Compagnies à bas prix

À contre-courant, Flair Airlines s’enracine à Montréal-Trudeau

Des quatre transporteurs canadiens à bas coûts, Flair Airlines est le seul dont les avions se posent au Québec. L’entreprise albertaine s’enracinera davantage à Montréal-Trudeau en faisant le pari que bon nombre de voyageurs n’ont pas « de compagnie aérienne qui répond à leurs besoins ».

Flair caresse de grandes ambitions pour la prochaine saison estivale. Elle planifie une croissance de ses activités de l’ordre de 50 %. Pour le Québec, cela signifie l’ajout de correspondances entre Montréal-Trudeau et l’aéroport Pearson de Toronto. En moyenne deux allers-retours quotidiens seront offerts. Le transporteur a présenté le premier volet de sa stratégie, mercredi.

« Nous savons qui sont les principaux acteurs à Montréal et c’est correct pour nous, affirme le directeur de la planification et de la programmation du réseau de Flair, Eric Tanner, en entrevue téléphonique. On veut offrir un produit aux consommateurs qui veulent voyager et dont le vol n’est pas [la principale dépense du] voyage. »

Comment convaincre les voyageurs d’atterrir à l’aéroport Pearson, situé à une quarantaine de kilomètres du centre-ville de Toronto, quand on peut atterrir à Billy-Bishop, au cœur de la métropole, sur les ailes d’un concurrent ? Avec des vols qui coûtent plusieurs « dizaines de dollars » de moins, selon M. Tanner.

« Les voyageurs qui veulent faire l’aller-retour vers Toronto dans la même journée ou venir passer un week-end à Montréal, on croit que nos produits répondent à leurs besoins. »

– Eric Tanner, directeur de la planification et de la programmation du réseau de Flair

Ces dernières années, le Québec a été ignoré par les transporteurs à bas coûts canadiens qui ont fait leur apparition dans le ciel canadien. Cela a changé en juillet 2021 quand Flair a commencé à offrir des vols vers sept destinations au pays.

Canada Jetlines vient de lancer ses activités avec une liaison régulière entre Toronto et Calgary. WestJet est propriétaire de sa propre filiale à bas prix, Swoop, qui a pris son envol en 2018. Elle offre des destinations au Canada, aux États-Unis, au Mexique et dans les Caraïbes, mais ne se pose pas au Québec.

« À l’heure actuelle, Swoop n’a pas l’intention de s’étendre au Québec, a confirmé la compagnie dans une déclaration envoyée à La Presse. Nous évaluons continuellement notre réseau pour trouver de nouvelles occasions de croissance. »

Chez Lynx Airlines, le vol inaugural a eu lieu en juin dernier. Les aéroports québécois ne sont pas encore desservis par le transporteur albertain. L’entreprise n’a pas précisé, mercredi, si cela changera.

D’autres possibilités

Le modèle des transporteurs aériens à très bas prix mise généralement sur l’utilisation d’aéroports secondaires étant donné que leurs frais sont moins élevés et que l’achalandage moindre réduit les risques de retard. Cela n’empêche toutefois pas Flair de s’enraciner à Montréal-Trudeau. La question des frais aéroportuaires constitue cependant un frein, selon M. Tanner.

« Notre principal concurrent n’est pas Air Canada ou WestJet, affirme-t-il. Ce sont les frais aéroportuaires. Il y a des marchés où nous ne sommes pas présents qui pourraient devenir plus intéressants si les frais [de l’aéroport] étaient moins élevés. »

Reste à voir si le pari de la compagnie aérienne établie à Edmonton fonctionnera. Selon Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile, il existe un « certain potentiel », qui est cependant limité.

« Pourquoi on ne prend pas l’avion ? C’est essentiellement à cause du prix et des trajets. Sur cet aspect, il y a un potentiel à aller chercher. Mais après cela, il y a un plafond et on se bagarre pour la même part du gâteau. »

– Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile

Si l’émergence de transporteurs à bas coûts canadiens dans l’industrie aérienne suscite des espoirs chez certains, M. Ebrahimi ne croit pas qu’il y ait de la place pour tous ces nouveaux acteurs aux côtés des transporteurs bien établis comme Air Canada, WestJet et Air Transat. Il faut aussi tenir compte de Porter Airlines. Le transporteur table sur une expansion après avoir commandé des E195-E2 d’Embraer. Ces appareils, qui peuvent accueillir un plus grand nombre de passagers et parcourir de plus longues distances que les avions actuellement exploités par Porter, s’envoleront notamment de Montréal-Trudeau.

Pour les voyageurs, cela signifie des aubaines potentielles à court terme, mais cela risque d’être éphémère, selon M. Ebrahimi.

« La taille du marché canadien fait en sorte que tout le monde ne pourra pas être rentable, souligne-t-il. Ce n’est pas comme si l’on passait d’un marché d’une trentaine de millions de personnes à environ 300 millions. »


EN SAVOIR PLUS

4,5 %
C’est la proportion du nombre de vols annulés par Flair depuis le 1er juin. À l’instar de ses concurrents, le transporteur a été critiqué pour les annulations estivales.

Source: source : cirium

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