévoyait une ouverture en mai ou juin 2021, raconte Ian Marceau, directeur général du Hampton/Homewood Suites. On a décalé à septembre parce qu’on a commencé à sentir un peu les effets de la COVID-19 sur la main-d’œuvre en construction et dans les délais de livraison de marchandises. En plus, il n’y avait pas de raison de précipiter l’ouverture. Ce ne sont pas de grands retards, cela dit. »

Quant à l’hôtel-boutique Mile End, à l’angle de l’avenue Laurier et de l’avenue de l’Esplanade, il n’ouvrira pas avant l’été 2022. Le chantier sera peut-être relancé à la fin de l’été 2021. L’hôtel Four Seasons, en revanche, rouvrait cette semaine. Il était fermé depuis le mois d’octobre, la quasi-totalité des réservations de chambres ayant été annulées à l’annonce de la fermeture des salles à manger. Le spa, le gym, la piscine sont désormais accessibles. Seuls le restaurant Marcus, sa terrasse, son lounge et son bar restent fermés. Mais un forfait de gastronomie à la chambre est offert, permettant de découvrir le nouveau menu du chef Jason Morris (autrefois au Fantôme et au Pastel).

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