MARCHÉ DE L’EMPLOI

Le secteur culturel s’outille pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre

Mis en ligne en novembre dernier, le site internet Cultive.ca s’enrichit d’une section centralisant les offres d’emplois et de stages en culture ainsi que les auditions. Toute personne travaillant dans le secteur culturel ou souhaitant y faire carrière trouve ainsi sur une seule et même plateforme des informations pertinentes sur différents métiers, le marché du travail, la formation et les emplois disponibles partout au Québec. Les entreprises et organismes culturels recruteurs peuvent même y présenter des vidéos pour augmenter leurs chances d’attirer la perle rare. Quant aux chercheuses et aux chercheurs d’emploi, ils peuvent magasiner à loisir pour trouver le travail correspondant à leur profil. Cet outil précieux pour la santé et le développement du secteur est offert par le comité sectoriel de main-d’œuvre en culture Compétence Culture. Il concrétise un élément du Plan d’action pour les ressources humaines en culture 2023-2028.

Un site adapté aux nouvelles réalités du monde du travail

Cette nouvelle section de Cultive.ca reprend et améliore les fonctions de recherches d’emploi de l’ancien site Artère, piloté par le Conseil des arts de Montréal et la Ville de Montréal de 2007 à 2023. Le monde du travail et celui de la culture ayant grandement évolué dans les dernières années, les deux institutions ont convenu que Cultive.ca constituait dorénavant le meilleur espace pour répondre aux besoins des communautés artistiques. De fait, Cultive.ca/emplois répond désormais aux besoins des internautes qui réclamaient de nouvelles fonctionnalités et des offres dépassant le territoire montréalais. Les annonces publiées s’affichent maintenant en temps réel sur une carte de la province et les responsables du recrutement peuvent suivre en temps réel les dépôts de candidatures effectués à même la plateforme.

Un site en prise directe avec le terrain

En plus de faciliter les relations entre personnes qui recrutent ou qui cherchent du travail, le site d’emploi est relié à l’offre de formation en culture ainsi qu’à la section Culture et moi, qui détaille et valorise certains des métiers en demande dans le secteur culturel. Cultive.ca s’offre ainsi comme un espace ultra dynamique dédié au développement des compétences et de la main-d’œuvre en culture. Il valorise les bonnes pratiques en matière de relations professionnelles, tel que l’inclusion d’une fourchette salariale dans toute offre d’emploi. Convivial et intuitif, il facilite la vie de tous ceux et celles qui cherchent à cultiver leur carrière en culture ou à bonifier leur équipe de personnes passionnées.

Remerciements :

Ce projet est réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, de la Ville de Montréal dans le cadre de l’Entente de développement culturel de Montréal, ainsi que du Conseil des arts de Montréal.

« L’entrée en scène de Cultive.ca est une initiative formidable et constitue une excellente nouvelle pour la vitalité et le rayonnement de notre culture. Il s’agit en effet d’un outil novateur très bien adapté aux besoins de formation continue et de recrutement de la main-d’œuvre en culture. Cette plateforme deviendra très vite incontournable, j’en suis convaincu, et rencontrera les besoins des organismes et organisations, ainsi que ceux des personnes travaillant dans les différents métiers de la création et de la diffusion culturelle. Voilà une réalisation digne de porter le label d’excellence Compétence Culture. »

— Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et de la région de l’Outaouais

« En réunissant les offres d’emplois et de stages en culture ainsi que les auditions sur une plateforme unique, cet outil précieux vient combler un besoin essentiel du secteur culturel. Dans un contexte où la pénurie de main-d’œuvre représente un défi majeur, ce projet offre une solution concrète en mettant en relation les travailleurs culturels avec des employeurs, favorisant ainsi le partage d’opportunités de collaboration. Nous accueillons avec enthousiasme cette initiative, qui renforce notre engagement envers la vitalité culturelle de notre ville. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

« Le Conseil des arts de Montréal est heureux de participer au financement de Cultive.ca, la référence dans le domaine de la culture pour le développement professionnel. Reprenant le flambeau du site Artère, le nouvel outil de recherche d’emplois et de stages en culture sur Cultive.ca permet de bien répondre aux besoins de la communauté artistique. Il propose en effet des capacités de recherche avancées et des offres d’emplois et de stages couvrant tout le territoire québécois, ce dont nous nous réjouissons. »

— Nathalie Maillé, directrice générale du Conseil des arts de Montréal

« Le monde du travail change : le télétravail s’est implanté, les ressources humaines sont mobiles et les difficultés de recrutement n’ont jamais aussi été importantes. Cultive.ca/emplois est bien plus qu’un outil de recherche de talents. Il favorise la fluidité et l’accessibilité du travail en culture à travers tout le Québec. Il est le reflet de notre engagement envers l’innovation et l’évolution de notre secteur. Nous saisissons cette opportunité pour construire un outil qui transcende les frontières et qui contribuera non seulement à la vitalité de notre industrie, mais aussi au rayonnement culturel du Québec à l’échelle nationale et internationale. »

— Julien Silvestre, président du conseil d’administration de Compétence Culture

A220 d’Airbus

La cible de rentabilité remise en question par un gros fournisseur

La fenêtre de l’État québécois pour récupérer ses billes dans l’A220 d’Airbus risque de se rétrécir. L’un des principaux fournisseurs de l’avion, Spirit Aerosystems, estime qu’il lui faudra plus de temps – soit au-delà de 2025 – pour commencer à faire de l’argent avec ce programme parce que sa cadence de production tarde à prendre son envol.

Peu médiatisé, ce constat a été dressé par le président et chef de la direction de la multinationale américaine, Thomas Gentile, lors d’une conférence destinée aux investisseurs plus tôt en septembre. Ce dernier est même allé jusqu’à demander à Airbus et Boeing d’absorber une partie des coûts pour des programmes qui ne sont plus « viables » pour Spirit. L’A220 en fait partie.

« À l’origine, nous avions dit en 2025, lorsqu’ils [Airbus] produiraient 14 avions par mois, a expliqué M. Gentile, lorsqu’interrogé sur l’atteinte de la rentabilité avec l’A220. Ces 14 avions par mois d’ici 2025 risquent d’être un défi si l’on se base sur notre situation actuelle. »

Spirit joue un rôle important dans la chaîne d’approvisionnement de l’ex-C Series de Bombardier. L’entreprise fabrique une partie du fuselage, les ailes de l’avion ainsi que les pylônes de l’appareil, le composant qui relie le moteur à l’aile ou au fuselage.

L’A220, l’A350 et le Boeing 737 Dreamliner minent les finances de l’entreprise établie au Kansas. Ces trois programmes sont à l’origine d’une charge de 215 millions US comptabilisée au premier semestre à cause, notamment, des difficultés à obtenir des pièces et l’augmentation des salaires.

Spirit affirme discuter de ces problématiques avec Airbus et Boeing – une façon de dire qu’elle voudrait renégocier ces ententes avec les deux avionneurs.

Airbus affirme que l’A220 sortira du rouge une fois que 14 avions sortiront mensuellement des usines de Mirabel et de Mobile, en Alabama. L’accélération de la cadence de production s’observe, mais elle ne semble pas répondre aux attentes, selon les dires de M. Gentile.

« C’est décevant de constater que la production est bien inférieure par rapport à ce qui était prévu. Par exemple, cette année, la projection initiale était de 100 unités, puis elle est passée à 82, puis à 78. Nous sommes probablement donc dans une fourchette de 65 à 70 [appareils] aujourd’hui. Les cibles ont beaucoup baissé. »

Par courriel, Spirit a refusé de commenter davantage les défis de l’A220.

Compte à rebours

Propriétaire de l’A220 à hauteur de 25 %, Québec a tout intérêt à ce que les profits arrivent plus tôt que tard. L’an dernier, le gouvernement Legault a ajouté 380 millions dans le programme pour demeurer actionnaire plus longtemps. Cela fait grimper à 1,7 milliard l’argent injecté dans l’appareil développé par Bombardier. Airbus pourra racheter la part de l’État vers la fin de la décennie. Plus les profits tardent, plus le montant obtenu par le gouvernement québécois risque d’être amputé.

Dans une déclaration, la cheffe des communications d’Airbus Canada, Annabelle Duchesne, affirme que l’objectif de l’avionneur européen demeurait « inchangé ». La cadence de production doit atteindre 14 avions par mois « au milieu de la décennie », affirme-t-elle, sans toutefois préciser l’année.

« Certains ajustements de planification à court terme ont été apportés à notre accélération de cadence afin de protéger notre chaîne d’approvisionnement et de garantir les livraisons à nos clients déjà engagés », écrit Mme Duchesne.

Même si les perturbations de la chaîne d’approvisionnement donnent des maux de tête aux constructeurs d’avions, Airbus a néanmoins été en mesure d’accroître ses livraisons d’A220 depuis le début de l’année. À la fin d’août – les plus récentes données disponibles –, 37 exemplaires avaient été remis à des clients. C’est sept appareils de plus par rapport à la même période l’an dernier.

« Cela démontre à quel point les programmes d’avions dépendent de la chaîne d’approvisionnement, affirme l’analyste Richard Aboulafia, directeur général de la firme AeroDynamic Advisory. Je n’ai jamais vu rien de tel en 35 ans dans l’industrie. »

À son avis, il y a peu de moyens à la disposition d’Airbus pour rattraper le retard accumulé. M. Aboulafia affirme qu’un « triste constat » s’impose : il faudra beaucoup plus de temps que prévu avant que les choses ne rentrent dans l’ordre chez les fournisseurs.

Spirit Aerosystems en bref

Effectif

Plus de 12 000 personnes

Empreinte

États-Unis, Royaume-Uni, France, Malaisie, Maroc

Principaux produits

Fuselages, ailes, composants d’ailes, pylônes, nacelles

Revenus*

2,8 milliards US

Perte*

488 millions US

(* au premier semestre 2023)

2015

Année où l’investissement initial dans la C Series a été annoncé.

Source : gouvernement du Québec

33

Nombre d’A220 commandés depuis le début de l’année

Source : Airbus

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