Sport automobile et développement durable

Une course vers l’avenir

Le sport automobile est une industrie énorme, appréciée par des millions de personnes dans le monde entier. Mais il n’est pas sans incidence sur l’environnement. C’est pourquoi certaines entreprises s’efforcent aujourd’hui de développer pour les sports mécaniques des sources de carburant durables qui ne nuisent pas à l’environnement.

Pendant des années, la voiture de course a été alimentée par un carburant fabriqué à partir de restes fossilisés de plantes et d’animaux. Pour l’avenir, on souhaite tendre davantage vers des carburants à base d’hydrocarbures non fossiles (mélange de composants synthétiques et de biocarburants) qui seront compétitifs et qui pourront offrir des performances élevées tout en étant neutres pour le climat.

C’est notamment le souhait de PerkinElmer, une entreprise américaine située au Massachusetts qui, en collaboration avec l’entreprise allemande P1 Racing Fuels, travaille fort ces années-ci pour offrir des carburants entièrement renouvelables.

L’objectif est à la fois simple et noble : garantir la réduction des émissions de CO2 tout en assurant les mêmes performances que le carburant actuel, et pour une somme semblable.

À l’heure des essais sur pistes

Il faut dire, de prime abord, que le milieu du sport automobile a toujours été un terrain fertile pour faire éclore des innovations. Un peu partout dans le monde, il est fréquent que des technologies soient testées sur des pistes de course avant de gagner nos véhicules et de profiter aux usagers de la route.

Le monde du sport automobile constitue donc actuellement un lieu d’expérimentation sérieux pour le biocarburant. Après des années de travail, PerkinElmer et P1 Racing Fuels étaient impatientes de tester leur produit, ce qu’elles font ces années-ci.

En fait, les deux entreprises avaient hâte de trouver une occasion de montrer leurs résultats, mais elles étaient aussi enthousiastes à l’idée de démontrer comment la science peut parvenir à rapprocher les amateurs de performances sportives et les environnementalistes, deux univers jusque-là très peu compatibles, on en conviendra.

À la lumière des premiers essais, les résultats semblent concluants.

Trois évènements procèdent à l’expérimentation

Jusqu’à maintenant, sur la scène internationale, trois circuits ont accepté que l’on essaie le produit sur leurs pistes.

En Europe, on l’a d’abord fait au WTCR-FIA World Touring Car Cup et, cette année, l’essence verte est utilisée sur des pistes de la série du Championnat du monde des rallyes FIA, des courses qui se déroulent un peu partout dans le monde la majeure partie de l’année.

En matière de rallye, on parle ici du plus haut niveau de compétition au monde. Il n’est donc pas banal qu’on utilise ces carburants sans fossile dans ce championnat pour alimenter les moteurs haute performance.

Le troisième lieu d’expérimentation est particulièrement intéressant du fait qu’il se trouve tout près de nous.

En effet, pour la toute première fois en Amérique du Nord, c’est au Québec qu’on a testé cette essence verte au cours de l’été, plus précisément au Grand Prix de Trois-Rivières.

Le fait est que la direction du GP3R était en contact avec P1 Racing Fuel, qui essayait de trouver une façon de l’utiliser dans le cadre de l’évènement trifluvien. La direction du Grand Prix a trouvé une oreille attentive chez le promoteur de la course Défi urbain, qui a joué d’audace en l’utilisant dans un cadre compétitif.

À l’été, on a donc importé 200 L de ce carburant, on a utilisé le produit dans un banc d’essai, histoire de voir ce qu’il valait, et le résultat a été surprenant. Le tout, sans qu’aucune modification soit apportée aux moteurs.

En voilà une belle audace, quand on sait que plusieurs séries de compétition n’ont pas osé tenter l’expérience. D’ailleurs, du côté des États-Unis, même la série NASCAR en est encore à l’étape d’étudier la viabilité du produit...

Personnellement, je crois que ce nouveau carburant constitue une belle solution de rechange pour effectuer le virage vert que nous souhaitons tous et qui, visiblement, ne se fera pas totalement par le passage à la batterie. Des biocarburants comme celui-ci devraient constituer un atout considérable pour le virage écologique en course automobile, et, éventuellement, sur nos routes. Avec la recherche et le développement, ce que nous considérions comme impensable aujourd’hui sera possible demain. C’est une question de faire les bons compromis.

Qui sait, au cours des prochaines années, peut-être verrons-nous le drapeau à damier flotter sur un champ de voitures alimentées par des biocarburants ou des hybrides ? Pour le pilote en moi, il est clair que gagner des courses avec des énergies vertes, c’est un bien bel idéal et le genre de défi que le sport automobile aime relever.

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