Train de vie

Le CELI comme moyen d’autofinancement de projets familiaux

Les chiffres

Valérie, 33 ans

Revenu d’emploi : 102 000 $

Actifs financiers :

- en régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 8000 $

- en compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 30 000 $

- participation au régime de retraite des fonctionnaires fédéraux

Julien, 33 ans

Revenu d’emploi : 55 000 $

Actifs financiers :

- en compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 20 000 $

- participation au régime de retraite du secteur public québécois (RREGOP)

Bilan commun :

Actifs non financiers :

- en résidence principale : 492 000 $ (valeur d’achat en 2020)

Passif :

- solde de prêt hypothécaire : 367 000 $

(à 2,97 %, échéance 5 ans/60 mois en 2025)

Principaux débours au budget commun :

- liés à la résidence : environ 35 000 $/an

- liés au style de vie : environ 30 000 $/an

- liés aux comptes d’épargne enregistrés : environ 21 000 $/an

Valérie* et Julien*, 33 ans tous les deux, se sont mariés en 2021. Ils sont deux professionnels qui ont chacun un emploi qui leur procure un revenu totalisant 157 000 $ par année, en plus de participer à de solides régimes de retraite à prestations déterminées du secteur public.

La situation

Le couple est aussi propriétaire d’une maison achetée pour 492 000 $ en 2020, et sur laquelle il prévoit réaliser pour quelques dizaines de milliers de dollars en rénovations au cours des trois prochaines années.

Entre autres, Valérie et Julien budgètent 20 000 $ en 2022 pour la rénovation des fenêtres, 40 000 $ en 2023 pour la réfection du revêtement extérieur et 30 000 $ en 2024 pour la rénovation des salles de bains.

En parallèle, Valérie et Julien planifient la naissance de leur premier enfant d’ici deux ans, et pour lequel ils seraient admissibles à de bonnes allocations de congé parental.

Aussi, Julien envisage un retour aux études universitaires à partir de l’automne 2023 afin d’obtenir un baccalauréat en soins infirmiers en formule accélérée sur deux ans.

Pour remplacer son revenu d’emploi durant ces deux années, Julien anticipe d’être admissible aux programmes gouvernementaux de prêts et bourses pour la formation d’infirmiers professionnels.

Dans ce contexte, Valérie et Julien cherchent des conseils afin, en premier lieu, d’optimiser leur planification budgétaire et financière en vue de leurs projets à moyen terme : rénovations résidentielles, premier enfant, retour aux études universitaires.

En second lieu, Valérie et Julien cherchent des conseils sur l’optimisation de leur planification financière et fiscale en vue de leurs objectifs à plus long terme : remboursement complet de l’hypothèque résidentielle, financement des études postsecondaires des enfants, constitution d’un actif en épargne-retraite indépendant de leur employeur.

Les préoccupations et la situation de Valérie et Julien ont été soumises au planificateur financier André Lacasse, du cabinet Services financiers Lacasse à Saint-Hubert, en banlieue de Montréal, affilié à la firme Services en placements Peak.

Les conseils

D’emblée, André Lacasse constate que Valérie et Julien sont en « très belle situation » de revenus d’emplois stables avec la participation à de solides régimes de retraite à prestations déterminées du secteur public.

« À leur âge [33 ans], ce sont des avantages importants pour la planification de leur sécurité financière à long terme, lors de la retraite prévisible dans une trentaine d’années », indique M. Lacasse au cours d’un entretien d’analyse-conseil avec La Presse.

« Aussi, ça leur permet de recentrer leur bonne capacité d’épargne vers leurs projets familiaux à court et à moyen terme, tout en optimisant le rendement financier et fiscal au fil des ans. »

Dans ce contexte, le premier conseil de M. Lacasse à Valérie et Julien est de prioriser les contributions maximales à leurs comptes d’épargne libre d’impôt (CELI), tout en délaissant les contributions additionnelles à leur régime enregistré d’épargne-retraite (REER) indépendant de leur emploi.

« Parce qu’ils sont déjà assurés de bons revenus de retraite en combinant les rentes du fédéral, du Québec [RRQ] et de leurs régimes de retraite du secteur public, la constitution d’un actif important dans des REER personnels ne leur serait pas vraiment utile, indique André Lacasse.

« Ça pourrait même s’avérer un inconvénient fiscal au moment de leur retraite, lorsque qu’ils devront effectuer des retraits [de REER ou de FEER] qui s’ajouteraient alors à leurs revenus imposables, au risque de leur faire perdre certains avantages fiscaux aux aînés. »

Par ailleurs, en maximisant leurs contributions à leurs CELI, Valérie et Julien pourront se constituer une réserve de capital pour financer leurs projets des prochaines années, tout en se dotant d’un actif financier dont l’utilisation future à leur retraite sera sans effet sur le plan fiscal.

« Contrairement au REER, les retraits de liquidités d’un CELI ne sont pas des revenus imposables », rappelle André Lacasse.

Entre-temps, explique-t-il, les cotisations inutilisées (allocation maximale de 6000 $ par année) au CELI sont accumulables au fil des ans, et les retraits effectués selon les besoins budgétaires à court terme peuvent être renfloués durant les années suivantes, jusqu’à concurrence du montant cumulatif des cotisations annuelles.

Dans le cas de Valérie et Julien, et de leurs projets à incidences budgétaires d’ici cinq ans (rénovations résidentielles, retour aux études de Julien, premier enfant), André Lacasse leur conseille de prioriser l’utilisation de leur capacité d’épargne (environ 21 000 $ par année) afin d’éviter le recours à un endettement additionnel à leur prêt hypothécaire.

« Pour cette année, en 2022, Valérie et Julien pourraient surseoir à toute cotisation à leurs comptes d’épargne enregistrés [CELI et REER] afin de pouvoir payer entièrement la rénovation des fenêtres de leur maison [estimée à 20 000 $] », suggère M. Lacasse.

Pour les deux années suivantes, en 2023 et en 2024, durant lesquelles Valérie et Julien budgètent 40 000 $ pour la rénovation du revêtement extérieur de leur maison et 30 000 $ pour leurs salles de bains, André Lacasse leur suggère d’utiliser d’abord leur capacité d’épargne pour payer la première portion des coûts prévus, et de puiser ensuite dans leurs CELI pour la portion restante.

« Non seulement ces retraits de leurs CELI leur serviront de revenus d’appoint et non imposables, mais ils pourront aussi être renfloués à leur pleine valeur d’exemption fiscale lors des années suivantes, rappelle André Lacasse.

« De plus, les allocations de cotisations au CELI qui seront inutilisées par Valérie et Julien durant ces années de dépenses importantes en rénovations résidentielles continueront de s’accumuler pour des cotisations futures de rattrapage, lorsqu’ils auront des liquidités disponibles. »

En procédant ainsi, Valérie et Julien pourront bien financer leurs projets de rénovations résidentielles et de retour aux études tout en évitant des frais d’intérêt additionnels à ceux de leur emprunt hypothécaire.

Et s’ils respectent leurs projections budgétaires des prochaines années, dit André Lacasse, « Valérie et Julien auront pu réaliser ces investissements dans la valeur de leur maison et la bonification de leur situation professionnelle sans compromettre la planification de leur sécurité financière à long terme ».

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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