Le gouvernement provincial a annoncé jeudi que la fête de l’Halloween aurait lieu, beau temps, mauvais temps. « C’est tellement important pour les enfants et ce ne fut pas facile pour eux dans les derniers mois », a dit le premier ministre du Québec, lors d’une conférence de presse à Montréal.
Bien conscient qu’il y a un certain risque à célébrer cette fête, même si tout se passe à l’extérieur, M. Legault a posé deux conditions : les jeunes doivent faire du porte-à-porte avec les gens de leur résidence seulement et les personnes qui donnent des bonbons doivent observer une distance de deux mètres avec les enfants déguisés.
« Les spécialistes nous disent que lorsqu’il y a un contact de plus de 15 minutes, il y a plus de risque. Je ne pense pas que ça prenne 15 minutes, donner des bonbons. »
— François Legault, défendant sa décision
« Soyez ingénieux ! », a lancé le premier ministre aux adultes qui remettront des friandises. Par exemple, il suggère de mettre de petits sacs de bonbons dans un panier pour que les enfants se servent eux-mêmes, bien entendu les uns après les autres.
Pour les plus grands, il faudra attendre en 2021 pour organiser une fête d’Halloween costumée (ou pas). « Pas de party pour les adultes » cette année, a lancé M. Legault.
Décision risquée
Même si c’est à l’extérieur et que les jeunes portent des masques, Roxane Borgès Da Silva, experte en santé publique, a du mal à comprendre la décision de François Legault. « Je comprends que le gouvernement ne veut pas brimer les enfants, mais ça m’inquiète particulièrement dans les quartiers populaires où le nombre d’enfants est impressionnant. Il n’y aura pas de file d’attente, les gens se croisent… je suis inquiète. » La professeure à l’Université de Montréal a déjà averti ses enfants qu’ils n’allaient pas sortir de leur résidence, le soir de l’Halloween. « On sera créatifs, on fera peut-être une chasse aux bonbons, mais à la maison. »
À Amos et Rouyn-Noranda, où l’on avait déjà annoncé que le traditionnel porte-à-porte du 31 octobre ne serait pas permis cette année, les maires des deux villes d’Abitibi-Témiscamingue ont dit ne pas avoir l’intention de revenir sur leur décision. D’autant que la majorité de leurs citoyens approuvent leur choix, affirment-ils.
« Je ne me vois pas leur dire que, même si je leur dis à longueur de semaine d’être prudents, on fait une exception pour l’Halloween. Il y a très peu de cas ici et je ne veux pas que ça change. »
— Sébastien D’Astous, maire d’Amos
La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, a rappelé que sa région était en zone jaune. « Et je comprends que la couleur de l’Halloween est l’orange, mais on préfère rester dans le jaune. » Depuis le début de la pandémie, la ville n’a rapporté que 159 cas confirmés de COVID-19, a-t-elle précisé.
L’Halloween, un test pour Noël
Il importe de préciser que le nombre de cas de COVID-19 chez les enfants est plutôt faible. Certains pourraient trouver rassurant qu’on recense en moyenne une cinquantaine de cas par jour chez les moins de 10 ans, ce qui est nettement moins que chez leurs aînés.
Parmi eux, on retrouve le chef de service des soins intensifs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le Dr François Marquis, un adepte de la première heure de l’Halloween. À son avis, même si les Québécois font ça « tout croche » le 31 octobre, ce sera seulement pour un soir et avec un « groupe moins à risque », c’est-à-dire les enfants. « Alors que pour le temps des fêtes, ce sera sur deux semaines et avec la population à risque. »
Chaque année, il estime que c’est environ 2500 petits monstres qui cognent aux portes des résidences de sa rue. Pas question pour lui d’annuler l’événement. Il suffit d’être créatif pour respecter les mesures sanitaires. Pour garder une distance avec les jeunes, il songe par exemple à créer une glissade à bonbons en forme de tête de dragon.
« Pour le gouvernement, c’est une belle pratique pour le temps des fêtes. C’est une belle façon de voir si nous sommes assez disciplinés », explique le médecin que les téléspectateurs peuvent voir dans De garde 24/7 à Télé-Québec.
À propos de Noël, le premier ministre a d’ailleurs déclaré qu’il comprenait que pour les Québécois, « ce ne serait pas agréable de ne pas voir nos amis et familles ». Mais François Legault avertit déjà les citoyens : il faut « oublier les gros partys ».
Même s’il est trop tôt pour s’avancer sur les mesures sanitaires qui seront déployées à la fin décembre, M. Legault a évoqué la possibilité de permettre le rassemblement de groupes de 6 ou de 10 personnes. Mais les rassemblements de plus d’une centaine de personnes, comme les traditionnels « partys de bureau », seront quant à eux assurément interdits.