Un bonbon de Québec pour l’Halloween

Les enfants pourront célébrer l’Halloween en allant de porte en porte, beau temps, mauvais temps, a annoncé le gouvernement Legault. Une décision qui ne fait cependant pas l’unanimité, car elle est jugée risquée par des experts en santé. Alors que le Québec a franchi le cap des 6000 morts de la COVID-19, les autorités laissent entrevoir un temps des Fêtes en famille et entre amis... bien différent.

Du porte-à-porte qui ne fait pas l’unanimité

Le gouvernement provincial a annoncé jeudi que la fête de l’Halloween aurait lieu, beau temps, mauvais temps. « C’est tellement important pour les enfants et ce ne fut pas facile pour eux dans les derniers mois », a dit le premier ministre du Québec, lors d’une conférence de presse à Montréal.

Bien conscient qu’il y a un certain risque à célébrer cette fête, même si tout se passe à l’extérieur, M. Legault a posé deux conditions : les jeunes doivent faire du porte-à-porte avec les gens de leur résidence seulement et les personnes qui donnent des bonbons doivent observer une distance de deux mètres avec les enfants déguisés.

« Les spécialistes nous disent que lorsqu’il y a un contact de plus de 15 minutes, il y a plus de risque. Je ne pense pas que ça prenne 15 minutes, donner des bonbons. »

— François Legault, défendant sa décision

« Soyez ingénieux ! », a lancé le premier ministre aux adultes qui remettront des friandises. Par exemple, il suggère de mettre de petits sacs de bonbons dans un panier pour que les enfants se servent eux-mêmes, bien entendu les uns après les autres.

Pour les plus grands, il faudra attendre en 2021 pour organiser une fête d’Halloween costumée (ou pas). « Pas de party pour les adultes » cette année, a lancé M. Legault.

Décision risquée

Même si c’est à l’extérieur et que les jeunes portent des masques, Roxane Borgès Da Silva, experte en santé publique, a du mal à comprendre la décision de François Legault. « Je comprends que le gouvernement ne veut pas brimer les enfants, mais ça m’inquiète particulièrement dans les quartiers populaires où le nombre d’enfants est impressionnant. Il n’y aura pas de file d’attente, les gens se croisent… je suis inquiète. » La professeure à l’Université de Montréal a déjà averti ses enfants qu’ils n’allaient pas sortir de leur résidence, le soir de l’Halloween. « On sera créatifs, on fera peut-être une chasse aux bonbons, mais à la maison. »

À Amos et Rouyn-Noranda, où l’on avait déjà annoncé que le traditionnel porte-à-porte du 31 octobre ne serait pas permis cette année, les maires des deux villes d’Abitibi-Témiscamingue ont dit ne pas avoir l’intention de revenir sur leur décision. D’autant que la majorité de leurs citoyens approuvent leur choix, affirment-ils.

« Je ne me vois pas leur dire que, même si je leur dis à longueur de semaine d’être prudents, on fait une exception pour l’Halloween. Il y a très peu de cas ici et je ne veux pas que ça change.  »

— Sébastien D’Astous, maire d’Amos

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, a rappelé que sa région était en zone jaune. « Et je comprends que la couleur de l’Halloween est l’orange, mais on préfère rester dans le jaune. » Depuis le début de la pandémie, la ville n’a rapporté que 159 cas confirmés de COVID-19, a-t-elle précisé.

L’Halloween, un test pour Noël

Il importe de préciser que le nombre de cas de COVID-19 chez les enfants est plutôt faible. Certains pourraient trouver rassurant qu’on recense en moyenne une cinquantaine de cas par jour chez les moins de 10 ans, ce qui est nettement moins que chez leurs aînés.

Parmi eux, on retrouve le chef de service des soins intensifs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le DFrançois Marquis, un adepte de la première heure de l’Halloween. À son avis, même si les Québécois font ça « tout croche » le 31 octobre, ce sera seulement pour un soir et avec un « groupe moins à risque », c’est-à-dire les enfants. « Alors que pour le temps des fêtes, ce sera sur deux semaines et avec la population à risque. »

Chaque année, il estime que c’est environ 2500 petits monstres qui cognent aux portes des résidences de sa rue. Pas question pour lui d’annuler l’événement. Il suffit d’être créatif pour respecter les mesures sanitaires. Pour garder une distance avec les jeunes, il songe par exemple à créer une glissade à bonbons en forme de tête de dragon.

« Pour le gouvernement, c’est une belle pratique pour le temps des fêtes. C’est une belle façon de voir si nous sommes assez disciplinés », explique le médecin que les téléspectateurs peuvent voir dans De garde 24/7 à Télé-Québec.

À propos de Noël, le premier ministre a d’ailleurs déclaré qu’il comprenait que pour les Québécois, « ce ne serait pas agréable de ne pas voir nos amis et familles ». Mais François Legault avertit déjà les citoyens : il faut « oublier les gros partys ».

Même s’il est trop tôt pour s’avancer sur les mesures sanitaires qui seront déployées à la fin décembre, M. Legault a évoqué la possibilité de permettre le rassemblement de groupes de 6 ou de 10 personnes. Mais les rassemblements de plus d’une centaine de personnes, comme les traditionnels « partys de bureau », seront quant à eux assurément interdits.

Manifestation antimasque devant le domicile d’Horacio Arruda

Une vingtaine de militants antimasques ont marché jusqu’au domicile du directeur national de santé publique Horacio Arruda, jeudi soir à Sainte-Thérèse, en prétendant vouloir lui souhaiter « bonne fête ». Sauf que le principal intéressé affirme que ce n’est même pas son anniversaire. « Il y en a qui ne sont pas ici, parce qu’il y a des gens qui travaillent dans l’ombre. Mais je peux vous assurer qu’on est une estie de grosse gang », a laissé tomber l’un d’eux dans un porte-voix, en lançant aux membres du groupe qu’ils étaient « de vrais patriotes ». Plusieurs voitures de la Régie intermunicipale de police Thérèse-De Blainville (RIPTB) étaient sur place afin d’assurer la sécurité. Les policiers n’ont pas eu à intervenir, la marche n’ayant finalement causé aucun débordement. Le Dr Arruda, lui, avait été informé jeudi après-midi qu’une manifestation aurait lieu en soirée devant sa résidence. « Ce n’est pas mon anniversaire. C’est une erreur de Wikipédia », a-t-il d’ailleurs rappelé à La Presse en début d’après-midi. M. Arruda a souligné que le droit de manifester est important dans une démocratie. « Par contre, je trouve que lorsqu’on va manifester devant les gens, dans leur vie privée, ce n’est pas adéquat. Ne serait-ce que par respect pour mes voisins, surtout si la manifestation se termine mal, avec du saccage ou autre », a-t-il dit. « J’invite les gens à manifester, mais dans des lieux publics », a-t-il ajouté.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

COVID-19

Le Québec franchit le cap des 6000 morts

Le Québec a franchi jeudi le cap des 6000 morts liés à la pandémie. Depuis sept jours seulement, on a déploré 64 décès de personnes infectées par la COVID-19, toutes âgées de plus de 60 ans.

La province a rapporté jeudi 29 décès et 969 nouveaux cas confirmés de COVID-19. Mais ce qui retient l’attention, c’est les 6005 morts maintenant inscrits au bilan québécois et l’âge de ces derniers.

En conférence de presse, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a affirmé que les personnes âgées étaient sa « grande préoccupation ». « Il y a des cas de COVID dans 32 CHSLD, sur un total d’un peu plus de 400 CHSLD. Pour moi, c’est déjà trop. C’est sûr que c’est ça qu’on surveille tous les jours. »

Le nombre d’hospitalisations au Québec a augmenté de 5 par rapport à la veille, avec un cumul de 493 ; 83 personnes étaient aux soins intensifs, ce qui représentait une augmentation de 3 par rapport à la veille.

François Legault a déclaré que le fait que le Québec « reste sur le plateau d’environ 1000 cas depuis une bonne semaine » est bien vu, mais que « ce n’est pas assez ». Il faut continuer de diminuer le nombre de cas, a mentionné le premier ministre du Québec.

François Legault a souligné qu’il fallait que les Québécois gardent en tête que la pandémie touche bien des pays dans le monde. En comparant le nombre de nouveaux cas dans la province à ceux d’autres pays, citant les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, il a voulu montrer que la situation était mieux maîtrisée au Québec. « Lorsqu’on se compare, on se console », a lancé M. Legault.

La comparaison de l’évolution de la COVID-19 avec ces États permet de constater que la France et le Royaume-Uni avaient réussi à « casser la courbe » des cas confirmés plus rapidement que le Québec au printemps. Les deux connaissent toutefois une deuxième vague beaucoup plus forte. Après avoir initialement freiné la première vague, les États-Unis ont connu un important rebond cet été. Une nouvelle vague printanière se fait également sentir plus fort qu’au Québec.

La lumière sur les transferts

À propos des dizaines de citoyens habitant dans des résidences privées pour personnes âgées du Québec et atteintes de la COVID-19 qui ont été transférées dans des CHSLD pour être soignées, dont ceux de la Résidence des Berges à Boucherville et du Manoir Plaza à Montréal, le ministre de la Santé a affirmé que la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, allait faire la lumière sur le sujet.

« Mme Blais discute avec notre personnel pour voir si c’est la meilleure façon de faire. On a essayé de limiter le plus possible ces déplacements-là dans la première vague, mais je pense qu’on doit trouver une autre solution. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

En ce qui concerne les « sites non traditionnels » qui pourraient recevoir ces patients, le ministre de la Santé a expliqué que « si on avait énormément de personnel, je vous dirais qu’ils seraient déjà rendus là ». Puisque ce n’est pas le cas et que la situation ne le requiert pas, l’ouverture de ce type d’établissement de santé n’est pas éminente. « On n’est pas encore rendus à en avoir besoin », a-t-il conclu.

Un cas de COVID-19 confirmé au bingo de Saint-Jean-sur-Richelieu

Une personne ayant participé à la soirée de bingo du 4 octobre dernier qui avait rassemblé 250 personnes à Saint-Jean-sur-Richelieu a reçu un diagnostic de COVID-19. La direction de santé publique de la Montérégie invite donc tous les gens qui étaient présents à cette soirée, tenue au 186, rue Saint-Joseph, à passer un test de dépistage. Jusqu’à maintenant, aucun autre cas positif n’a été confirmé. « Toutefois, en raison du nombre important de personnes présentes et du fait que des personnes plus vulnérables peuvent avoir fréquenté cet endroit, nous recommandons ce dépistage par mesure de précaution », écrit la Santé publique dans un communiqué. Une unité mobile de dépistage sera présente dès vendredi, de 10 h à 16 h, au Quality Hotel du Centre des congrès, au 725, boulevard du Séminaire Nord. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas caché son irritation contre les responsables du bingo : « Je crois que c’est un manque de jugement. […] S’il vous plaît, utilisez votre jugement. » Il espère que le bingo ne devienne pas le « nouveau karaoké », une référence à la soirée tenue au bar Kirouac, à Québec, en août dernier, à l’origine d’une éclosion de nouveaux cas de COVID-19 qui a fait au moins un mort. « Ce qui est encore pire, avec un bingo, est que ça se fait avec des gens âgés, plus vulnérables. » « Les bingos, ce n’est pas permis », a spécifié M. Dubé.

— Ariane Lacoursière et Véronique Lauzon, La Presse

Le Québec n’est pas en confinement, assure Legault

Le premier ministre François Legault a tenu à remettre les pendules à l’heure : aucune région du Québec n’est confinée. « On est très, très, très loin du confinement du printemps. »

François Legault a commencé sa conférence de presse jeudi en martelant que personne n’était actuellement en confinement au Québec, malgré les mesures restrictives. Et bien que les restrictions imposées initialement pour 28 jours risquent d’être prolongées, le premier ministre estime que ces mesures sont nettement moins strictes que le couvre-feu imposé en France depuis mercredi.

À la fin septembre, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a mis en place de nouvelles restrictions, d’une durée d’au moins 28 jours, pour casser la deuxième vague, dont la fermeture des bars et restaurants en zone rouge.

Alors que le Québec est à mi-chemin de ce « défi », François Legault a tenu à préciser que personne n’était totalement confiné.

« Ce que nous avons fait n’a rien à voir avec ce que nous avons fait en mars et avril. Ce que nous avons fait est de fermer, dans les zones rouges, les bars, restaurants, salles de spectacle et certains sports collectifs. Nous avons aussi demandé aux gens de ne pas recevoir de visite dans leur maison », a dit M. Legault.

« Oui, ce sont des mesures dures, mais ça n’a rien à voir avec la fermeture complète des écoles et des entreprises qu’on a vue au printemps », a-t-il ajouté.

Pas de couvre-feu

Le premier ministre du Québec n’a pas caché qu’une partie des mesures risquaient d’être prolongées après les fameux 28 jours. Pour l’instant, il affirme qu’il n’envisage pas d’ajouter d’autres mesures. Et surtout, il a tenu à préciser qu’il était hors de question d’en venir à imposer au Québec un couvre-feu, comme en France.

« Je rassure les Québécois, ce n’est pas du tout dans nos intentions de mettre un couvre-feu », a fait savoir M. Legault, en faisant référence à la France qui a annoncé mercredi que des couvre-feux seraient imposés dès samedi pour un mois.

Des mesures pourraient tout de même disparaître à la fin d’octobre. Pour le premier ministre du Québec, il serait important de redonner aux jeunes le droit de pratiquer des sports d’équipe.

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