L’ordre des inhalothérapeutes veut un baccalauréat

Estimant que la formation des inhalothérapeutes du Québec est insuffisante pour bien soigner des patients dont l’état est de plus en plus complexe, leur ordre professionnel réclame que le programme collégial menant au droit de pratique soit remplacé par une formation universitaire.

« Ça fait plus de 20 ans que l’on parle de la nécessité de rehausser la formation initiale des inhalothérapeutes pour mieux protéger le public », affirme le président de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ), Jocelyn Vachon.

Selon lui, l’actuelle pandémie de COVID-19 a démontré l’importance de l’expertise des plus de 4400 inhalothérapeutes de la province. Des patients gravement atteints par la maladie se sont retrouvés sous respirateur et ont bénéficié des soins des inhalothérapeutes, explique M. Vachon.

Préjudice aux patients

Dans un mémoire qui sera déposé mercredi et que La Presse a obtenu, l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes, conjointement avec le Collège des médecins du Québec, presse l’Office des professions et le gouvernement d’aller de l’avant avec le rehaussement de la formation des inhalothérapeutes.

Les deux ordres écrivent que « l’impréparation des inhalothérapeutes devant les compétences attendues dans certains milieux cliniques […] peut porter préjudice aux patients et désorganiser des équipes soignantes ». « Elle place les jeunes inhalothérapeutes dans une situation de vulnérabilité », est-il écrit dans le mémoire.

Les inhalothérapeutes travaillent dans les hôpitaux, notamment aux soins intensifs et en salle d’opération, et assurent la prise en charge du système cardiorespiratoire des patients. Mais ils œuvrent aussi de plus en plus à domicile, explique M. Vachon.

« La pratique a beaucoup changé au fil des ans. C’est de plus en plus complexe. »

— Jocelyn Vachon, président de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec

« Les patients ont de plus en plus de comorbidités. Les médicaments ont changé », ajoute M. Vachon.

Selon M. Vachon, plusieurs notions importantes, dont le jugement clinique, ne sont pas enseignées dans la formation collégiale des inhalothérapeutes actuellement. « Ils apprennent souvent ces notions sur le terrain », dit-il. Une situation « inquiétante », selon l’OPIQ, « puisque la qualité de l’encadrement peut varier grandement selon les milieux de pratique ».

Pour l’OPIQ, seule une formation universitaire permettrait d’inculquer toutes les notions aux étudiants. Les inhalothérapeutes sont aussi appelés à travailler dans des équipes multidisciplinaires. « Ils travaillent avec des médecins, des infirmières, des pharmaciens… Des professions qui sont toutes à l’université. Donc, pour les côtoyer et travailler l’interdisciplinarité, il faut être à l’université », note M. Vachon.

Un dossier qui s’étire

Depuis 2008, le dossier du rehaussement de la formation des inhalothérapeutes est considéré comme une priorité par le gouvernement, selon l’OPIQ.

« L’empoussiérage de ce dossier prioritaire pourrait n’être qu’une saga bureaucratique gênante s’il n’avait pas de sérieuses conséquences. »

— Extrait du mémoire rédigé conjointement par l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes et le Collège des médecins du Québec

« Considérant les lourdes responsabilités imposées aux inhalothérapeutes qui doivent veiller, dans une panoplie de circonstances complexes […], au maintien de la fonction respiratoire, l’incapacité des gouvernements successifs à s’assurer qu’ils sont adéquatement formés est pour le moins déplorable », peut-on lire dans le mémoire.

Pour sa part, le Collège des médecins estime qu’« alors que la population québécoise est vieillissante, que les maladies chroniques augmentent et que de plus en plus de personnes présentent des situations complexes de comorbidités […], il est désormais incontournable d’aller de l’avant » avec la création d’un baccalauréat pour les inhalothérapeutes. « Tout report supplémentaire serait jugé inacceptable », écrit le Collège.

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