Chronique

Eh, oh ! les étudiants, ne payez pas 350 $ d’assurances superflues

Chers étudiants, vous aimeriez économiser environ 350 $ en quelques clics ? Si vous êtes déjà couverts par les assurances de vos parents, vous devriez refuser la couverture d’assurance qui s’ajoute automatiquement à votre facture de droits de scolarité.

Inutile d’être assuré en double, n’est-ce pas ? Alors, faites vite. Pour se retirer, les étudiants disposent d’une fenêtre de quatre à six semaines, au début de la session d’automne.

Dans les cégeps, la date butoir arrive donc d’ici quelques jours. Dans les universités, qui commencent un peu plus tard, la période de retrait se termine dans quelques semaines, selon les établissements.

Bon an, mal an, quelque 150 000 étudiants du Québec paient 50 millions de dollars en primes d’assurance maladie. Environ 90 000 étudiants, soit le tiers de la clientèle assurable, se retirent du plan qui est offert par l’entremise de l’Alliance pour la santé étudiante au Québec (ASEQ) et de diverses associations étudiantes.

Mais certains étudiants n’y voient que du feu. Ils paient à leur insu pour une protection qu’ils n’utilisent pas.

C’est ainsi que le fils de Michel Dessureault, qui étudie à l’Université de Montréal, a été assuré sans le savoir pendant deux ans et demi. Ce n’est qu’à la session d’hiver, l’an dernier, qu’il a découvert qu’il payait cette assurance maladie qui coûte 377 $ par année.

L’assurance ne lui servait à rien puisqu’il était déjà couvert avec le programme d’assurance de l’employeur de son père. La majorité de ces assurances collectives couvrent les enfants à charge jusqu’à 21 ans et jusqu’à 26 ans lorsqu’ils sont aux études à temps plein.

Comme il n’était pas au courant de la protection de l’ASEQ, l’étudiant n’a jamais fait de réclamation. « C’est le plus choquant », dit M. Dessureault, qui n’a pas manqué de retirer son fils cette année.

Pour se désinscrire, les étudiants doivent remplir un formulaire web sur le site de l’ASEQ. Certaines associations étudiantes exigent même une preuve que les étudiants sont assurés ailleurs pour pouvoir se retirer.

Ces obstacles peuvent décourager certains étudiants de se désister. Mais d’autres ne réalisent tout simplement pas que l’assurance est facultative.

« Dans le portail étudiant, la facturation de ces assurances ne saute pas aux yeux à travers la ventilation de tous les autres frais obligatoires », déplore M. Dessureault.

À la session d’automne, l’assurance de l’ASEQ risque davantage de passer inaperçue parce que les frais sont moindres. Prenons l’exemple de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), qui regroupe 40 000 membres. En septembre, l’assurance coûte 126 $. Mais le prix double à 253 $ en janvier, car l’assurance couvre à la fois les sessions d’hiver et d’été.

Or, les étudiants qui veulent se retirer du programme doivent le faire avant le 30 septembre. Ensuite, trop tard. Ils sont couverts pour l’année entière.

« C’est un petit peu tordu », estime M. Dessureault.

Dans le contexte de la COVID-19, l’ASEQ promet d’être compréhensive. « On fait beaucoup d’exceptions pour des étudiants qui ratent la période. On va demeurer super flexibles, vu les circonstances. On ne veut pas créer de détresse financière », assure Patrice Allard, vice-président de l’ASEQ.

Pour informer les étudiants qui sont moins présents sur le campus, la FAECUM a mis en place une stratégie numérique. « L’ASEQ a préparé une capsule vidéo qui sera publiée sur Facebook », cite en exemple Sandrine Desforges, présidente de l’association.

Elle assure que l’assurance est appréciée des étudiants qui souhaitent d’ailleurs que la couverture soit rehaussée, notamment en ce qui concerne l’aide psychologique et la contraception.

Le régime de l’ASEQ, qui varie selon les associations étudiantes, couvre les médicaments (portion non remboursée par la RAMQ), une partie des soins de santé (ex. : hospitalisation, vaccin, massothérapeute, acuponcteur, etc.), la moitié des frais dentaires (max. 1000 $ par an) ainsi que 150 $ de lunettes. De plus, le régime procure une assurance voyage, même si cela risque d’être moins utile dans un contexte de pandémie.

Avec le confinement, les réclamations à l’ASEQ ont chuté au printemps dernier alors que les dentistes et les optométristes étaient complètement fermés. Malgré tout, les primes restent globalement inchangées pour l’année scolaire qui s’amorce. Mais M. Allard n’exclut pas une baisse lors du prochain renouvellement.

Reste qu’à environ 350 $ par année, ce n’est pas si cher payé pour un étudiant qui n’a aucune autre couverture d’assurance avec son travail ou celui de ses parents. Ils seront peut-être plus nombreux cette année, compte tenu des pertes d’emploi dues à la COVID-19.

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