Paiement de L'Itinéraire par texto

Pas de monnaie ? Pas de problème !

Depuis le 8 septembre, les camelots de L’Itinéraire peuvent de nouveau brandir le magazine dans les rues et métros de la métropole. Une reprise des activités attendue, mais aussi révisée pour s’adapter à notre nouvelle réalité sociale « sans contact ».

L’année pilote du paiement par texto, proposé jusqu'ici par une poignée de camelots, s’achève avec succès. Appréciée de ceux qui n’ont pas toujours trois dollars en poche pour acheter le magazine, cette solution s’avère parfaitement adaptée aux nouvelles exigences de l’« ère COVID » : pas d’échange de monnaie, pas de contact !

« La réflexion sur un moyen de paiement complémentaire ne date pas d’hier », affirme Charles-Éric Lavery, chef du développement et de l’impact social du Groupe L’Itinéraire. « La première fois que j’ai parlé d’une solution de paiement à distance, c’était en 2017 », corrobore Luc Desjardins, directeur général. On peut dire qu’il a eu du flair.

Car, bien que cette démarche visait à l'origine à pallier le manque d’argent liquide en circulation – réalité grandissante et particulièrement dommageable pour les camelots, précisons-le –, le paiement par texto permet d’acheter le magazine sans contact et de le recevoir en ligne, dans sa version PDF.

Les clients ont dorénavant quatre voies pour soutenir les camelots et l’organisme qui, comme le dit son directeur général, est « aujourd’hui encore en mode survie ».

Un travail inclusif de longue haleine

« Développer des solutions innovantes fait partie de l’ADN de L’Itinéraire », affirme Charles-Éric Lavery. L’inclusion des camelots dans la conception aussi. En fait, celle-ci constitue la clé du succès, précise-t-il avec fierté. « Ils sont les experts de leur réalité de vendeur. »

« Proposer une solution de paiement rapide, facile et sécuritaire, c’est bien, mais si elle ne répond pas à la réalité de la vente d’un magazine dans la rue, ça ne sert à rien. »

— Charles-Éric Lavery

Il fallait donc trouver un partenaire qui adhère à cette philosophie d’inclusion pour développer LA bonne méthode.

C’est ainsi que Talsom, une firme-conseil spécialisée dans le développement de solutions numériques, apparaît dans le décor en mai 2018.

La rencontre est rendue possible grâce à Diane Bérard, chroniqueuse et journaliste de solutions pour Les Affaires, aujourd'hui au Devoir, qui animait alors un groupe de discussion sur l’innovation technologique au service de l’inclusion à l’Esplanade, un espace de travail collaboratif. Dès lors, Talsom s’est montrée enthousiaste et proactive. Un partenariat d’une grande efficacité venait de naître.

S’ensuit une multitude de séances de travail entre Talsom et les camelots, Talsom et l’équipe, Talsom et les clients... qui mèneront à un événement clé : le Design Thinking Jam de septembre 2018 à l’Espace Faubourg-Québec. L’effervescence collective est à son comble ! Plus de 150 personnes participent à ce jam d’idéation, y compris l’équipe de L’Itinéraire et des dizaines de camelots. Les propositions les plus folles fusent de toutes parts.

La solution du paiement par texto se dessinera quelques mois plus tard.

Tester et s’adapter

Après une formation théorique sur le paiement par texto, les camelots sont accompagnés par Talsom et L’Itinéraire pour tester le tout sur le terrain. Et la réponse des clients semble « hyper positive », estime Vanessa Tremblay, responsable de la distribution et chargée de la formation terrain des vendeurs.

L’Itinéraire cherchait une solution facile, simple et efficace ? Elle l’a trouvée. Il suffit de texter le mot « camelot », suivi du numéro du vendeur, au 30333, pour acheter son magazine en ligne. Les 5 $ (montant minimum imposé par la Fondation des dons sans fil du Canada, qui gère la transaction) sont ajoutés à la facture de téléphone sans fil du client. En échange, ce dernier reçoit un lien vers la version PDF du magazine. Et si l’acheteur souhaite ravoir les 2 $ qui lui reviennent, les camelots pourront les lui remettre après s’être « purellisé » les mains.

Cette solution n’est pas sans faille. Car si les paiements par texto sont visibles en temps réel par L’Itinéraire, l'organisme ne recevra physiquement l’argent que plusieurs mois plus tard, moyennant, bien sûr, que les acheteurs s’acquittent de leur facture de téléphone ! Un risque que le Groupe s’est assuré de ne pas faire peser sur les camelots qui en arrachent déjà assez.

L’Itinéraire 3.0 ?

La publication en ligne du magazine ces six derniers mois pourrait laisser croire que L’Itinéraire s'apprête à basculer dans le tout numérique. C'est loin d'être le cas. Pour Luc Desjardins, « l’argent liquide reste une nécessité », même si le Groupe demeure à l’affût de l’évolution de la société face aux types de paiements. En effet, que deviendraient les camelots si tout était numérique ? Eux qui redonnent un sens à leur quotidien et redorent leur estime d’eux-mêmes principalement par leur relation avec les lecteurs.

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