Adolescence 

Mode d’emploi pour survivre aux turbulences

Non, ceci n’est pas un énième guide pour parents en mal de trucs pour survivre à leurs adolescents. Bien au contraire : voici (enfin !) un livre qui s’adresse aux ados directement, pour les aider à comprendre, relativiser et démystifier leurs émotions, stress et autres pensées négatives. Objectif ? Trouver des outils qui leur serviront pour la vie.

L’idée ? « Promouvoir de saines habitudes de vie », résument les deux auteures et psychologues cliniciennes, Isabelle Geninet et Amélie Seidah, spécialisées dans les troubles de l’anxiété, qui publient ces jours-ci Tout savoir pour composer avec les turbulences à l’adolescence. « Il y a beaucoup de livres pour les enfants d’âge primaire, beaucoup pour les adultes, mais peu pour les jeunes. L’idée a germé en voyant, en pratique privée, que beaucoup d’adultes avaient pris de mauvais plis. »

« On voulait semer de saines habitudes de vie, dans un but préventif. »

— Isabelle Geninet et Amélie Seidah, psychologues et auteures

Surtout, ajoutent-elles, « ce n’est pas un livre pour les parents ou les intervenants, mais pour les jeunes, avec un langage, des exemples qui leur parlent ».

Ainsi, le guide, dont tous les chapitres peuvent se lire indépendamment, selon l’intérêt et le besoin (émotions et pensées difficiles, composer avec les incertitudes, orienter mes choix en fonction de mes valeurs, savoir gérer les crises et rebondir), est très aéré, bourré de jeux-questionnaires, illustrations et exemples concrets. « C’est vrai que ce n’est pas une clientèle facile à joindre, concèdent-elles. Mais on a essayé de rendre ça le plus alléchant possible. »

Très pratico-pratiques, les psychologues s’évertuent ici à décortiquer les réactions, émotions et inquiétudes habituelles des jeunes (et des moins jeunes) pour proposer des options plus constructives. À noter : on ne cible pas ici de problématique particulière. On s’adresse donc à l’ado moyen, qui stresse avant un examen, vit une peine d’amour, ou qui a peur de l’avis de ses copains. Faut-il le rappeler ?

« Il y a un mythe autour de la crise de l’adolescence. Seuls 15 % des jeunes vivent des choses vraiment très difficiles. »

— Isabelle Geninet et Amélie Seidah

« Beaucoup d’ados vivent des questionnements sans gros problème de comportement », précisent-elles.

Ce qui ne veut pas dire, par contre, que les questionnements, stress et autres boules d’émotions sont moins importants. « On veut démystifier pour normaliser. Pour que ça fasse moins peur. »

Un exemple ? Si un jeune se sent très mal avant un examen, qu’il est sûr de couler, donc décide de procrastiner au lieu d’étudier, est-ce constructif ? En quoi est-ce que cela le sert à court terme ? À moyen ou long terme, est-ce efficace ? Qu’est-ce qu’il pourrait se dire au lieu de se flageller ? « On veut amener le jeune à être curieux. À observer. À évaluer ses stratégies. » Et ultimement, à en oser de nouvelles.

Quatre choses à savoir sur les émotions négatives

Reconnaître qu’elles existent

C’est systématique. On a tendance à vouloir les oublier. Les chasser. Pourtant, elles existent. Rien ne sert de les nier. Parce que plus on essaye de ne pas y penser (« je n’y arriverai jamais »), plus elles vont nous hanter. Essayez de ne pas penser à un chameau pour voir. Qu’est-ce qui se passe ? Vous n’avez qu’un chameau en tête. CQFD.

En finir avec la pensée positive

Se dire que tout va bien aller, ce n’est pas mieux. Parce que c’est faux. « Ça ne fonctionne pas parce que ça invalide l’émotion qui est bel et bien là », expliquent les auteures. Solution ? « Il ne faut pas penser positif mais penser constructif ! »

Penser constructif

Pour penser de manière constructive, trois étapes s’imposent, que les auteures baptisent le ROC : ralentir (au lieu de partir « en mode panique »), observer (et mettre des mots sur les émotions) et choisir (ce qu’on s’apprête à faire et pourquoi).

S’autoréconforter

Rien ne sert d’être dur avec soi-même, au contraire, rappelez-vous que les moments difficiles ne sont jamais permanents. En cas de crise, prenez une minute pour vous parler gentiment, avec bienveillance et compassion. Comme à un ami. Posez-vous la question : « De quoi j’aurais besoin en ce moment ? » Les auteures proposent une dizaine de stratégies pour prendre une « pause » et se faire du bien : art-thérapie, sport, musique ? Trouvez votre truc. Et « laissez passer la vague ».

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