Analyse

Il faut qu’on parle d’Ismaël Koné

Malgré une défaite de 1-0 au Panamá mercredi, l’équipe canadienne masculine de soccer a confirmé sa première place au classement de la CONCACAF en vue de la Coupe du monde

Ismaël Koné n’a que neuf matchs professionnels sous les crampons, et il est déjà pressenti comme un des grands espoirs du soccer canadien.

Le jeune milieu de terrain de 19 ans connaît un début de carrière à tout casser. Il a fait ses débuts professionnels avec le CF Montréal en février. Il a déjà marqué deux buts et obtenu trois passes décisives sous les ordres de Wilfried Nancy.

Ses performances lui ont valu un tout premier rappel avec le Canada pour cette trêve internationale. Après avoir joué une dizaine de minutes au Costa Rica, le sélectionneur John Herdman faisait appel à ses services en tant que titulaire pour le match de mercredi au Panamá.

Le Canada s’est par ailleurs incliné 1-0 à Panama City, ce qui lui a tout de même permis de finir premier de l’Octogonale de la CONCACAF. On se rappelle évidemment que le travail de la qualification avait été accompli dimanche dernier, à Toronto.

Herdman ne s’en cache pas : il souhaite mettre en vitrine ses jeunes joueurs canadiens pour qu’ils aient rapidement la chance de jouer en Europe dans les plus grandes compétitions possible.

« Je veux permettre à ces joueurs d’aller chercher cette expérience, a-t-il commenté en visioconférence après la rencontre de mercredi. On veut pousser ces joueurs dans ces environnements compétitifs où ils peuvent avoir cette expérience de la Ligue des champions. Les Davies, David, Larin, Hutchinson et Borjan ont eu ces expériences. Ils ont joué dans des endroits hostiles, ils comprennent l’enjeu des grands matchs. On veut construire ça en tant qu’équipe. »

La veille, Herdman avait même ciblé précisément deux autres joueurs du CF Montréal en tenant essentiellement les mêmes propos.

« J’espère voir des joueurs comme Alistair Johnston et Kamal Miller se rendre à la prochaine étape et jouer dans les meilleures ligues européennes, avait-il lancé. […] Quand tu vois les joueurs américains qui jouent dans des clubs de la Ligue des champions, on se gratte un peu la tête de voir nos Canadiens qui jouent encore en MLS. »

Koné n’en est encore qu’à ses balbutiements, et sa performance de mercredi le prouve. Il a entrepris son match nerveusement, même s’il a fini par trouver son rythme. Mais reste que si le Canada a remarqué son talent rapidement, il ne doit pas être le seul à avoir pris des notes.

Les partisans montréalais qui suivent le CF Montréal savent que la stratégie actuelle du directeur sportif Olivier Renard est de faire jouer et d’acquérir de jeunes joueurs pour potentiellement les revendre à fort prix.

Avec Koné, ça pourrait porter ses fruits rapidement. Mais encore faut-il que l’on ne précipite pas son développement. Y aura-t-il des divergences d’opinions sur ce plan entre club et sélection ?

« Les Canadiens sont réalistes, avançait Herdman mercredi. On a une bonne équipe, mais ça prend cinq à six joueurs qui jouent dans des équipes de premier plan dans l’alignement partant. Ces gars doivent non seulement jouer dans les cinq plus grosses ligues, mais ils doivent être opposés aux meilleures équipes de façon régulière. C’est ce que la recherche nous dit, si on analyse les 15 dernières Coupes du monde. C’est vers cela que l’on pousse. »

Un match sans vrai enjeu

Les Canadiens avaient obtenu leur qualification pour la Coupe du monde dimanche dernier à Toronto. Le Panamá avait vu ses rêves tomber à l’eau contre les États-Unis au même moment. Les enjeux étaient donc au minimum pour cette rencontre.

Le Panamá a pris les devants à la 49minute, gracieuseté d’une belle reprise de Gabriel Torres sur un superbe centre de Cristian Martinez.

Après une première période tranquille, le jeu s’est ouvert à ce moment. Les changements de part et d’autre aidaient sur ce plan.

Alistair Johnston s’est brillamment replié à la 58e avec une furieuse course vers sa surface, avant d’y tacler parfaitement l’attaquant panaméen. Ce jeu venait confirmer un très bon camp canadien pour le défenseur du CF Montréal.

Maxime Crépeau a eu l’occasion de se faire valoir pour ce dernier match, lui qui a généralement joué le rôle de second derrière Milan Borjan dans ces qualifications. Il s’est notamment signalé à la 77e sur un bon tir bas à sa droite.

L’entrée en jeu de Cyle Larin et de Junior Hoilett a poussé le Canada vers l’avant. À la 80e, on pensait bien que l’unifolié avait égalisé, mais le but de Larin a finalement été refusé pour hors-jeu après vérification de la reprise vidéo.

On vous parlait d’enjeux minimes : le seul qu’il restait au Canada était de l’emporter pour tenter d’améliorer le mieux possible son classement FIFA. Il aurait ainsi pu faire partie du troisième chapeau – au lieu du quatrième – lors du tirage au sort de vendredi. Ce qui lui aurait permis d’être jumelé à une équipe plus faible lors de la formation des groupes.

Mais ça n’arrivera pas. Et ce n’est pas très grave. Le Canada a fini premier de son groupe, devant le Mexique (grâce au différentiel de buts) et les États-Unis. Et il est qualifié pour la Coupe du monde.

Le Costa Rica a quant à lui pris la quatrième place et devra affronter la Nouvelle-Zélande en match de barrage.

« Je ne dirai jamais qu’on ne veut qu’aller au Qatar pour y participer, estime Herdman. On veut absolument y aller pour être en compétition. […] Notre mission, depuis le premier jour, a été de marquer le premier but canadien de son histoire en Coupe du monde. On veut obtenir notre premier point, et peut-être aller chercher une première victoire pour nous permettre de sortir du groupe. »

« On veut continuer à défier les probabilités. »

Prochaine étape pour le Canada : le tirage au sort pour les groupes, vendredi

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.