Jonathan Huberdeau

De Saint-Jérôme au sommet de la LNH

Jonathan Huberdeau connaît une saison extraordinaire, et figure au deuxième rang des pointeurs du circuit avec 115 points. Il s’agit de la meilleure récolte pour un joueur québécois depuis Mario Lemieux lors de la campagne 1995-1996. La Presse a eu accès à sa garde rapprochée pour tenter de comprendre ce qui est à la base de son succès et pour retracer son parcours depuis ses débuts dans le monde du hockey, à Saint-Jérôme.

Un joueur d’exception, un garçon de valeurs

Jonathan Huberdeau n’a laissé personne indifférent depuis sa tendre enfance. Il a gravi les échelons avec succès dans le monde du hockey, mais plus important encore, il a laissé une bonne impression à chaque personne qu’il a rencontrée sur son passage.

Patrick Gagnon

Entraîneur à l’école secondaire et au niveau bantam BB

Patrick Gagnon a d’abord été l’entraîneur de Jonathan Huberdeau lorsque ce dernier était athlète-élève à l’école secondaire Cap-Jeunesse, à Saint-Jérôme. Il l’a dirigé de la première à la troisième secondaire. Ensuite, il a été son entraîneur chez les Lions de Saint-Jérôme dans le bantam BB. Les deux sont aujourd’hui de proches amis.

M. Gagnon décrit Huberdeau comme étant un adolescent apprécié de tous, respectueux, poli, réservé et bon à l’école. Sur la patinoire comme dans la vie, il pense que sa plus grande qualité est de prendre soin des autres et de les rendre meilleurs.

« Quand j’étais son entraîneur, il me disait : “Ça ne me dérange pas, fais-moi jouer avec les gars avec qui les autres ne veulent pas jouer, je vais m’en occuper.” C’était un joueur comme ça. Toujours prêt à aider et à s’impliquer. »

— Patrick Gagnon, ancien entraîneur de Jonathan Huberdeau

Ce qui le rend le plus fier aujourd’hui, c’est de voir que Jonathan Huberdeau est resté le même et que son cercle rapproché est encore composé de ses plus vieux amis. Ceux qu’il a connus avant d’être l’un des meilleurs joueurs de hockey au monde. À son avis, cette simplicité s’explique par les valeurs que sa famille lui a inculquées. « Il vient d’une bonne famille. Ce sont des gens qui ont travaillé fort pour avoir ce qu’ils ont et qui prennent soin de rappeler à Jo que le succès est éphémère. Tous les membres de sa famille ont un bon fond. »

Malgré le succès, Huberdeau est tout de même d’une simplicité déconcertante, mais non pas surprenante. « Même s’il gagne plusieurs millions de dollars par année, il n’a pas de problème à manger des hot-dogs ou un restant de spaghetti pour souper. Oui, on va jouer sur de beaux parcours de golf, mais de temps en temps, on va jouer sur des petits terrains dans les Laurentides et on est très heureux. »

Dave Thériault

Entraîneur chez les Vikings de Saint-Eustache

Huberdeau a joué chez les Vikings de Saint-Eustache avant de faire le saut dans la LHJMQ et c’est Dave Thériault qui a eu la chance de le diriger. Dès le départ, il connaissait le clan Huberdeau, parce que son frère aîné, Sébastien, avait aussi porté les couleurs des Vikings en 2006 et en 2007.

Même si son physique n’était pas le plus développé, le joueur de 15 ans s’est rapidement établi comme l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. « Nos vétérans repêchés dans la LHJMQ venaient me voir pour me demander de jouer avec lui », souligne M. Thériault.

Ce qui se dégageait davantage de Jo, et qui le caractérise toujours, est le plaisir incommensurable qu’il a à jouer au hockey. Toutefois, il pense aussi que le milieu dans lequel il a été élevé a grandement favorisé sa réussite.

« Je ne me gêne pas de le dire, au-delà de son talent indéniable, c’est beaucoup sa famille qui explique son succès. Ses parents sont des gens simples, humbles, terre à terre et reconnaissants. Jonathan est comme ça. »

— Dave Thériault, ancien entraîneur de Jonathan Huberdeau

Pour expliquer ce qu’il entend par là, M. Thériault a rappelé une expérience que la famille Huberdeau lui a fait vivre. Au repêchage de la LNH de 2011, au Minnesota, M. Thériault et le propriétaire des Vikings voulaient assister à l’encan, parce que c’était la première fois qu’un ancien joueur de l’équipe allait être repêché au premier tour.

« Jonathan l’a su et il nous a invités avec sa famille. On a été dans la loge des Panthers après, on a pris des photos, ç’a été un super beau moment. Comme entraîneur, on n’a pas souvent de tapes dans le dos, mais ça, c’en a été une belle ! »

Alexandre Beauregard

coéquipier chez les Sea Dogs de Saint-Jean

Alexandre Beauregard est un ami de longue date du frère aîné de Jonathan Huberdeau et il a eu la chance de jouer à ses côtés lorsque les Sea Dogs de Saint-Jean ont gagné la Coupe Memorial en 2011. Huberdeau avait connu la meilleure saison de sa carrière junior avec 105 points en 67 matchs. Malgré tout, il n’a jamais été influencé par la pression extérieure : « Jo était notre meilleur joueur et avant les matchs, on allait juste jouer au ballon, on riait, on faisait des niaiseries. Ça n’a jamais été un travail ou une corvée pour lui. Il n’a jamais eu la grosse routine, il ne s’est jamais pris trop au sérieux. »

Cependant, pour Beauregard, Huberdeau n’était pas seulement le meilleur joueur de la LHJMQ. Il était plutôt l’ancienne mascotte de son équipe atome.

« J’ai commencé à jouer avec Seb dans le novice et l’année après, dans l’atome, quand Jo avait environ 5 ans, il était la mascotte de l’équipe. Il était là pendant l’échauffement et on faisait un cri d’équipe avec lui. »

— Alexandre Beauregard, ancien coéquipier de Jonathan Huberdeau

Les deux sont encore aujourd’hui de très proches amis, ils s’entraînent ensemble l’été. C’est pourquoi Beauregard ne se gêne pas pour affirmer qu’il trouve dommage que son camarade soit encore autant sous-estimé. Huberdeau l’a invité avec d’autres amis au match des Étoiles à Vegas en février et la bande avait été stupéfaite de constater que leur ami n’était sur aucune affiche promotionnelle aux côtés des plus grandes vedettes de la ligue, même si à ce moment, il était le meilleur pointeur du circuit.

« Honnêtement, ça me fâche plus que Jo lui-même. […] On trouvait que ça n’avait aucun sens qu’il ne soit pas là, c’est fâchant. Mais là, au moins, on commence à en parler, mais il n’est vraiment pas reconnu à sa juste valeur. »

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