Tournoi international pee-wee de Québec

Manon Rhéaume et Sylvain Côté immortalisés

Québec — Très peu d’athlètes féminines ont l’honneur de voir une statue avec leur visage. La joueuse de hockey Manon Rhéaume entre dans l’histoire… une fois de plus.

Le Tournoi international de hockey pee-wee de Québec a maintenant sa place – très méritée, doit-on préciser – dans l’allée commémorative du hockey à Québec, à la place Jean-Béliveau.

« L’évènement fait rayonner notre région aux quatre coins du monde depuis 1960, et le mot n’est pas trop fort », a lancé le maire Régis Labeaume en conférence de presse, mercredi.

D’une part, l’œuvre rend hommage à deux grands joueurs dont le passage au tournoi n’a pas été oublié. D’autre part, on souligne l’implication des « très généreux » bénévoles, sans qui l’évènement ne pourrait pas avoir lieu.

Manon Rhéaume est une femme de « premières ». Personne n’est surpris d’apprendre qu’elle est parmi les premières athlètes transformées en bronze dans le monde.

« J’ai vécu le tournoi en tant que joueuse, entraîneuse, en tant que mère, puis toutes les fois, c’était un évènement extraordinaire. »

– Manon Rhéaume

Elle s’est présentée à Québec mercredi avec des papillons dans le ventre, aussi stressée qu’à son premier match au tournoi pee-wee, en 1984. C’était la première fille à se lancer sur la glace dans un match officiel.

Ensuite, elle a été l’entraîneuse de la première équipe féminine à prendre part au tournoi. Puis, elle était là lorsque deux équipes de filles se sont affrontées pour la première fois pendant l’évènement. Finalement, ses deux garçons ont participé au tournoi.

Manon Rhéaume a aussi été la première (et toujours la seule) femme à participer à un match de la LNH. C’était en 1992, avec le Lightning de Tampa Bay, lors d’une partie préparatoire. Elle continue d’ailleurs de rendre accessible le sport pour les jeunes filles et d’être une fière ambassadrice du tournoi.

Pour toutes ces raisons, Manon Rhéaume a été choisie pour la statue de bronze qui décore maintenant la place Jean-Béliveau. Ses plus sincères remerciements ont été pour ses parents, Pierre et Nicole, mercredi.

« Mon père avait besoin d’un gardien de but pour son équipe, et moi, je jouais seulement avec mes frères sur la patinoire qu’il nous faisait tous les hivers. […] Pourquoi pas moi ? », a raconté Manon Rhéaume, avec beaucoup d’émotion dans la voix.

Ce premier match – ses parents ont finalement accepté de la faire jouer – a été le début de tout.

« J’étais la seule fille avec les gars dans ce temps-là. [Mes parents] ont entendu toutes les choses possibles ou impossibles. Des personnes les supportaient, et d’autres personnes disaient que c’était fou de me laisser jouer au hockey. Ils sont encore là aujourd’hui pour me supporter. »

Le fin détail

Le dévoilement de l’œuvre s’est déroulé mercredi, avec plusieurs invités, dont la famille de la hockeyeuse.

« C’est gros. Tu regardes ça et tu te souviens d’elle à cet âge-là et tout ce qu’elle a traversé. Le nez… il est pareil ! », lance sa mère, Nicole.

« Le fin détail, c’est ce qu’on a voulu pousser au maximum. On a fait du mieux qu’on pouvait ! », affirme l’artiste-photographe Guillaume D. Cyr, qui signe l’œuvre.

Comme point de départ, il avait des photographies. Il a essayé de les reproduire le plus fidèlement possible, tout en bronze.

L’artiste a même représenté les vêtements d’époque dans le moindre détail. Les cheveux n’ont pas changé. Manon Rhéaume vous dira que dans ce temps-là, sa coupe était à la mode… même si ses enfants doutent de son affirmation.

À ses côtés, en bronze aussi, figure Sylvain Côté.

Sa famille l’a représenté mercredi, pour le dévoilement. Il ne pouvait être présent en raison des restrictions de voyage attribuables à la COVID-19.

Dans un discours lu par sa sœur, il a souligné le dévouement des bénévoles qui en font le succès depuis le début. Il remercie surtout ses coéquipiers. Le tournoi pee-wee a été la bougie d’allumage pour le midget AAA, les Remparts et la LNH.

Côté et son équipe ont remporté les grands honneurs du tournoi à deux reprises, en 1978 et en 1979.

« Il était le meilleur joueur local à ce moment-là, il a dominé le tournoi, c’était incroyable. Il est aussi probablement le meilleur joueur pee-wee à avoir joué ici », a résumé Marc Durand, journaliste sportif et président de la Société d’histoire du sport de la Capitale-Nationale.

L’œuvre d’art a été réalisée au coût de 231 000 $ et a été financée par l’organisme J’ai ma place.

En 2020, J’ai ma place a officiellement fermé les livres en remettant 460 000 $ à la Ville de Québec pour la commémoration du hockey à la place Jean-Béliveau. Une somme de près de 229 000 $ a également été allouée pour réaliser l’aménagement de l’allée commémorative.

Les bénévoles

À tour de rôle mercredi, les invités ont remercié les précieuses personnes qui donnent de leur temps chaque année, pour l’amour du hockey et de son histoire.

« On a 850 bénévoles, incluant les familles d’accueil. Ce n’est pas rien, tous les ans, personne ne veut partir. Ça prouve le dévouement de ces bénévoles-là. Sans eux, c’est clair que je n’aurais pas cette job-là, le tournoi n’existerait pas. L’œuvre d’art est pour eux et c’est très important », note Patrick Dom, directeur général du Tournoi international de hockey pee-wee de Québec.

Pour le comité de sélection et la Ville de Québec, il apparaissait évident de laisser une grande place aux bénévoles, question de raconter l’histoire la plus juste. Une baie vitrée expose des textes et des photographies qui témoignent de la riche histoire entre les bénévoles et les jeunes joueurs.

Les images en montrent beaucoup, il fallait se limiter, a-t-on précisé à de multiples reprises. Mais il s’agit d’une page importante du grand livre qu’est le Tournoi pee-wee, et tout le monde peut maintenant la consulter.

Il s’agit de la quatrième œuvre d’art de cette allée commémorative, qui présente déjà des œuvres en hommage à Jean Béliveau, aux frères Stastny et à Joe Malone.

Cette allée d’histoire sera prochainement bonifiée avec les sculptures de Guy Lafleur et de Réal Cloutier, qui apparaîtront à l’automne.

Un monument en hommage aux joueurs noirs des As de Québec, Willie O’Ree, Herb Carnegie et Stan Maxwell, s’ajoutera en 2022.

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