OPINION

INVESTISSEMENT POUR LES ÉLÈVES VULNÉRABLES Quelle part du gâteau aux services d’orientation ?

« Gardez espoir, la cavalerie s’en vient ! » Voilà le message lancé par le ministre Jean-François Roberge, hier, lors de l’annonce d’un investissement récurrent de 70 millions pour venir en aide aux 225 000 élèves vulnérables au Québec.

À l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ), nous considérons cette annonce comme une nouvelle positive. Toutefois, nous sommes impatients d’obtenir les détails au sujet du budget qui sera consacré aux services d’orientation.

Nous ne pouvons que nous réjouir de l’annonce d’un plancher minimal de services pour les élèves dans toutes les écoles du Québec, une mesure qui est réclamée depuis si longtemps. À ce titre, nous avons publié une lettre d’opinion dernièrement pour souligner à quel point l’accès à des services d’orientation est difficile pour les élèves qui en ont besoin, et ce, en temps opportun. Nous faisions alors référence aux élèves ayant des besoins particuliers et aussi aux élèves plus doués.

Un service pour tous

L’accompagnement en orientation est aussi bénéfique pour tous les élèves. Il permet d’aller au-delà des outils d’information scolaire et des listes de métiers en pénurie de main-d’œuvre. Pensons seulement à l’anxiété qui est souvent générée par la pression, encore bien présente, liée à l’idée qu’il ne faut pas se tromper, qu’il faut faire « le » bon choix. Une telle anxiété ne favorise pas une prise de décision éclairée chez les élèves. Les laisser sans accompagnement dans cette situation les rend encore plus vulnérables.

En ce sens, nous souhaitons rappeler le rôle crucial des conseillers d’orientation dans le développement de l’identité et de la réussite de tous les élèves.

Selon le ministre Roberge, « les 225 000 élèves considérés vulnérables au Québec sont handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA). Si rien n’est fait, 150 000 d’entre eux ne décrocheront pas leur premier diplôme ». Est-ce qu’obtenir un diplôme est la seule chose qui compte ici ? Trouver un sens à ses études à travers un projet d’avenir, c’est la base de la motivation et de la persévérance scolaires, et c’est une base solide qui aide à préparer les transitions futures.

Il y a quelques mois, le ministre lui-même mentionnait que, « pour rester accroché, il faut avoir un objectif, il faut avoir un but. Et s’il n’y a pas de suivi personnalisé avec un conseiller d’orientation, c’est dur de rester accroché ». À cela, nous souhaitons ajouter que, depuis 2012, le Code des professions du Québec a redéfini le champ de pratique des professionnels en santé mentale et en relations humaines, dont celui des conseillers d’orientation, et leur a réservé des activités professionnelles auprès des personnes plus vulnérables.

L’une des quatre activités réservées aux conseillers d’orientation implique un travail de collaboration avec les autres professionnels du milieu scolaire (p. ex. : psychologues, psychoéducateurs, orthophonistes) dans le cadre de la détermination d’un plan d’intervention pour les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA). Ainsi, les services d’orientation font partie, intégralement, de l’ensemble des services professionnels indispensables à la réussite de ces élèves.

L’annonce faite par le ministre s’adresse aux élèves vulnérables, mais rappelons que les services d’orientation devraient être disponibles pour tous les élèves du Québec. Tout comme l’enseignement a pour but ultime de former de futurs citoyens éclairés, les services d’orientation permettent aux élèves de se projeter vers l’avenir en attribuant un sens à leur parcours scolaire, en misant sur le développement de leur identité et de leurs ressources personnelles, et en caressant un projet qui leur ressemble, qui leur est cher. 

Alors, les élèves auront-ils un meilleur accès aux services d’orientation, des services auxquels ils ont droit au sein du système public d’éducation ?

Au-delà du diplôme, c’est aussi à la qualité de l’avenir professionnel de nos futurs concitoyens qu’il faut s’attarder. Est-ce que produire une certaine quantité de diplômés doit être le but ultime ? Ou s’agit-il plutôt d’accompagner et de former la relève afin que les jeunes deviennent des citoyens et des travailleurs accomplis, en cohérence avec ce qu’ils sont réellement ?

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