Québec resserre les règles pour le magasinage des Fêtes

Québec — Le gouvernement resserre les règles du magasinage des Fêtes en imposant une nouvelle limite au nombre de clients admis dans les centres commerciaux, les magasins à grande surface et les commerces ayant pignon sur rue. Des mesures qui entraîneront de nouveaux ajustements, mais qui valent mieux qu’une fermeture, estime l’industrie.

Alors que la pandémie de la COVID-19 prend de la vitesse au Québec, le gouvernement Legault « ajoute une couche d’obligations » pour s’assurer que le magasinage des Fêtes devienne « le plus sécuritaire possible ».

À compter de vendredi, les commerçants ainsi que les centres commerciaux devront respecter une limite maximale de clients à l’intérieur de leurs murs. La formule est la suivante : la superficie de l’espace vendant du commerce (en mètres carrés) devra être divisée par 20. Cela revient à environ un client par 20 mètres carrés.

« Donc, par exemple, pour un magasin de 9000 mètres carrés, il pourrait y avoir 450 personnes [à l’intérieur] », a illustré mercredi la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. Pour les commerces dont la superficie est de moins de 20 mètres carrés, la limite est fixée à un client à la fois.

Cette limite devra être affichée de façon « très visible et très claire » à l’entrée du magasin. La distanciation physique devra aussi être respectée à l’intérieur du commerce ainsi que dans les files d’attente. La nouveauté, c’est que toutes ces consignes seront désormais obligatoires, à l’exception du port du masque qui l’est déjà.

« En ce moment, on recommandait aux commerces [de le faire] », a nuancé la ministre Guilbault. Un arrêté ministériel sera signé en ce sens.

Des inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) augmenteront par ailleurs leur surveillance sur le terrain afin de s’assurer que les règles sanitaires soient respectées. La présence policière sera également accrue dans les centres commerciaux lors des journées les plus occupées, comme lors du Boxing Day et le 31 décembre.

Si un commerce n’affiche pas clairement la limite permise de clients dans le magasin, il s’expose par exemple à des amendes allant de 1000 à 6000 $. Il en va de même pour le respect de la distanciation physique dans les files d’attente. « Ce sera la responsabilité du commerçant », a précisé Mme Guilbault.

Les autorités pourront aussi signaler à la Santé publique des situations « récurrentes ou très sévères » et cette dernière pourrait aller jusqu’à ordonner la fermeture d’un commerce récalcitrant.

Mieux qu’une fermeture

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) se dit satisfaite que le gouvernement ait choisi « d’intégrer les détaillants de proximité à la solution » contrairement à certaines provinces qui les ont fermés, rappelant que la période des Fêtes est une « période plus que vitale » pour les entreprises.

« Même si ces mesures risquent de leur causer des maux de tête supplémentaires, des coûts additionnels et probablement une perte de clientèle, elles sont toujours préférables à une deuxième fermeture de leurs portes. »

— François Vincent, vice-président Québec de la FCEI

« La pire option aurait été de fermer le commerce au détail », dit également le président du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), Marc Fortin. « On gère toutes sortes de protocoles avec la crise et ce n’est pas très différent que ce que nos détaillants font déjà », a-t-il ajouté.

Il s’inquiète néanmoins des files extérieures que pourront provoquer les nouvelles limites de clients. M. Fortin craint que les aléas de la météo en hiver ne découragent certains clients. On espère aussi que les forces policières seront suffisamment disponibles pour intervenir au besoin.

Ajustements dans les centres commerciaux

Ivanhoé Cambridge, propriétaire des Galeries D’Anjou, de Laurier Québec et de Place Ste-Foy, notamment, évalue les « meilleurs scénarios » pour appliquer ces nouvelles consignes. Des gardiens de sécurité seront affectés aux entrées et certaines seront fermées pour assurer un contrôle du nombre de clients à l’intérieur.

Les propriétés sont déjà équipées de « compteurs automatisés », a-t-on indiqué. Quand la limite maximale sera atteinte, le message sera communiqué aux agents.

« La bonne nouvelle, c’est qu’on l’a vécu en Ontario, où l’on a six propriétés », a fait valoir la directrice des affaires publiques, Katherine Roux-Groleau. Elle estime que les centres commerciaux du groupe ont une assez bonne capacité pour faire respecter les nouvelles normes, bien qu’un surnombre de clients soit possible.

« On pourra prévoir des files d’attente à l’extérieur, l’information sera communiquée sur nos réseaux sociaux, notamment. On recommandera aux clients de s’habiller chaudement, a souligné Mme Roux-Groleau. On a bon espoir qu’on va pouvoir y arriver. »

De son côté, le groupe Cominar, qui possède entre autres le centre Rockland et Place de la Cité, assure que « l’affichage requis » sera en place dès vendredi. « Nous continuons d’adapter et d’améliorer nos protocoles ainsi que nos façons de faire au fur et à mesure que la situation évolue », a indiqué le vice-président, Jean-Marc Rouleau.

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