Mon clin d'œil

« Il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre pour accéder au Conseil des ministres. »

— François Legault

Échelle de notation des critiques culturelles

Un système paternaliste

Je voudrais profiter du fait que l’on ait attribué dans La Presse la note de 8,5 à la dernière pièce de théâtre à laquelle j’ai participé (Le fils, de Florian Zeller, présentée au vénérable Théâtre du Rideau Vert) pour décrier cette nouvelle échelle de notation que le milieu des arts et de la littérature doit subir ; ainsi on ne pourra pas m’accuser d’être porté par un sentiment de vengeance ou par une quelconque frustration.

Je tiens à réitérer que j’ai choisi un moyen d’expression où il est possible que deux fois deux égalent neuf (malheureusement sauf dans nos rapports administratifs) et je trouve personnellement dommage et déplorable que l’on quantifie d’une manière aussi infantilisante des travaux de création avant de les qualifier avec analyse, intelligence et sensibilité avec des mots, des impressions et des idées. Alors que dans les écoles, on encourage de plus en plus le fait de laisser tomber les notes chiffrées, les A et les E, au profit d’une étude plus approfondie des particularités de chacun et chacune et d’un accompagnement plus sensible, voilà que l’on attribue et réduit des gestes artistiques avec une appréciation basée sur un système de notes tout aussi risible et paternaliste que les étoiles que nous subissons depuis déjà trop longtemps.

L’art n’est pas une allée de bowling où six quilles sont tombées et quatre demeurent en réserve ; je ne compte pas des buts, ne jouant contre personne ; mon taux de saturation d’oxygène dans le sang m’informe adéquatement sur mon état de santé et j’ai bien assez de chiffres dans ma vie sans en subir dans mon rôle de créateur. Mon métier est d’inventer des mondes où l’on veut croire que tout est encore possible et où seize divisé par trois égalent mille soleils.

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