Opinion Diversité sexuelle

De LGBT à LGBTIQQA2s, pas facile de s’y retrouver  !

L’éventail de la diversité sexuelle ne cesse de s’allonger

La société reconnaît de plus en plus que la diversité sexuelle n’est pas nécessairement binaire, composée des sexes masculin et féminin. L’acronyme LGBT est entré dans l’usage. Toutefois, il ne cesse de s’allonger : on y ajoute continuellement de nouvelles lettres et parfois des chiffres pour devenir LGBTIQQA2s, au risque de le faire dévier de son sens premier.

Je vous propose ma propre réflexion sur la question en distinguant deux réalités, l’état d’être et les idéologies, tout en sachant que de nombreuses études universitaires proposent des concepts fort élaborés sur la question.

UN ÉTAT D’ÊTRE

L’orientation sexuelle est l’état d’être des personnes qui éprouvent des attirances affectives et sexuelles pour des personnes de l’autre sexe ou du même sexe : hétérosexuelles ou homosexuelles. J’entends ici par état d’être une caractéristique non choisie. Il en est de même pour l’identité de genre.

Tout un vocabulaire a émergé de la sortie du placard des personnes homosexuelles. Certaines femmes préfèrent être désignées comme lesbiennes (L), des hommes préfèrent le mot gai ou gay (G) et d’autres qui éprouvent une attirance sexuelle pour les deux sexes sont bisexuelles (B).

Aux avancées des communautés gaie et lesbienne se sont jointes les communautés transgenre, transsexuelle et transidentitaire, souvent désignées par l’abréviation trans, ou le T de l’acronyme. Il faut distinguer l’orientation sexuelle de l’identité de genre où des personnes de genre masculin, hommes, ne s’identifient pas à leur genre mais plutôt au genre féminin. D’autres de genre féminin, femmes, s’identifient au genre masculin. Elles cherchent à épouser un mode de vie conforme à leur identité.

Bien que l’identité de genre et l’orientation sexuelle soient deux réalités différentes, toutes les deux sont des états d’être, et non des choix de vie comme on l’entend trop souvent.

Au Québec, il est permis de demander un changement de sexe auprès du Directeur de l’état civil avant ou après avoir atteint sa majorité sans avoir recours à un processus médical de transformation.

D’autres personnes naissent avec des caractéristiques biologiques présentant les deux sexes. Autrefois connues comme hermaphrodites, on les appelle maintenant intersexuées (I), ce qui correspond mieux à leur réalité et à leur état d’être. Il n’y a pas encore si longtemps, le sexe de ces bébés était souvent modifié par les médecins à la naissance sans savoir si le choix du sexe serait celui correspondant à leur future identité de genre. En raison de son état d’être, le I pourrait compléter l’acronyme LGBT.

LES IDÉOLOGIES

Tout comme pour l’ensemble de la société, les personnes des communautés LGBT ont des idéologies, croyances et convictions personnelles. Au-delà de leur propre condition, certaines préfèrent s’identifier ou se définir davantage par leur idéologie que par leur état d’être. Elles se disent queer (Q), mot emprunté à l’anglais et souvent ajouté à l’acronyme. Leurs désirs sexuels et affectifs peuvent être orientés vers des personnes de leur propre sexe ou vers l’autre sexe. Le mouvement queer a été inspiré tantôt par le féminisme et tantôt par la recherche d’une seule identité qui ne serait ni féminine ni masculine. À ce sujet, déjà, on songe à ne plus inscrire le sexe des personnes sur les passeports et autres pièces d’identité.

La lettre Q de l’acronyme est aussi utilisée pour désigner les personnes qui sont en processus de questionnement quant à leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.

L’ajout de la lettre A dans l’acronyme cherche à joindre les personnes qui se disent asexuées. Elle comprend aussi les alliées et les autres personnes qui soutiennent la reconnaissance de la diversité sexuelle.

Aussi, notre histoire, celle émanant des communautés autochtones, nous a laissé en héritage le concept « d’êtres aux deux esprits », de l’anglais « two-spirit people », ayant un esprit masculin et un autre féminin. Cette double appartenance amène le 2s de l’acronyme. Dans cette culture, ces personnes avaient un statut privilégié.

GROUPES RADICAUX

À l’intérieur du mouvement LGBT, chaque personne a droit à ses idées, parfois radicales, voire anarchiques. Elles ont le droit de les faire valoir de manière respectueuse, ce qui ne fut pas le cas lors de la veillée à la mémoire des victimes d’Orlando tenue à Montréal, où un participant s’en est pris au premier ministre Couillard. Ce courant de pensée est marginal au sein de nos communautés et n’est pas représentatif.

RECTITUDE POLITIQUE

La rectitude politique impose l’utilisation de l’acronyme LGBT autant sur la place publique que dans les médias. À mon sens, il devrait encore être permis de parler d’homosexuels, de lesbiennes et de trans, sans devoir tous les assimiler sous un seul acronyme qui n’en finit plus de s’allonger : LGBTIQQA2s. Pour ma part, je n’ai pas de gêne à m’identifier comme homosexuel. Je termine avec une petite anecdote. Un politicien s’adressant à une foule dit « une personne LGBT ». Je ne connais aucune personne qui est à la fois lesbienne, gaie, bisexuelle et transgenre. Cet acronyme ne s’emploie qu’au pluriel, son utilisation au singulier est inappropriée.

Pas facile, tout ça  !

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