« Son tir est à un autre niveau », vante Jake Allen
Quelle sera l’identité de Jesperi Kotkaniemi ? Tireur d’élite ou peste dans l’enclave ? Tout bon entraîneur répondra que l’un n’empêche pas l’autre, et qu’il a intérêt à développer ces deux types d’habiletés.
Il était néanmoins intéressant d’aborder cette question, jeudi, après le match intraéquipe du Canadien. Intéressante parce que ces deux aspects du jeu de Kotkaniemi ont été soulevés.
C’est le gardien Jake Allen qui a ouvert le bal. Le nouvel adjoint de Carey Price s’est fait demander s’il découvrait les habiletés de tireur de certains membres du Canadien. « Quand je jouais à St. Louis, je ne voyais pas souvent ces gars-là », a-t-il rappelé, en visioconférence.
Allen a donc vanté le tir de Nick Suzuki (« il est très bon pour dégainer »), puis celui de Josh Anderson (« excellent pour tirer en mouvement, pour un gars de sa grosseur »). Mais le premier nom qu’il a prononcé, c’est celui de Kotkaniemi. Du moins, il a essayé de le prononcer.
« Kokiemi… Je ne suis même pas encore capable de prononcer son nom ! Mais son tir est à un autre niveau. Ce jeune… son tir du poignet est un véritable missile. »
— Jake Allen
C’est ce tir de qualité qui lui a valu un de ses quatre buts lors des dernières séries.
Il est aussi passé à quelques centimètres de marquer un autre but grâce à ce même tir des poignets dévastateur.
Dans le trafic
Revenons au match préparatoire de jeudi, dans lequel Kotkaniemi a inscrit deux buts. On vous épargne l’analyse de celui inscrit dans un filet désert.
Regardez plutôt son premier but. Entendons-nous, il a eu droit à un accueil relativement clément des gars en blanc, mais n’empêche : il s’est pointé en plein cœur de l’enclave, entre les cercles des mises au jeu, bafouant la règle des deux mètres. Quand Tyler Toffoli a tenté de le rejoindre, il était posté au bon endroit. Et il a fini la séquence comme les plus fougueux le font, à plat ventre sur la peinture bleue.
« Il est gros et fort. Je regarde son but aujourd’hui devant le filet, un deuxième effort. Ça lui a permis d’avoir du succès en séries et il continue à bâtir là-dessus. Il est très capable d’être physique. »
— Claude Julien, entraîneur-chef du Canadien, au sujet de son joueur de 6 pi 2 et 201 lb
Ce but n’était pas sans rappeler ceux qu’il a marqués en séries à Toronto. Pas celui qu’on vous montrait plus haut, évidemment, mais plutôt ses trois autres, tous inscrits dans un rayon de moins d’un mètre du gardien. Celui-ci mériterait d’ailleurs affectueusement le titre de « vidange », comme on le dit dans les ligues de bière qui se respectent.
En fait, ces buts faisaient partie d’une véritable métamorphose de Kotkaniemi l’été dernier. Il avait conclu les séries avec 36 mises en échec en 10 matchs ; seul Ben Chiarot (38) en a totalisé plus que lui chez le Canadien, et Kotkaniemi aurait sans doute fini premier de son équipe si un de ses coups d’épaule ne lui avait pas valu une expulsion en début de deuxième période, contre les Flyers.
On aurait bien aimé vous dire ce que Kotkaniemi retient de cette expérience dans la bulle et s’il entend continuer à frapper. Mais son point de presse du jour a été annulé au dernier moment.
Les entraîneurs rappelleront-ils au numéro 15 de garder un peu de papier sablé dans son jeu ?
« On va le lui rappeler, mais il se souvient très bien de ce qu’il a fait, de ce qui lui a donné du succès, et il continue à le faire, a répondu Julien. Il a un excellent tir. On veut qu’il lance. Mais il a un gros gabarit et il peut être solide devant le filet. Tu as vu son but aujourd’hui, il est allé au filet, il est resté là et il a sauté sur une rondelle libre. »
Perry, le modèle
À 20 ans, Kotkaniemi est encore en plein développement, et il trouvera son identité au fil des années. Il n’en demeure pas moins que son ADN est beaucoup plus celui d’un joueur d’habiletés que celui d’un attaquant de puissance.
C’est aussi dans cette voie que le Tricolore le guide. Prenez l’avantage numérique : Kotkaniemi y est employé le long de la rampe, près des oreilles, d’où il peut tirer ou distribuer des rondelles. Josh Anderson et Corey Perry sont les spécialistes du travail devant le filet, et on devine que Brendan Gallagher quittera sa position dans le haut de l’enclave pour s’y pointer le nez de temps en temps.
Perry, qui a marqué une bonne part de ses 377 buts près du filet, a d’ailleurs parlé de cette facette du jeu.
« C’est une affaire de confiance. Tu dois avoir le flair, la volonté d’y aller, a souligné le vétéran de 35 ans. C’est de là que beaucoup de buts se marquent, à 5 ou 10 pieds devant le filet, en piochant. Regarde dans la bulle, c’était peut-être le quart ou la moitié des buts qui étaient marqués de là. Ce ne sont pas de beaux jeux. Mais quelqu’un doit y aller et marquer. Si des gars veulent de l’aide, je leur en donnerai. »
Le message est passé.