IMPACT DE MONTRÉAL C. CREW DE COLUMBUS

Retour en territoire connu

L’Impact retrouvera le domicile du Crew de Columbus, ce soir (19 h 30), un peu plus d’un mois après y avoir disputé un match au scénario complètement fou. Outre le résultat de 4 à 4, obtenu au terme d’une belle remontée, l’Impact avait été témoin de la bisbille entre Kei Kamara et Federico Higuaín. Le premier a depuis été échangé au Revolution de la Nouvelle-Angleterre tandis que le second, blessé, ratera de cinq à sept semaines. Pour autant, les Montréalais, qui doivent aussi se passer de Nacho Piatti, Marco Donadel ou Laurent Ciman, ne prennent pas leurs adversaires à la légère. « Le système ne changera pas, a martelé Mauro Biello. Ils jouent toujours avec une certaine animation offensive : pousser vers l’avant, créer des surnombres, mettre beaucoup de centres dans la surface. Il faut être prêt pour arrêter ces aspects-là. »

— Pascal Milano, La Presse

Impact

Tout a changé pour Salazar

Les événements se sont bousculés pour Michael Salazar depuis la dernière visite de l’Impact au domicile du Crew de Columbus, le 7 mai. Dans l’ordre, il y a eu les premières minutes professionnelles, en Ohio, le premier but et, finalement, la première titularisation en Championnat canadien. Au cours d’une période creuse pour l’Impact au chapitre des résultats, il est aussi l’un des rares à avoir récolté sa part de louanges. « C’est quelqu’un qui a compris comment il pouvait être efficace avec ses qualités, assure Mauro Biello. Ça commence avec le travail et on l’a vu lors de son match à domicile contre Toronto. Il a été capable de créer des occasions pour lui-même et pour les autres. On est content de sa progression. »

Encore davantage qu’à l’accoutumée, un large sourire illumine le visage de l’attaquant lorsqu’on lui résume le contenu de ses six dernières semaines. Bien évidemment heureux de la tournure des événements, il voit surtout la situation avec la perspective du joueur qui vient de loin. 

Tout d’abord géographiquement puisqu’il a grandi au Belize, petit pays d’Amérique centrale, mais aussi sportivement puisque ses compatriotes n’ont jamais eu tendance à s’exporter. Avant lui, Dean McCauley s’est bien entraîné avec les Timbers de Portland sans toutefois parvenir à obtenir un contrat MLS. Grâce à un déménagement aux États-Unis, à l’âge de 17 ans, Salazar a su mettre toutes les chances de son côté autant sur le plan académique que sportif. Que serait-il arrivé sans ce choix de vie impliquant un déracinement ? 

« Le Belize est un pays très pauvre, ce n’est pas facile de s’en sortir. Mais je suis chanceux d’être l’un des rares ayant pu réaliser un rêve que beaucoup de jeunes partagent. »

— Michael Salazar

Il poursuit : « Sans ce choix d’étudier et de pratiquer le soccer aux États-Unis, je serais probablement encore au Belize, aujourd’hui, en train de jouer dans notre championnat semi-professionnel. »

Petit, il ne se passait pas une journée sans qu’il ne tape dans un ballon avec sa famille, ses nombreux cousins et un oncle qui a justement fait carrière dans le championnat national. À cet âge où l’innocence et le simple plaisir de jouer se teintent progressivement de rêves de grandeur et d’ambitions, le jeune Salazar appréciait particulièrement le buteur de Chelsea, un certain Didier Drogba.

Un jour du mois de février, le joueur qu’il idolâtrait n’était plus simplement dans un petit écran, il était devant lui dans le même vestiaire. « En fait, je ne savais pas du tout quoi dire. Je ne savais pas comment faire pour l’aborder, sourit celui qui a toujours évolué à des postes offensifs. Mais c’est une bonne personne qui salue tout le monde, qui parle à tout le monde et qui n’hésite pas à donner des conseils. » 

L’histoire ne s’arrête pas là : les deux hommes dans une relation vétéran-recrue ont développé une belle entente à l’extérieur du terrain. Sur la pelouse, Salazar pourra toujours rappeler qu’il a obtenu sa première titularisation à ses côtés, dans un 4-4-2. « Je l’admire depuis que je suis un petit garçon, donc, le fait de pouvoir jouer avec lui, c’est un rêve. »

UN ÉCART IMPORTANT

Il est vite devenu apparent, lors du camp d’entraînement, que Salazar allait brouiller les cartes dans la hiérarchie des jeunes attaquants du club. Après les bonnes impressions des premiers entraînements, le chevelu numéro 19 a enchaîné par des prestations encourageantes lors des matchs en Floride. Il y a alors démontré sa vitesse, ses qualités physiques et une certaine polyvalence. Encore cette semaine, l’attaquant axial a disputé une partie des entraînements sur le côté droit au sein d’un 4-2-3-1. « Il travaille très fort et il est capable d’aider l’arrière latéral en phase défensive, commente Biello. En même temps, il a cette puissance pour pousser vers l’avant et essayer d’aller en profondeur. »

Ce glissement n’est pas une nouveauté pour Salazar dont le travail acharné a souvent poussé ses entraîneurs précédents à l’essayer sur un côté. Mais des rangs universitaires aux rigueurs de la MLS, le 24e choix du dernier repêchage a dû se concentrer sur d’autres ajustements. « À l’université, on ne joue que trois mois alors que la MLS s’étend du mois de janvier jusqu’au mois de novembre. Le personnel d’entraîneurs a souvent répété qu’il fallait bien prendre soin de son corps. Nous, les jeunes joueurs, ne comprenons peut-être pas à quel point la saison est longue. Il ne faut pas se fâcher si on ne joue pas au début, mais quand ton heure vient, tu dois t’assurer d’être prêt. Et j’ai l’impression de tirer avantage des occasions que l’on me donne. »

« GRANDIR COMME HOMME »

Avant même de fouler les terrains de MLS, Salazar a vécu son premier test professionnel, en avril, lorsqu’il a été victime de sextorsion. Mais après avoir obtenu quelques jours de congé, il a su rapidement tourner la page. « Ça fait partie de sa progression comme joueur et comme homme. Des fois, des choses comme ça peuvent arriver, mais l’important est d’apprendre, philosophe Biello. Si tu y parviens, tu es capable de grandir. C’est ce qu’on est en train de voir avec lui. »

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