L’armée russe a entamé vendredi le retrait de ses troupes massées depuis des semaines aux abords de l’Ukraine, un déploiement qui a provoqué un regain de tensions avec l’Occident et soulevé la crainte d’une attaque contre Kiev.
Le ministère russe de la Défense a indiqué que le retour des soldats « vers leurs lieux de déploiement permanent » avait débuté en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
« Actuellement, nos unités et groupes militaires marchent vers les gares de chargement de chemin de fer et les aérodromes, chargent les navires de débarquement, les plateformes ferroviaires et les avions-cargos militaires », a indiqué le ministère.
La présence de ce grand nombre de soldats – 100 000 selon l’Union européenne – près de l’Ukraine, qui combat depuis 2014 des séparatistes prorusses dans l’est du pays, visait officiellement à vérifier l’état de préparation des troupes.
Kiev accusait toutefois Moscou de préparer une invasion en provoquant par exemple un casus belli dans l’Est ukrainien. La Russie a démenti, assurant que ses manœuvres n’étaient pas « menaçantes », mais une réponse à des exercices de l’OTAN en Europe et à des provocations ukrainiennes.
Le retrait des troupes russes intervient à un jour de la limitation par Moscou de la navigation des navires militaires et officiels étrangers dans trois zones au large de la Crimée, et ce, pour une période de six mois.
Un confit qui ne se dénoue pas
Le conflit entre Kiev et les séparatistes prorusses a fait des dizaines de morts depuis janvier alors qu’une longue trêve avait été respectée durant la deuxième moitié de 2020.
Depuis son commencement en 2014, plus de 13 000 personnes ont été tuées dans cette guerre. Une médiation germano-française a abouti à des accords de paix qui ont mis fin au pire des combats en 2015, mais le règlement politique n’a jamais avancé.
« Forcer la main » de Biden
Le déploiement russe a été l’occasion pour Moscou de montrer ses muscles dès les premiers mois de l’administration de Joe Biden. Le Kremlin a lancé ces opérations peu après que le président états-unien eut qualifié Vladimir Poutine de « tueur ».
Désormais, les deux capitales discutent d’un éventuel sommet cet été dans un pays neutre, sur proposition de Washington. Selon l’analyste Mark Galeotti, dans ce contexte, « le Kremlin considère probablement qu’il lui a forcé la main ».
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a néanmoins soutenu vendredi que Vladimir Poutine est toujours intéressé « pour améliorer et restaurer les relations avec les États-Unis ».
Les tensions entre les deux puissances demeurent très vives, comme en ont témoigné le récent échange de sanctions et les expulsions réciproques de diplomates.
— Agence France-Presse