Un marathon au pôle Nord
Marathonien d’exception, le Trifluvien Patrick Charlebois accomplira un rare fait d’armes dans son sport. En effet, en avril prochain, Charlebois prendra le départ de la 18e édition du North Pole Marathon, l’épreuve de sa discipline disputée la plus au nord sur le globe.
« Nous allons courir autour du pôle Nord à sept reprises. C’est comme faire le tour du monde sept fois. Je trouvais que c’était un beau défi par rapport à ce que j’ai fait il y a cinq ans, soit quand j’ai fait le tour du monde en sept jours. C’est un peu l’inverse. C’est le marathon le plus difficile au monde selon plusieurs sources, en raison des conditions météo imprévisibles », a relaté Charlebois.
Grâce à cette participation, le Mauricien deviendra le 118e membre du club Marathon Grand Slam, réservé aux athlètes ayant couru au moins 42 km sur les sept continents de la planète ainsi que sur l’océan Arctique. Au-delà de ce rarissime fait d’armes qui le remplit de fierté, Charlebois ne se présente pas au domicile du père Noël pour faire de la figuration. Il espère le podium, ni plus ni moins.
« Je m’entraîne dans le but d’atteindre une bonne performance. Je vise un podium, ce qui n’a jamais été fait par un Canadien. »
Pour participer à ce rendez-vous au pôle Nord, Charlebois a eu droit à un laissez-passer à la suite de sa victoire au Volcano Marathon tenu au Chili en novembre dernier.
Un contexte hors du commun
À la base, faire un marathon, ça demande une énorme préparation. Alors, imaginez ce que ça prend pour faire celui qui est reconnu par Guinness World Records comme le plus au nord sur Terre.
Le tout se déroule à Longyearbyen, un camp de base conçu expressément pour les besoins de l’évènement. Initialement, les coureurs doivent se rendre à Svalbard, un archipel norvégien, pour le 7 avril. Après une journée de préparation, les participants sont amenés par avion à Longyearbyen afin de parcourir les six boucles de 7 km de ce marathon le 10 avril.
« Ça prend deux heures et demie de vol pour aller au campement. La piste d’atterrissage est sur la glace, bien entendu, mais il arrive qu’il y ait des crevasses. C’est arrivé que l’avion soit obligé de retourner à Svalbard, le temps que la piste soit réparée. C’est propre au pôle Nord. Nous ne savons pas à quoi nous devrons faire face là-bas. »
Le tout se déroule sur une calotte glaciaire d’une épaisseur pouvant aller de 6 à 12 pieds. En dessous, c’est l’océan Arctique qui s’étend jusqu’à 12 000 pieds de profondeur. En plus du froid mordant et du vent, les coureurs devront faire attention aux fissures et à la glace au sol.
« En comparaison à l’Arctique, on m’a décrit l’Antarctique comme une marche dans le parc. L’Antarctique, c’est un continent où il y a du dénivelé et des montagnes. Le pôle Nord, c’est un océan. Le vent vient de très loin et il fait très froid, bien évidemment. Tout ça se passe loin de la civilisation également. »
Ce n’est pas tout, cependant. Pour cette course, il y aura des soldats armés qui baliseront le trajet. Pourquoi seront-ils armés ? C’est au cas où un ours polaire se présente et qu’il menace la sécurité des participants.
Parfait pour rassurer, n’est-ce pas ?
« La logistique est exceptionnelle. C’est le marathon le plus cher par kilomètre à cause de ça. Il doit y avoir des gens qui montent le campement là-bas. Il y a aussi les soldats qui balisent le parcours pour abattre les ours polaires si nous sommes attaqués. »
– Patrick Charlebois
Pour se préparer adéquatement en vue de cet imposant défi, Charlebois a la chance d’habiter dans un pays nordique comme le nôtre, ce qui lui a offert des conditions hivernales difficiles pour s’entraîner. Il a notamment fait quatre heures de course à - 40 °C avec plus de six pouces de neige au sol en février dernier.
« Quand tout le monde était encabané près du foyer un samedi matin, moi, j’étais dehors en train de simuler un vrai marathon sur la piste cyclable au parc Lambert à Trois-Rivières. La surface était très dure. Je m’étais mis de la vaseline sur le visage et je gérais mon eau et l’alimentation avec ce froid. C’était une belle réussite. Mon équipement est à point. J’ai apporté quelques correctifs, car j’ai eu des engelures au visage. C’était utile comme préparation. »
Le coureur d’expérience fait valoir que le marathon du pôle Nord est un défi mental à 90 %. Il croit également que le fait d’être canadien lui donne un certain avantage.
« Les Européens, les Asiatiques et les Américains n’ont pas ce climat à la maison. Au Canada, nous avons un hiver. Il est doux cette année, certes, mais j’ai pu m’entraîner dans des conditions qui ressemblent un peu à ça. »