Immobilier

De grandes visées pour Saint-Côme

Situé tout à côté de la station de ski Val Saint-Côme, Oxygen Saint-Côme veut devenir le projet de chalets LEED le plus important en Amérique du Nord

Pendant plus de deux ans et demi, François Gagnon a patiemment négocié avec les propriétaires de terrains dans la montagne à Saint-Côme, juste à l’est de la station de ski Val Saint-Côme. Il a persévéré jusqu’à ce qu’il forme un territoire totalisant près de 2 millions de pieds carrés. Il a ensuite fait appel à Maryse Leduc, pionnière de l’architecture durable au Québec, pour mettre au point sa vision. Ainsi est né Oxygen Saint-Côme, qui regroupera dans un premier temps 80 chalets bâtis en visant la certification écologique LEED (Leadership in Energy and  Environmental Design).

« Quand je suis montée en raquette avec François Gagnon en haut de la montagne et que j’ai vu le site, j’ai perçu tout de suite le potentiel », explique Mme Leduc, qui prône la construction écologique depuis 35 ans. « J’ai parlé de développement durable et il a embarqué sur toute la ligne, pour qu’on fasse le projet de chalets LEED le plus important en Amérique du Nord. »

Elle s’est attelée à la tâche pour concevoir une vision d’ensemble. Elle a créé deux modèles de chalets de style contemporain et deux modèles de style scandinave, qui comportent au moins trois chambres et deux salles de bains. Deux autres modèles sont sur la planche à dessin. Son expérience l’aide à faire de bons choix et à viser l’essentiel.

« Tout en tenant compte du budget, on est au top avec la géothermie dans les deux maisons modèles actuellement en construction, le solaire passif, des matériaux sains, des matériaux durables et locaux et le plus possible d’intervenants locaux. »

— Maryse Leduc, architecte et pionnière de l’architecture durable au Québec

« Tout est là. C’est tout cela, l’écotourisme responsable, avec une approche centrée sur le bien-être », ajoute-t-elle.

En terrain connu

L’architecte, qui travaille beaucoup dans les diverses régions du Québec, avait déjà eu l’occasion de concevoir des chalets dans Lanaudière. François Gagnon, président d’Investissements Lyscor, connaît fort bien le secteur pour d’autres raisons : il a grandi en faisant du ski à Val Saint-Côme, tout comme sa conjointe. Ils continuent d’y skier en famille, avec leurs deux enfants de 13 et 7 ans.

« C’est la montagne la plus développée dans Lanaudière, avec 44 pistes pour tous les niveaux et tous les goûts, et du ski de soirée, souligne-t-il. Mais il n’y a pratiquement pas de chalets à louer. »

Il a décelé un besoin et a mis à profit son horaire atypique pour y répondre. Il travaillait jusqu’à récemment 14 jours consécutifs en Alberta, dans l’industrie pétrolière, et revenait 14 jours auprès des siens à L’Assomption, avant de repartir. « Cela ne cadre pas de prime abord avec le message lancé avec Oxygen Saint-Côme, reconnaît-il d’emblée. Mais mon rôle était de tout faire en mon pouvoir pour m’assurer que les développements faits dans le cadre de cette industrie-là soient réalisés de la manière la plus responsable possible. C’était mon mandat personnel et je me suis donné les outils pour y parvenir. »

Cette sensibilité l’a amené à vouloir effectuer du développement durable, dans le respect de l’environnement. C’est pourquoi il a contacté Maryse Leduc. « Elle faisait du vert avant que le vert existe, fait-il remarquer. J’essaie d’être vert dans mes démarches et je m’entoure de gens qui ont vraiment de l’expérience et sont capables de faire en sorte que les projets soient faits de la manière la plus responsable possible. C’est cela que Maryse a permis. »

Du jamais-vu

Dans un premier temps, 80 chalets de 1500 à 2500 pi2 (à des coûts variant de 650 000 $ à 1 million, terrain et de nombreuses infrastructures compris) seront construits dans la montagne. Le promoteur prévoit entre autres ajouter une piste de ski pour faciliter les allers et retours à Val Saint-Côme. Les propriétaires pourront louer leur résidence s’ils le désirent, mais ce ne sera pas une obligation.

« S’ils veulent louer leur chalet à court terme, on va mettre une société de gestion en place pour s’en occuper, précise M. Gagnon. S’ils veulent le louer à long terme, ils pourront le faire eux-mêmes. Et s’ils ne veulent pas louer du tout, il n’y a pas de problème. C’est leur maison. »

En villégiature, un tel engagement de construire 80 maisons individuelles LEED ne s’est jamais vu au Québec et probablement pas au Canada, indique Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation et évaluateur sénior LEED Canada pour les habitations. Il a visité les deux maisons témoins, dont la construction est très avancée.

« C’est du Maryse Leduc format compact, avec un design très réfléchi sur dalle, précise-t-il. C’est sûr que j’ai une faiblesse pour tout ce qui n’a pas de sous-sol. Non seulement y a-t-il moins de béton, mais aussi pas de trouble au printemps avec la remontée de la nappe phréatique, donc pas de moisissure. Ce ne sont pas des maisons énormes non plus. Les chalets ont souvent moins de 1000 pi2 au sol avec des mezzanines. »

« Avec le télétravail et la possibilité de vivre à la campagne pour de bon, je pense que ça va probablement être un projet plus habité qu’autre chose. Et s’il y en a qui décident de louer leur chalet, ça a parfaitement du sens sur le plan écologique. Cela permet le partage, pour que d’autres puissent en profiter, tout en rentabilisant l’achat. »

— François Gagnon, président d’Investissements Lyscor

Il s’agit d’une première étape, avec d’autres à suivre pour mettre en valeur le terrain de près de 2 millions de pieds carrés. La construction de 400 autres habitations, intégrées dans le dénivelé de la montagne, est entre autres envisagée.

Le promoteur a par ailleurs récemment conclu l’achat d’un ancien terrain de golf d’une superficie de 7,6 millions de pieds carrés, de l’autre côté de la montagne. Cela lui permettra de créer un projet récréotouristique d’envergure offrant des activités pendant les quatre saisons.

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