L’imagerie médicale est au cœur des soins

La semaine dernière, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il injecterait 1 milliard de dollars dans le système de santé pour étendre les ressources humaines en santé dans la province. L’argent sera destiné à l’embauche de nouveaux employés ainsi qu’à l’allongement des heures de travail des travailleurs à temps partiel. Quatre groupes ont été identifiés : les infirmières, les infirmières auxiliaires autorisées, les thérapeutes respiratoires et les perfusionnistes cliniques. Malheureusement, les technologues en imagerie médicale n’ont pas été inclus dans ce plan.

Les technologues en imagerie médicale sont des travailleurs de première ligne et ont dû endurer les mêmes pressions que les autres travailleurs dans les soins de santé tout au long de la pandémie et méritent d’être inclus aux côtés de leurs pairs. C’est grâce au travail multidisciplinaire impliquant les différents acteurs de la chaîne de soins que nos hôpitaux, centres locaux de services communautaires, cliniques médicales et laboratoires d’imagerie médicale ont réussi à continuer d’offrir des soins de qualité aux Québécois.

Malheureusement, la pénurie de ressources humaines dans le domaine de la santé touche tous les secteurs du système et dans la distribution de soins, chaque maillon est important car ils sont tous interdépendants.

L’imagerie médicale est au cœur des soins aux patients. La plupart des patients auront un examen d’imagerie médicale dans leur parcours de soins pour poser le bon diagnostic, orienter, traiter une maladie ou suivre leur traitement. Les patients atteints de cancer, qu’il s’agisse de dépistage, de biopsie tumorale, de chimiothérapie, de radiothérapie ou de planification chirurgicale, auront besoin de tests d’imagerie tout au long de leur traitement. La radiologie interventionnelle à visée curative, qui consiste à effectuer des interventions minimalement invasives à l’aide d’aiguilles ou de cathéters guidées par échographie, tomodensitométrie ou fluoroscopie, sans chirurgie ouverte, connaît un essor important, comme par exemple les angioplasties et mises en place d’endoprothèses pour les maladies cardiovasculaires, les embolisations de lésions vasculaires ou tumorales et les ablations tumorales pour les cancers. Non seulement cela a un impact majeur sur les soins aux patients (intervention moins invasive, séjour à l’hôpital plus court, convalescence plus facile), mais cela permet également à notre système de santé d’offrir de meilleurs soins à moindre coût, en termes financiers et en ressources humaines.

Les technologues en imagerie médicale effectuent des examens d’imagerie diagnostique, assistent les médecins radiologistes lors de procédures interventionnelles, installent des cathéters veineux et sondes urinaires, administrent des médicaments et prennent les signes vitaux. Leur implication est au cœur du parcours de soins des patients. Si vous avez déjà eu une radiographie, une mammographie, une échographie, une tomodensitométrie ou une IRM, vous avez été en contact avec un technologue en imagerie médicale.

Les technologues en imagerie médicale participent aux soins des patients dans les services d’urgence, les soins intensifs, les salles d’opération, les départements d’imagerie diagnostique et les cliniques de radiologie ainsi que dans les unités mobiles de mammographie pour le dépistage du cancer du sein. Les technologues en imagerie médicale du Québec et de partout au Canada ont répondu avec courage face à la pandémie pour le bien de leurs patients et méritent d’être félicités et récompensés pour leur service, car ils sont en première ligne.

Nous connaissons actuellement un retard sans précédent dans la prestation de services d’imagerie médicale. Nos listes d’attente pour un accès aux examens d’imagerie diagnostique et interventionnelle continuent de s’accroître et ceci ralentit l’ensemble du parcours de soins. Une étude récente réalisée pré-pandémie, en collaboration avec l’Association canadienne des radiologues (CAR) et le Conference Board du Canada, démontre que le temps d’attente moyen pour une tomodensitométrie est de 67 jours et pour une IRM de 133 jours, bien au-delà de la norme recommandée de 30 jours. Les examens classés comme non urgents, comme une IRM avant une chirurgie orthopédique, peuvent atteindre un délai de 6 à 12 mois au Québec. Cela aura une incidence sur la liste d’attente pour la chirurgie et la programmation des visites de consultation en médecine spécialisée.

Un récent sondage mené par la CAR auprès de ses membres a démontré que le premier obstacle au rattrapage de nos listes d’attente pour l’imagerie était la pénurie de technologues.

Environ 70 % des répondants ont indiqué que le manque de ressources humaines en imagerie médicale était le plus grand obstacle à la réduction des temps d’attente.

Dans cet esprit, il est préoccupant que l’annonce récente du gouvernement du Québec d’injecter de nouveaux fonds dans les ressources humaines en santé, n’incluait pas de financement pour les technologues en imagerie médicale. Afin de s’assurer que les Québécois ont accès à des examens d’imagerie diagnostique et interventionnelle en temps opportun, comme les échographies, mammographies, IRM et les tomodensitométries, il faut remédier rapidement à la pénurie actuelle de technologues en imagerie médicale.

L’Association canadienne des radiologistes, l’Association des radiologistes du Québec et l’Association canadienne des technologues en radiation médicale demandent au gouvernement du Québec de soutenir les technologues en imagerie médicale et de proposer un plan pour reconnaître leur contribution.

En outre, nous demandons qu’une proposition soit mise en place pour s’assurer qu’il y ait suffisamment de technologues en imagerie médicale pour traiter les patients aujourd’hui et dans le futur. Nous serions heureux d’avoir l’opportunité de travailler en collaboration avec le gouvernement du Québec à cette entreprise.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.