Le portefeuille des lecteurs

Cinq leçons à retenir

Le choix judicieux de titres vaut des performances exceptionnelles à trois des quatre portefeuilles suivis, dans le cadre de notre exercice populaire de sélection des 10 titres canadiens les plus prometteurs pour 2015.

En début d’année, nous avions invité les lecteurs de La Presse Affaires à choisir leurs favoris parmi notre sélection LPA 100 des principaux titres boursiers canadiens. La mesure de performance est le rendement total, c’est-à-dire la progression boursière plus les dividendes enregistrés.

Le rendement total de près de 8 % obtenu à ce jour par les chouchous de nos 4516 répondants représente une réelle performance alors que la Bourse de Toronto stagne. Notre expert invité, Philippe Pratte, agent indépendant de Canaccord Genuity Gestion de patrimoine, a encore mieux fait avec un rendement de plus de 9 % pour son portefeuille « vitaminé ». Pour sa part, le trio de HEC Montréal brille toujours avec un rendement admirable de 15 % pour sa savante sélection.

Voici cinq leçons qui se dégagent de l’expérience jusqu’à maintenant.

INVESTIR DANS LA PROXIMITÉ

Est-ce le chiffre chanceux ? Le portefeuille des lecteurs de La Presse Affaires, dans lequel figurent 7 titres québécois, s’est apprécié de 7,7 %, depuis le début de l’exercice, le 30 janvier. On retiendra surtout de cette coïncidence le bénéfice d’investir dans des entreprises de proximité, sur lesquelles il est plus facile de se faire une opinion parce que mieux informé. Les sociétés Dollarama et Alimentation Couche-Tard, du coin de la rue, ainsi que le géant pharmaceutique Valeant, également connu pour sa très haute cote d’amour dans la communauté financière, n’ont d’ailleurs pas déçu les lecteurs de LPA avec des rendements extraordinaires. La tentation de spéculer sur la vedette médiatique Bombardier a quand même un peu gâché la recette.

PRENDRE SES DISTANCES DES INDICES

« Il ne faut surtout pas calquer l’indice de référence pour construire un portefeuille. C’est en se détachant de l’indice canadien, composé surtout de titres financiers ou du secteur de l’énergie, que nous avons réussi à nous démarquer », affirme Antoine Camus, de HEC Montréal. Le portefeuille modèle du groupe affiche un rendement de 15,2 %, à comparer à - 0,01 % pour l’indice général S&P/TSX du marché boursier canadien. Son succès repose sur trois entreprises de consommation discrétionnaire, à savoir le distributeur de pièces automobile Uni-Select, Magna International, qui les fabrique, et le spécialiste des produits récréatifs BRP.

BIEN CHOISIR CHAQUE TITRE

Les trois portefeuilles gagnants ont en commun une sélection de titres basée sur un habile picorage (stock-picking) de titres. Le portefeuille de dividendes, avec un rendement négatif de 2,1 % sur six mois, reposait pour sa part sur un modèle quantitatif cherchant à repérer les meilleures redevances dans les différents secteurs économiques, à la manière de fonds de gestion indicielle ou passive. Le modèle a sombré dans une trappe à dividendes, les titres à revenus comme BCE, Valener ou Mediagrif ne s’illustrant guère en cette période de léthargie économique. Même si les valeurs extrêmes ont été écrémées, Bombardier est par ailleurs passé à travers les mailles du filet un peu avant de sabrer son dividende trimestriel.

S’ADAPTER À L’ÉCONOMIE

« Il y plus d’un chemin qui mène à Rome et chaque stratégie d’investissement a son moment de rentabilité », souligne Philippe Pratte, agent indépendant de Canaccord Genuity, qui rappelle le ralentissement de l’économie canadienne qui prévalait déjà au début de l’exercice, en janvier. Dans ce contexte, son processus de sélection a favorisé une combinaison de titres à tendance haussière avec une croissance constante de leurs bénéfices. « Ceci permet de générer des résultats intéressants tout en minimisant la volatilité en cas de changement fondamental du marché », conclut notre expert invité fort d’un rendement de 9,4 % en six mois.

TOUS POUR UN

Antoine Camus attribue une autre bonne partie du succès du portefeuille soumis avec ses collègues Gabriel Grenier et Yannick Martineau Goupil à l’expertise apportée par chacun des 25 étudiants du club d’investissement de HEC Montréal qui se sont partagé 31 secteurs à analyser. « C’est ainsi que nous avons pu détecter les opportunités, affirme le porte-parole du trio champion. La force du nombre et la gestion en équipe sont des valeurs ajoutées. »

— Avec Lucie Goupil, La Presse

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