COMMANDITÉ

ÉCRAN DE LA FIN

Vrai attentat, fausse victime

Cédric Rey peut décrire l’attentat du Bataclan avec précision : le bruit de la fusillade (« un bruit de caisse claire ») ; la kalachnikov pointée vers lui ; la femme enceinte qui, présente au mauvais endroit au mauvais moment, a finalement pris les balles à sa place... Le témoignage poignant de cet ambulancier a été relayé notamment dans Le Monde, Libération et Ouest-France.

Petit bémol : Cédric Rey a tout inventé.

Pendant plusieurs mois, cet homme dans la mi-vingtaine s’est fait passer pour une victime. Il est même allé jusqu’à organiser un « apéro-thérapie » pour Life for Paris, une association de personnes directement touchées par les événements (dont il était membre actif).

Ce n’est qu’un an plus tard que les autorités ont découvert la supercherie, après qu’il eut demandé par deux fois, sans preuve suffisante, des indemnités auprès d’un fonds dédié aux victimes d’actes terroristes.

Trahi par son cellulaire, qui a traqué ses allées et venues le soir de l’attentat, il a finalement été condamné à deux ans de prison pour escroquerie en décembre dernier. Sa défense ? « Je m’étais trop enfoncé [dans mes mensonges] pour revenir en arrière. » Rendu là, on peut dire ça, oui.

Obi-Wan serait pas fier

S’il y a un domaine où on ne s’attend pas à rencontrer de menteurs, c’est bien celui des arts martiaux. Leurs adeptes semblent tous à la recherche d’une vérité, tant à l’intérieur d’eux que sur les tatamis. Et dans un film, y a rien comme un personnage de sensei pour incarner l’honneur et la sagesse (♥ M. Miyagi).

Mais l’affaire avec les arts martiaux, c’est qu’il y en a une trâlée, et ils ne sont pas tous bien définis. C’est donc assez facile pour les vendeurs de mauvais rêves de s’improviser une expertise. Il y a même un mot pour ces disciplines inventées ou enseignées tout croche : le bullshido.

Un site Internet américain du même nom répertorie d’ailleurs depuis plus d’une décennie les « McDojo », ces écoles frauduleuses qui demandent le gros prix pour finalement ne pas inculquer grand-chose. Ça va de l’école de quartier qui enseigne des techniques vaseuses jusqu’aux gourous qui poussent le bouchon pas mal plus loin. Comme Tom Cameron, un instructeur de karaté de l’Illinois. Pendant des années, il a prétendu être capable d’assommer un adversaire sans même le toucher, d’où son surnom de « Human Stun Gun ». Lorsqu’une journaliste lui a demandé d’utiliser sa technique sur elle, il en a bien sûr été incapable. Malgré cette démonstration d’inaptitude, ses étudiants ont continué de le suivre, convaincus d’avoir accès à un savoir « interdit ».

Mon ami le mytho

On a tous déjà rencontré un dude de type « Serge le mytho ». Vous savez, celui qui raconte toujours ses aventures douteuses, qui « name-droppe » ses amis-célébrités et qui ment comme il respire, mais dont les mensonges ne bernent personne ?

Eh bien, Serge le mytho, c’est le personnage interprété par le comédien français Jonathan Cohen. Apparu pour la première fois dans la websérie humoristique française Bloqués (créée par la gang de Bref), Serge a été tellement populaire qu’il a eu sa propre websérie éponyme de 30 épisodes, laquelle a connu un immense succès. Un long métrage serait maintenant dans les plans. Faut dire que c’est quand même hilarant de voir l’acteur improviser ses monologues éclatés et improbables dans un verlan semi-ironique, devant des collègues qui ont parfois du mal à retenir un sourire. Ça donne presque envie d’avoir un mythomane comme ami.

La question à 100 000 $

Vous souvenez-vous de The Moment of Truth ? Diffusée il y a 10 ans à FOX (où d’autre ?), cette émission figure dans tous les bons palmarès des 5 pires téléréalités de l’histoire, avec les makeovers extrêmes de The Swan ainsi que Boy Meets Boy, un genre de Bachelor dans lequel la moitié des participants faisaient semblant d’être gais, hahaha.

Avant l’émission, chaque concurrent de The Moment of Truth répondait à des questions hyper intimes en étant branché sur un polygraphe (mais sans en voir les résultats). Une fois les caméras allumées, l’animateur posait de nouveau ses questions, et le participant devait répondre la vérité — comme l’avait détecté le polygraphe. Chaque bonne réponse faisait grossir la cagnotte, tandis qu’un mensonge valait l’expulsion.

Avec un concept comme ça, c’est pas les malaises qui manquaient. La palme revient tout de même à Lauren Cleri, une femme de 26 ans qui, pour 100 000 $, a avoué à des millions de téléspectateurs — de même qu’à son mari et à sa famille, tous présents sur le plateau — qu’elle était infidèle. Pour 100 000 $ de plus, elle a aussi reconnu qu’elle aurait préféré être mariée à son ex. Sauf qu’après, à la question « êtes-vous une bonne personne ? », elle a répondu « oui ». Mais le polygraphe, lui, avait dit non. Fait qu’elle a perdu tout l’argent. Et, quelques semaines plus tard, son mari. Only in America, folks.

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