POLITIQUE FÉDÉRALE

Erin O’Toole devient chef du Parti conservateur

Ottawa — L’ancien ministre Erin O’Toole a été élu chef du Parti conservateur au troisième tour de scrutin au petit matin lundi, récoltant 57 % des voix et supplantant son principal rival et ancien ministre de la Justice, Peter MacKay, qui détenait pourtant une mince avance au premier tour.

M. O’Toole, qui tentait pour la deuxième fois de prendre la barre du parti, après être arrivé au troisième rang en 2017, devient ainsi le troisième chef de l’histoire du Parti conservateur après Stephen Harper et Andrew Scheer. Du coup, il devient également le chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes.

Élu à la faveur d’une élection partielle en 2012, M. O’Toole a été ministre des Anciens Combattants dans le gouvernement de Stephen Harper.

M. MacKay n’a récolté que 33,5 % des votes au premier tour (ou 11 328 points), à peine deux points de pourcentage de plus que M. O’Toole (10 681 points) – un résultat qui annonçait une défaite pour celui qui tentait un retour en politique fédérale cinq ans après avoir tiré sa révérence.

L’avocate de Toronto Leslyn Lewis a causé une surprise en terminant au troisième rang, devançant le quatrième et dernier candidat Derek Sloan.

Dévoilement retardé de plusieurs heures

Le dévoilement des résultats du vote des quelque 175 000 membres du parti a accusé plusieurs heures de retard en raison d’un problème technique.

Les quatre candidats en lice ont attendu avec impatience l’annonce des résultats dans un hôtel du centre-ville d’Ottawa.

En tout, 269 000 membres avaient le droit de vote. Selon les autorités, 175 000 membres se sont prononcés dans le cadre de la course à la direction du parti, soit un taux de participation de 65 %. Selon les stratèges conservateurs, Peter MacKay et Erin O’Toole étaient considérés les meneurs de la course.

Le dévoilement, qui devait commencer à 18 h, a été retardé de plusieurs heures à cause d’une défectuosité des machines utilisées pour ouvrir les enveloppes contenant les bulletins de vote. Selon le coprésident du comité organisateur de la course au leadership, Dan Nowlan, environ 7000 bulletins de vote ont ainsi été endommagés et ont dû être comptabilisés de nouveau en présence de représentants des quatre candidats en lice. L’exercice a été alourdi à cause des mesures sanitaires obligatoires en temps de pandémie de COVID-19.

« Le parti est franchement frustré par tous ces délais », a laissé tomber le stratège conservateur Tim Powers sur les ondes de CPAC.

Les retards ont valu au Parti conservateur des railleries des autres formations politiques et des humoristes.

« Les résultats de la course au leadership du Parti vert sont prévus le 3 octobre. Saurons-nous à ce moment-là qui dirige le Parti conservateur ? », a lancé sur son compte Twitter l’ex-chef du Parti vert, la députée Elizabeth May.

« Peut-être que le Parti conservateur aurait dû sous-traiter la compilation des votes à WE Charity », a lancé l’humoriste de Terre-Neuve-et-Labrador Mark Critch.

« Nous avons l’air plutôt ridicules maintenant. […] Cela affecte la marque de commerce d’un parti », a réagi le stratège conservateur Kory Teneycke, ancien directeur des communications de l’ex-premier ministre Stephen Harper, sur les ondes de CBC News Network.

Discours d’adieu de Scheer

Avant le dévoilement des résultats, le chef sortant du Parti conservateur Andrew Scheer a prononcé un discours d’adieu au ton hargneux qui a laissé certains membres du parti stupéfaits.

M. Scheer, qui a dirigé le parti pendant trois ans et qui avait pris la relève de Stephen Harper en 2017, a mené une charge à fond de train contre les tenants de la gauche, l’interventionnisme de l’État, les médias de masse et les libéraux.

« On a nourri [nos enfants] de propagande gauchiste. Il y a quelque chose de vicié dans les marchés libres et les libertés individuelles. »

— Andrew Scheer, chef sortant du Parti conservateur

Visiblement aigri, M. Scheer a accusé les médias d’avoir un parti pris en faveur des idées de la gauche et a invité les membres du parti à lire d’autres médias en ligne plus favorables aux conservateurs tels que True North ou encore the Post Millennial, au lieu de consulter les médias traditionnels.

« Il y a d’autres endroits pour s’informer. Cessons d’être la majorité silencieuse », a-t-il dit.

« Quel discours lamentable. Je suis content qu’on se soit débarrassés de lui », a soupiré un membre du caucus conservateur qui a requis l’anonymat.

Dans son discours, M. Scheer a soutenu que le prochain chef hérite d’un parti qui a déjà remboursé sa dette électorale de la dernière campagne. Il a aussi lancé un appel à l’unité des troupes afin de terminer le travail qu’il a entrepris, soit de mettre fin au règne des libéraux.

« Nous devons faire tout en notre pouvoir pour nous assurer que le prochain chef du Parti conservateur deviendra le prochain premier ministre de ce grand pays. Servir comme chef du parti a été le plus grand honneur de ma vie », a-t-il affirmé.

Les bulletins de vote devaient tous être retournés vendredi soir, et le décompte avait déjà commencé.

Selon le système en vigueur, un candidat avait besoin de 16 901 points pour sortir vainqueur. Ce score est déterminé par le pourcentage du vote qu’il reçoit dans chacune des 338 circonscriptions fédérales, qui se voient toutes attribuer 100 points. Le vote est également préférentiel.

Durant la course au leadership, tous les candidats ont promis d’abroger la taxe sur les émissions de carbone et deux lois fédérales concernant les ressources naturelles : l’une sur les examens environnementaux et l’autre interdisant la circulation des pétroliers le long de la côte nord de la Colombie-Britannique. Ils ont aussi évoqué l’idée de lever les restrictions sur les armes à feu récemment imposées par le gouvernement Trudeau et de limiter davantage les investissements chinois au Canada.

Les conservateurs détiennent présentement 121 sièges aux Communes.

— Avec La Presse canadienne

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