DeepSight

Formation augmentée

L’innovation

Une plateforme logicielle qui permet de créer, à partir de modèles 3D, du contenu en réalité augmentée pour la formation en entreprise.

Qui ?

Francis Dubé, un informaticien montréalais qui a notamment fait un stage de quatre mois chez Microsoft en 2016, a l’idée de créer son propre « moteur de jeu » pour créer du contenu en réalité augmentée. Un ami d’enfance, Nicolas Bearzatto, bachelier en commerce de HEC Montréal, se joint à lui pour fonder DeepSight en 2018. Un troisième complice, Louis-Antoine Genin-Brien, les rejoint.

L’idée de départ s’est quelque peu transformée : au lieu d’offrir ce « moteur » à des développeurs, on vise dorénavant les entreprises qui veulent mettre sur pied des outils de formation en utilisant la réalité augmentée. C’est que les plateformes logicielles les plus utilisées, Unity et Unreal, « sont des moteurs de Ferrari, alors que les lunettes de réalité virtuelle sont des Corolla », résume Louis-Antoine Genin-Brien, aujourd’hui vice-président, ventes et marketing, de DeepSight. MM Bearzetto et Dubé sont respectivement PDG et chef de la technologie de cette entreprise qui compte une douzaine d’employés.

Le produit

« Dans le secteur industriel pour lequel on travaille, il y a un paradoxe dans le transfert de connaissances, souligne d’entrée de jeu Louis-Antoine Genin-Brien. Il y a de moins en moins d’experts, alors que le nombre d’employés à former est de plus en plus élevé. » Pour pallier cette pénurie de mentors pour la formation en usine, les entreprises recourent souvent à des documents papier, au mieux des tablettes.

La solution de DeepSight : créer des outils de formation utilisant la réalité augmentée.

L’employé à former porte un casque HoloLens, qui permet d’ajouter à son environnement des éléments graphiques créés de toutes pièces, photos et vidéo. Il peut interagir avec du contenu affiché, par exemple pour répondre à des questions permettant de s’assurer qu’il a bien compris la leçon.

« On a développé un produit que nos clients utilisent de façon autonome, à partir d’une plateforme sans code, qui ressemble à PowerPoint et pour laquelle la formation n’est que de six heures », explique M. Genin-Brien.

DeepSight facture 25 000 $ pour l’implantation de cette formation, qui dure six mois et pour laquelle l’entreprise va créer un premier contenu. Ce sera ensuite aux responsables de l’entreprise de créer les suivants. DeepSight facture 850 $ par mois par lunette de réalité augmentée, une HoloLens achetée au coût de 4800 $. Le produit comprend trois modules : DS Studio pour la création de contenu, DS Holo pour visualiser et manipuler les informations, et DS Console pour les statistiques de formation.

La jeune entreprise compte une dizaine d’entreprises importantes dans son portfolio, notamment Galderma, Bridgestone, Agnico Eagle et Lavergne.

Les défis

Arriver sur le marché avec une façon de faire qui représente un changement radical pour certains clients est le principal défi auquel DeepSight fait face, estime M. Genin-Brien. « La technologie qu’on vend est méconnue, elle est souvent confondue avec la réalité virtuelle. Plusieurs entreprises ont essayé des formations en réalité virtuelle, qui demande de recréer un environnement et donne la nausée à certains ; elles ont frappé un mur. Notre plus gros défi est d’éduquer les gens par rapport à la réalité augmentée. »

Il faut en plus convaincre l’entreprise cliente de changer certaines façons de faire pour tirer profit de ce qu’offre DeepSight. « Les gens sont habitués à consulter des informations sur des tablettes, en 2D, et là on arrive avec des informations dans des formats 3D. C’est une gestion assez complexe. »

L’avenir

Plusieurs développements technologiques sont en chantier. On veut notamment permettre une interconnexion dans les systèmes utilisés par une entreprise, qu’un employé qui, par exemple, assemble une pièce mette à jour les stocks, ou que les formations suivies soient automatiquement consignées à sa fiche.

L’autre innovation qui fait saliver, c’est de pouvoir utiliser l’intelligence artificielle pour noter, corriger et analyser les tâches effectuées avec une HoloLens devant les yeux. « C’est tout un défi, mais ce n’est pas si terrible, ce sont des photos statiques, explique le vice-président. On aimerait par exemple permettre de prendre une photo et qu’un message s’affiche si tes mains ne sont pas bien placées. »

Si les activités sont concentrées au Québec, l’expansion vers l’Ontario et aux États-Unis, en particulier dans la ville de Mobile, en Alabama, est prévue à court terme. « On est en discussions très avancées », précise M. Genin-Brien.

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