Claque inédite pour Trump au Congrès
Washington — Le Congrès américain a infligé vendredi une humiliation inédite à Donald Trump en contournant, à une très large majorité, son veto à l’énorme budget de la Défense.
La majorité des élus républicains ont joint leurs voix à celles des démocrates, défiant leur chef au crépuscule de son mandat, pour adopter ce budget de 740 milliards de dollars américains (environ 940 milliards de dollars canadiens).
En quatre ans à la Maison-Blanche, Donald Trump a utilisé à neuf reprises son droit de veto contre des textes de loi adoptés dans les deux chambres. Jusqu’ici, le Congrès n’avait jamais réussi à atteindre la majorité des deux tiers nécessaire pour le contourner.
Lors d’une séance exceptionnelle tenue le 1er janvier, le Sénat est parvenu à obtenir cette majorité avec 81 voix pour et 13 contre. Comme la Chambre des représentants avait fait de même lundi, le texte est définitivement adopté.
Cette claque intervient alors que les élus républicains sont de plus en plus nombreux à reconnaître la défaite de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre, qu’il ne concède toujours pas lui-même.
Anticipant ce refus, le milliardaire avait dénoncé en début de semaine un « leadership républicain faible et fatigué ».
Face à cette attaque, le chef des sénateurs républicains, Mitch McConnell, n’a pas cédé, appelant ses troupes à « assumer leurs responsabilités » envers le Pentagone.
« Il s’agit d’assurer que nous restions dans la course face à nos concurrents comme la Russie et la Chine. C’est aussi l’occasion de rappeler à nos soldats et à leurs familles qu’ils ont notre soutien. »
— Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat
Confédérés
Fruit de longues négociations, le texte prévoit notamment une hausse de 3 % des salaires du personnel de la Défense.
Comme il est coutume depuis plus d’un demi-siècle, le texte avait été adopté début décembre à des majorités écrasantes par la Chambre des représentants – à majorité démocrate –, et le Sénat, contrôlé par les républicains.
Mais Donald Trump avait annoncé le 23 décembre qu'il imposait son veto, provoquant la consternation jusque dans son camp.
Il avait jugé le texte trop favorable à la Chine et s’était élevé contre la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu pour la défense de l’esclavage durant la guerre de Sécession (1861-1865).
Il lui reprochait également de ne pas inclure l’abolition d’une loi, dite « article 230 », protégeant le statut juridique des réseaux sociaux, qu’il accuse d’être biaisés contre lui.
Le texte contrecarre aussi le projet de Donald Trump de réduire la présence militaire américaine en Allemagne, en imposant un délai d’au moins 120 jours avant une telle mesure, si bien qu’aucun retrait américain ne pourrait intervenir avant la prise de fonctions de son successeur, Joe Biden, le 20 janvier.
Chèque
Donald Trump, qui s’est toujours présenté comme un roi de la négociation, a subi vendredi un autre revers.
Il n’est pas parvenu à convaincre Mitch McConnell de présenter, dans un vote, sa demande de porter à 2000 $ le montant d’une aide aux foyers américains, aujourd’hui fixée à 600 $, destinée à amortir l’impact économique de la pandémie.
Sa proposition avait pourtant reçu le soutien des démocrates, qui ont insisté vendredi pour la soumettre au vote. Mais M. McConnell a jugé qu’il s’agissait de « socialisme pour riches », puisque le chèque irait aussi « à des foyers qui n’ont pas perdu d’emploi ou de revenu ».
Concentré sur sa croisade postélectorale, Donald Trump n’a pas réagi dans l’immédiat à ces camouflets. À la place, il a multiplié les tweets pour inviter ses partisans à manifester le 6 janvier à Washington, quand le Congrès entérinera sa défaite face à Joe Biden.
« Nous avons LARGEMENT gagné ! », a-t-il écrit en promettant qu’« une grande quantité de preuves » seraient présentées lors de ce rassemblement.
Pour l’heure, ces « preuves massives » régulièrement promises n’ont jamais été rendues publiques et les tribunaux ont systématiquement rejeté les recours du président.