La culture et le réveille-matin
Tampa — Martin St-Louis aime bien parler de culture, et samedi soir à Tampa, on a eu une petite idée de ce que ça signifiait.
La culture dont il est question ici ne consiste pas à pouvoir citer Kundera entre deux exercices à Brossard. Cette culture est plutôt un état d’esprit que l’entraîneur du Canadien cherche à implanter.
En gros : l’équipe passe en premier, et tout le monde respecte le logo, comme on dit dans le milieu.
Jonathan Drouin n’a pas respecté le logo. Il est arrivé en retard à un meeting, et dans le monde de Martin St-Louis, ça ne se fait pas.
Alors ça a donné ceci : une soirée de congé forcé pour Drouin, qui a passé son samedi soir à sécher sur le banc à l’aréna Amalie.
Au moins, l’attaquant québécois avait une très bonne place pour assister à une nouvelle défaite du Canadien, cette fois par la marque de 5-3 face au Lightning de Tampa Bay.
Avec l’infirmerie qui déborde, St-Louis n’avait pas le choix de donner un chandail à Drouin, parce que l’idée de départ, c’était de le laisser dans les gradins et de miser sur une formation avec un défenseur en plus. Mais la blessure de Kaiden Guhle n’a pas permis un tel scénario.
En fin de soirée, Jonathan Drouin ne s’est pas défilé. À ses yeux, la page est tournée. Il sera à l’entraînement du Canadien lundi, comme prévu.
« Ça n’a pas été une journée facile, a commencé par admettre le joueur québécois. J’ai manqué le meeting [vendredi], je suis arrivé en retard de deux minutes. C’est ma neuvième année dans la Ligue nationale, ça ne m’était jamais arrivé. C’est plate que ça survienne comme ça, surtout à Tampa, mais on a des règlements, et il faut les suivre. »
Pour les détails, on notera que Drouin n’a « même pas entendu » son réveil, mais surtout, on note qu’il estime encore avoir sa place au sein de l’équipe.
« Je vais être à l’entraînement [lundi] comme prévu, a-t-il ajouté. Moi et les entraîneurs, on est sur la même longueur d’onde. On s’est parlé [vendredi], Martin et moi. Je suis arrivé en retard, il y a des conséquences, et je comprends ça. »
Déjà que le retour de Drouin pour la saison prochaine était loin d’être certain – le joueur québécois est toujours sans contrat –, ce réveille-matin qui n’a pas sonné ne va pas aider les choses.
La bonne nouvelle, tout de même, c’est qu’un tel évènement, qui pourrait d’ordinaire être considéré comme une distraction, ne peut pas vraiment déranger un club de 28e place, dont plusieurs des membres ne seront de toute façon plus ici en septembre.
« Jonathan a encouragé les gars sur le banc toute la soirée, a expliqué le capitaine Nick Suzuki. C’est une situation difficile, mais on a des standards, et si on ne les atteint pas, on ne joue pas… Arriver en retard, c’est inacceptable. C’est comme ça depuis que Martin est ici. »
Du reste, cette punition aura permis à Suzuki de jouer pas mal, pendant plus de 25 minutes, et ce Canadien diminué aura fait preuve d’une certaine force de caractère, parce que malgré tout, le Lightning n’a pas dominé autant qu’on aurait pu le croire. Brandon Hagel, lui, a dominé amplement avec ses trois buts.
Pour les partisans, ce samedi soir permet de croire que le Canadien est sur la bonne voie, avec un entraîneur qui ne va pas tolérer les demi-mesures. Les joueurs n’ont qu’à bien se tenir… et à s’arranger pour que leur réveil sonne comme il faut.